Parcours de l' oeuvre de Krzysztof Penderecki

par Jacques Amblard

Durant les annĂ©es soixante, Penderecki s’attache notamment, de façon singuliĂšre, Ă  l’effectif de l’orchestre Ă  cordes. C’est d’ailleurs ThrĂšne Ă  la mĂ©moire des victimes d’Hiroshima (1960) qui lance dĂ©finitivement le compositeur dans sa carriĂšre internationale. Il y a lĂ , tout d’abord, quelque « inclination instrumentale polonaise ». Sinfonietta (1956) de Serocki, Funeral music (1956-1958) de Lutoslawski, Symphony for strings and percussions (1959) de Gorecki, ou encore Monosonata (pour 24 instruments Ă  cordes solistes) de Boguslaw SchĂ€ffer magnifient toutes presque seulement les instruments Ă  archet1.
À ceux-ci, Penderecki avait dĂ©jĂ  confiĂ© ses Emanations2 en 1958. Mais il faut attendre la cĂ©lĂšbre ThrĂšne pour qu’il Ă©labore son Ă©criture caractĂ©ristique des cordes. C’est elle qu’on retrouvera, assez peu changĂ©e, dans le premier Quatuor (1960), dans Polymorphia (1961) et Canons (1962). L’écriture renonce aux portĂ©es et autres notations classiques, et s’attache au seul critĂšre du timbre. Sons et bruits sont dĂ©sormais esthĂ©tiquement Ă©gaux. Penderecki emploie force clusters. Il s’agit « d’accords » modernes et particuliĂšrement dissonants qui rassemblent des notes trĂšs proches, ce qui engendre des frottements particuliĂšrement sĂ©vĂšres. L’apprĂ©hension de toute note finit par disparaĂźtre et c’est un timbre global, singuliĂšrement amplifiĂ©, qu’on entend, d’autant plus radical et strident, dans ThrĂšne, que le cluster y est volontiers choisi dans l’aigu. VarĂšse commençait Ă  employer de petits clusters de quelques demi-tons consĂ©cutifs, dans la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle, lui aussi dĂ©jĂ  pour dĂ©montrer son attachement au seul timbre des instruments et pour ce faire pour « annuler les hauteurs » en faisant frotter celles-ci les unes contre les autres. Penderecki, et la jeune Ă©cole polonaise ont connu – ne serait-ce qu’indirectement – ce type de prĂ©cĂ©dent varĂ©sien, ou peut-ĂȘtre celui des AmĂ©ricains Ives et Cowell, musiciens de lĂ©gĂšrement moindre envergure peut-ĂȘtre, mais qui avaient employĂ© les clusters de façon plus franche encore, Ă  la mĂȘme Ă©poque que VarĂšse et mĂȘme lĂ©gĂšrement auparavant.

Le « cri d’horreur » initial de ThrĂšne, particuliĂšrement saisissant, et celui-lĂ  mĂȘme qui a offert Ă  Penderecki sa premiĂšre cĂ©lĂ©britĂ©, est un cluster de cordes dans l’aigu jouĂ© le plus fortement possible. C’est un cluster en quarts de tons et non plus seulement en demi-tons comme dans la premiĂšre moitiĂ© du siĂšcle, donc plus « abrasif » encore. Voici un geste « radical moderne » dans sa plus simple expression : c’est bien lĂ  d’ailleurs ce qui semble le talent de Penderecki – qu’il partage sans doute avec Ligeti – que de prĂ©senter des « nouveautĂ©s techniques ou esthĂ©tiques » comparables Ă  celles de ses contemporains, mais d’une façon plus Ă©vidente, emblĂ©matique.
ThrĂšne, Ɠuvre « bruitiste » comme un an plus tard Polymorphia, fait aussi entendre de trĂšs caractĂ©ristiques « sirĂšnes » d’instruments Ă  cordes : les sons Ă©voluent non sur des Ă©chelles de notes, mais selon des glissades continues (des « glissandos »). Les « bruits de sirĂšnes » ainsi engendrĂ©s instillent une impression d’alarme claire, Ă©videmment expressive. On peut y retrouver les sirĂšnes chĂšres Ă  VarĂšse, celles qui rĂ©sonnent dĂ©jĂ  dans AmĂ©riques (1918-1921), puis Ionisation (1928). VarĂšse les employait pour les mĂȘmes raisons (l’annulation de la note, notamment des notes sĂ©parĂ©es arbitrairement par l’échelle tempĂ©rĂ©e en demi-tons) Ă  ceci prĂšs qu’il introduisait dans l’orchestre de rĂ©elles sirĂšnes Ă  manivelle. Au-delĂ , il est impossible de ne pas penser au cĂ©lĂšbre Metastasis (1954) de Xenakis, oĂč rĂ©sonnent dĂ©jĂ  des clusters de cordes mais aussi de vastes mouvements d’éventails glissĂ©s. Il est possible que Penderecki ait eu vent, au moins indirectement, de cette Ɠuvre. Peu avant ThrĂšne, il Ă©crivait ainsi ses Anaklasis (1959-1960) qui rappellent plus encore Metastasis, par leur Ă©criture ou ne serait-ce que leur effectif d’orchestre Ă  cordes muni de percussions, sans mĂȘme parler de leur nom philhellĂšne.

Anaklasis entĂ©rine la rupture dĂ©finitive avec la premiĂšre Ă©criture sĂ©rielle d’étudiant. Cependant, trois dĂ©cennies encore, le compositeur pourra choisir certains thĂšmes qui, pour ĂȘtre des sĂ©ries dodĂ©caphoniques au sens strict (employant dans leurs douze notes les douze demi-tons de l’échelle tempĂ©rĂ©e), n’en Ă©volueront pas moins selon une esthĂ©tique diffĂ©rente. Car les autres plans sonores n’obĂ©iront Ă  aucune logique sĂ©rielle. Et l’esthĂ©tique sera parfois mĂȘme tonale : de mĂȘme Richard Strauss, dans « De la science », extrait d’Ainsi parlait Zarathoustra (1896), pouvait dĂ©jĂ  choisir une « sĂ©rie » pour sujet de fugato, dans un langage demeurant pourtant romantique.
On retrouve dans Anaklasis, outre l’univers xĂ©nakien, la « micropolyphonie » de Ligeti. Sans parler d’influence, on peut gager que les deux compositeurs Ă©voluent de façon parallĂšle. Ils utilisent des idĂ©es qui « sont dans l’air du temps ». Dans Apparitions (1958-1959) ou AtmosphĂšres (1961), donc exactement Ă  la mĂȘme Ă©poque, le Hongrois choisit lui aussi une Ă©criture des pupitres extrĂȘmement divisĂ©e, des canons multipliĂ©s presque jusqu’au phĂ©nomĂšne de gĂ©nĂ©ralisation statistique, des clusters et globalisations des paramĂštres de hauteurs, donc des « notes approximatives », si l’on veut. Simplement, Ligeti conserve, lui, le systĂšme de notation traditionnelle.

Mais le rĂšgne du degrĂ©, pour ces compositeurs, a vĂ©cu. Place dĂ©sormais au « geste », plus global. Si l’on souffre cette mĂ©taphore mathĂ©matique, on ne s’attache plus Ă  la fonction, mais seulement Ă  sa dĂ©rivĂ©e. Surtout, et comme dans des Ɠuvres comparables de Xenakis, ce sont de nouveaux et saisissants effets de masse qui sont recherchĂ©s. « L’esthĂ©tique chambriste » de la modernitĂ©, celle du Marteau sans maĂźtre de Boulez (1954), issue de Pierrot lunaire (1912) de Schoenberg, que mĂȘme Stravinsky – pourtant d’abord auteur de grands chefs-d’Ɠuvre pour vaste orchestre tels le Sacre du printemps de 1913 – avait adoptĂ©e, semble ĂȘtre abandonnĂ©e.
On retrouve gĂ©nĂ©ralement, dans les Ɠuvres ultĂ©rieures de Penderecki, un mĂȘme goĂ»t pour le gigantisme, d’autant plus Ă  partir de Fluorescences (1962), premiĂšre Ɠuvre Ă  s’autoriser l’octroi des vents, et donc « piĂšce pour grand orchestre » proprement dite. Les vents, eux aussi, sont alors volontiers groupĂ©s en clusters et Ă©voluent de façon « globale ».

Une seconde Ă©tape dans la carriĂšre de Penderecki semble franchie lorsque le musicien Ă©labore un nouveau style vocal. Dans le Stabat mater (1962) puis surtout la Passion selon saint Luc (1965-1966), l’éternelle inspiration de la liturgie – de façon naturelle chez ce musicien croyant –, semble justifier, comme souvent au cours de l’histoire de la musique, un relatif « retour esthĂ©tique ». Si les clusters y demeurent parfois, notamment appliquĂ©s aux chƓurs, certains numĂ©ros des Ɠuvres apparaissent sinon tonals, du moins « polaires » : une simple note, un « socle », est souvent identifiable. La note sol semble le centre des numĂ©ros 1, 6, 11 et 13 de la Passion. Sous ses pieds, l’auditeur sent Ă  nouveau ainsi le « sol » traditionnel de la musique, en quelque sorte. Et mĂȘme si l’harmonie tonale reste absente, on en termine par des accords parfaits (tels de glorieux indicateurs de la fin). Les choristes ou chanteurs solistes retrouvent des Ă©chelles tempĂ©rĂ©es en demi-tons et des lignes conjointes : vocales.
Ceci s’applique mĂȘme aux cordes graves qui inventent leur futur archĂ©type pendereckien : volontiers en mouvement chromatique, lentes, isolĂ©es du reste de l’effectif, souvent seules au dĂ©but de l’Ɠuvre, comme dans l’exposition sombre d’un sujet de fugue dans le grave. Ceci fera tout l’intĂ©rĂȘt, encore, de la passacaille de la TroisiĂšme symphonie (1988-95). Son dĂ©but sĂ©pulcral Ă©trennera sombrement le film de Scorsese Shutter island (2010). On y retrouve l’univers noir de Chostakovitch. D’ailleurs cette passacaille ne rĂ©pond-elle pas Ă  celle de la huitiĂšme symphonie du Russe (1943) ?

Surtout, Penderecki invente une Ă©criture chorale religieuse : elle aussi puissamment emblĂ©matique, exemplaire. Il distille l’essence, le timbre de cette musique Ă©ternelle en accentuant la fascination de ses graves et ainsi de ses pompes : dans le In pulverem mortis de la Passion, le chƓur des basses tient en pĂ©dale la note la plus grave dont il est capable (un rĂ©). Bourdonne alors quelque « mystique sĂ©pulcrale » Ă  l’effet comparable Ă  ces ultra graves entonnĂ©s Ă  l’unisson par les moines tibĂ©tains. Au-delĂ , au dĂ©but de la Passion, les tutti de chƓurs fortissimo sont soulignĂ©s non seulement par les cuivres les plus tonitruants, mais aussi par les graves du pĂ©dalier des orgues en plein jeu, puis de gigantesques clusters Ă  l’instrument d’église : Penderecki magnifie la puissance sonore paradoxalement terrifiante, «l’effet d’outre-tombe» des Ɠuvres d’église. Cet effet «gothique» sourdait dĂ©jĂ  dans les Passions et grands piĂšces d’orgue de Bach puis dans les requiems classiques et romantiques.
L’écriture des chƓurs, quand elle abandonne les accords de douze sons, ou Ă  l’opposĂ©, les accords tonals de trois sons, choisit parfois, souvent, de simples quintes Ă  vide, voire unissons – encore Ă  la fin du Dies illa (2014). Elle engendre ainsi un effet de cruditĂ© mĂ©diĂ©vale, rappelant les Carmina burana (1936) de Carl Orff, d’autant plus dans la nuance forte souvent choisie. Ce « lyrisme gothique » Ă  la Orff parcourra bien des Ɠuvres vocales ultĂ©rieures, notamment le chef-d’Ɠuvre Ecloga VIII de 1972 ou, mĂȘme en version quasi nĂ©o-tonale, jusqu’aux premiĂšres accords des chƓurs sombres, graves, de Dies illa (2014).

Mais quelle « version quasi nĂ©o-tonale » ? Voilà : Ă  la fin des annĂ©es 1970, montrant encore une « exemplarité » dans ses choix, Penderecki a pris clairement le tournant postmoderniste. Dans l’opĂ©ra Paradise lost (1976-1978), le Concerto pour violon (1976-1977) ou encore la Symphonie n° 2, le langage devient subitement un exemple clair de post-romantisme. Penderecki, homme apparemment – si l’on veut – « simple et sincĂšre » et dĂšs lors Ă©ventuellement « radical », choisit soudain une harmonie et des lignes chromatiques wagnĂ©riennes, ou plus prĂ©cisĂ©ment – plus gravement, sombrement – Ă  la Chostakovitch.
Au dĂ©but des annĂ©es 1980, enfin, aprĂšs cette violente antithĂšse postmoderne, il fait la synthĂšse de ses deux premiers styles et peut juxtaposer – plutĂŽt que toujours bien « mĂ©langer » – les parties ici tonales, lĂ  atonales et crissant de clusters. Si les opĂ©ras, comme Le masque noir (1984-86) ou Ubu roi (1990-1991), pousseront surtout la partie atonale, ponctuellement, comme pour suivre l’exemple noir-expressionniste de Berg, cette dialectique (tonalitĂ© versus atonalitĂ©), certes un peu apaisĂ©e, dynamisera encore le Concerto pour accordĂ©on (2017). Auparavant, le fameux Requiem polonais (1980-1984) tĂ©moigne dĂ©jĂ  de cette pĂ©rilleuse macro-synthĂšse. Il y intĂšgre son prĂ©alable Lacrimosa (1980), tonal et straussien, et dont « l’archĂ©type de cordes graves en Ă©volution lente et chromatique », Ă©voquĂ© plus haut, semble avoir finalement contaminĂ© toutes les parties. Cette piĂšce, typique, est devenue comme le symbole d’une Pologne musicienne Ă©plorĂ©e, pleureuse des morts, symbole qu’on retrouve dans la cĂ©lĂ©brissime TroisiĂšme symphonie du compatriote Gorecki (1976), Ă  la mĂ©moire des victimes de la Shoah. Ce symbole sembla suffisamment fort, prĂ©gnant, pour que Penderecki Ă©crive, jusque deux ans avant sa mort, un Lacrimosa n°2 (2018).
Ce Lacrimosa Ă©tait une commande de Solidarnoƛć. Il montre bien ce qu’aura Ă©tĂ© l’Ɠuvre de Penderecki, une Ɠuvre ancrĂ©e dans l’histoire politique de son pays. Les cuivres y furent souvent prĂ©sents, comme en grandes pompes officielles, jusqu’à la Fanfare pour la Pologne indĂ©pendante (2018). Ce fut aussi celle d’un Polonais ancrĂ© dans sa culture catholique, fervente, persistante, et dĂšs lors souvent trĂšs volontiers vocale et liturgique, phĂ©nomĂšne singulier au sein d’un XXe siĂšcle plutĂŽt matĂ©rialiste et scientiste, au point que rares furent les contemporains, tels Messiaen et PĂ€rt, qui ont pu rivaliser avec le Polonais en matiĂšre d’illumination religieuse chrĂ©tienne.
Cette Ɠuvre solennelle privilĂ©giait les grandes formes, les effectifs gigantesques, xĂ©nakiens. Elle prĂ©sentait de grands emblĂšmes. Ce souci de clartĂ© favorisait les contrastes et poussait, par exemple, les aigus dans ThrĂšne et autres piĂšces pour orchestre Ă  cordes ultĂ©rieures, les graves dans les piĂšces liturgiques. Cette Ɠuvre morale (puisque religieuse), didactique, exemplaire, conquit un large public. Elle prĂ©senta, voire expliqua, aussi bien que celle de Ligeti, la modernitĂ© musicale au monde. Antoine GolĂ©a Ă©voque ThrĂšne, donnĂ©e en novembre 1962, salle Pleyel, par l’Orchestre de la Radiodiffusion de Varsovie : « les auditeurs [dont de nombreux jeunes] l’ont tellement bien supportĂ©e qu’ils l’ont bissĂ©e ; c’était le vĂ©ritable grand public2 ».

Partant, le musicien, certes surtout au siĂšcle prĂ©cĂ©dent, jouit d’un succĂšs et d’honneurs considĂ©rables, rares pour un compositeur – la moitiĂ© du temps – atonal. Certaines instances politiques, qui semblaient elles-mĂȘmes s’ĂȘtre rĂ©solues Ă  la « nĂ©cessitĂ© de la rĂ©volution atonale », semblĂšrent lui savoir grĂ© de leur avoir « facilité » l’écoute de cette « modernitĂ© nĂ©cessaire ».
Rappelons, pĂȘle-mĂȘle, que Penderecki reçut le Prix de l’Unesco en 1961, une commande de l’ONU, ou du pourtant conservateur Festival de Salzbourg, que son Concerto pour violon, son Second Concerto pour violoncelle, furent crĂ©Ă©s respectivement par Stern et Rostropovitch, que Ronald et Nancy Reagan lui Ă©crirent personnellement pour l’anniversaire de ses cinquante ans, qu’il eut droit aux chaleureuses fĂ©licitations de son certes compatriote, le pape Jean-Paul II. Avançons encore qu’outre son aspect spirituel, solennel, et donc particuliĂšrement agrĂ©able, voire utile aux politiques en tant que catalyseur de grands rassemblements populaires, son Ɠuvre eut le mĂ©rite singulier, non seulement de s’expliquer elle-mĂȘme, par son sens du choix, mais de se thĂ©Ăątraliser, ce qui ne signifie pas exactement se vendre.
Ne donnons qu’un exemple. La violence des clusters aigus concernait nombre d’Ɠuvres de la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, notamment un obscur 8’37’’ – par allusion au 4’33 de Cage (1952) – d’un non moins obscur et jeune « Penderecki ». L’Ɠuvre et notamment sa partition, a priori, pouvaient paraĂźtre Ă  ce point Ă©sotĂ©riques que la douane polonaise y a cherchĂ© quelque rapport d’espionnage en langage codĂ©. C’est alors que ce compositeur peu connu a rebaptisĂ© son Ɠuvre ThrĂšne Ă  la mĂ©moire des victimes d’Hiroshima. Elle fut alors remarquĂ©e et bientĂŽt recommandĂ©e par l’Unesco.

Ainsi, le compositeur s’est placĂ© du cĂŽtĂ© du public et des instances politiques, donc du point de vue de la rĂ©ception de la modernitĂ© dĂ©rangeante. Le public y entendait du chaos ? DĂšs lors, il semblait simple de rappeler ce chaos dans le titre et de faire ainsi, de cette Ɠuvre bientĂŽt cĂ©lĂšbre, une gigantesque catharsis du chaos du monde. Penderecki, coup de maĂźtre, composait avec « l’horizon d’attente du public », selon la recommandation du philosophe Jauss3, en mĂȘme temps qu’il justifiait l’idĂ©e d’Adorno selon laquelle, aprĂšs les horreurs de la seconde guerre mondiale, l’art ne pourrait plus jamais se montrer affirmatif4.

  1. Pour plus de dĂ©tails, voir l’ouvrage de Barbara Malecka-Contamin, Krzysztof Penderecki. Style et matĂ©riaux, Paris, KimĂ©, 1997.
  2. « Le public devant certains aspects de la musique contemporaine », in Pour une sociologie de la musique contemporaine, Semaines Musicales Internationales de Paris, 1962, p. 15.
  3. Concept central de Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, Gallimard, 1978.
  4. « Une culture ressuscitée aprÚs Auschwitz est un leurre et une absurdité. », Theodor Widesmund Adorno, « Les fameuses années vingt », in ModÚles critiques : interventions, répliques, Paris, Payot, 2003, p. 59.
© Ircam-Centre Pompidou, 2008

sources

Parcours Ă©crit en 2008, revu en 2022.



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