Messiaen naĂźt dans un univers littĂ©raire : sa mĂšre, CĂ©cile Sauvage, est poĂ©tesse, elle Ă©crit en attendant sa naissance LâĂme en bourgeon, recueil que Messiaen jugera dĂ©terminant pour sa destinĂ©e ; son pĂšre, angliciste et intellectuel prolifique, traduit Shakespeare. De sa premiĂšre enfance, Messiaen retient les montagnes du DauphinĂ©, oĂč il retournera rĂ©guliĂšrement, le thĂ©Ăątre de Shakespeare, et la dĂ©couverte de Mozart, Gluck, Berlioz et Wagner au travers des partitions dâopĂ©ra quâil demande en cadeau.
Il entre en 1919 au Conservatoire National SupĂ©rieur de Musique de Paris, oĂč il Ă©tudie lâorgue et lâimprovisation, mais aussi le piano et la percussion, le contrepoint et la fugue, lâaccompagnement au piano, lâhistoire de la musique, la composition. Ses maĂźtres sont Paul Dukas, Maurice Emmanuel et Marcel DuprĂ©.
Sa carriĂšre dâorganiste dĂ©bute en 1931 : Messiaen est nommĂ© titulaire du grand orgue CavaillĂ©-Coll de lâEglise de la TrinitĂ©, poste quâil occupera pendant toute sa vie. Cette activitĂ© dâorganiste liturgique est motivĂ©e par la foi qui occupe une place essentielle dans son univers. Musicien catholique se disant nĂ© croyant, toutes les Ćuvres de Messiaen, religieuses ou non, sont un acte de foi ; les titres de ses Ćuvres illustrent cet aspect esthĂ©tique qui recouvre lâĆuvre entier tant quâil permet de le comprendre, dâApparition de lâEglise Ă©ternelle aux Ăclairs sur lâAu-DelĂ , en passant par La transfiguration de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ ou les MĂ©ditations sur le mystĂšre de la Sainte-TrinitĂ©.
DĂšs 1934 dĂ©bute lâactivitĂ© pĂ©dagogique de Messiaen : professeur lâĂcole normale de musique et Ă la Schola Cantorum jusquâen 1939, il sera nommĂ© en mai 1941 professeur dâharmonie au Conservatoire de Paris ; il y enseignera jusquâĂ sa retraite en 1978, devenant en 1947 professeur dâanalyse, et professeur de composition en 1966. Son enseignement est cĂ©lĂšbre pour avoir attirĂ© successivement plusieurs gĂ©nĂ©rations de jeunes compositeurs ayant constituĂ© lâavant-garde europĂ©enne et internationale (citons Boulez, Stockhausen, Xenakis, Amy, Tremblay, Grisey, Murail, LĂ©vinas, ReverdyâŠ). Cet appĂ©tit de transmission se mesure dans les publications thĂ©oriques (Vingt Leçons dâHarmonie, Technique de mon langage musicalet le monumentalTraitĂ© de rythme, de couleur et dâornithologie) qui prĂ©sentent les recherches de Messiaen. Ses apports se situent dâune part dans le domaine du rythme (quâil considĂšre comme la partie primordiale et peut-ĂȘtre essentielle de la musique) Ă la faveur de son Ă©tude de la mĂ©trique grecque, desdĂ©cĂź-talas hindous et neumes du plain-chant, et dâautre part dans le domaine du langage mĂ©lodico-harmonique par lâinvention de modes Ă transpositions limitĂ©es et dâaccords complexes crĂ©ant une musique colorĂ©e, le son-couleur.
Les annĂ©es cinquante inaugurent une nouvelle Ăšre dans lâĆuvre de Messiaen, marquĂ©e par un nouvel ascĂ©tisme (Quatre Etudes de rythme, Livre dâorgue) et par lâomniprĂ©sence dans son univers compositionnel du monde des oiseaux (RĂ©veil des oiseaux, Oiseaux exotiques, Catalogue dâoiseaux) pour lesquels Messiaen se passionne, dĂ©veloppant une vĂ©ritable science ornithologique, ainsi quâune virtuositĂ© dans la notation de leurs chants. En 1962, Messiaen se marie avec la pianiste Yvonne Loriod qui aura Ă©tĂ© sa principale interprĂšte dĂšs le milieu des annĂ©es 40, et aura suscitĂ© une littĂ©rature abondante oĂč le piano prend une place essentielle, seul (Vingt Regards sur lâEnfant-JĂ©sus) ou comme soliste dialoguant avec des formations Ă gĂ©omĂ©tries variables (Trois petites liturgies de la PrĂ©sence Divine, TurangalĂźla-Symphonie, Sept HaĂŻkaĂŻ, Des canyons aux Ă©toilesâŠ) Son unique opĂ©ra, Saint-François dâAssise, crĂ©Ă© en 1983, constitue le testament musical de Messiaen, synthĂšse dâune vie de recherche dans les domaines du rythme, de la couleur et de lâornithologie et placĂ©e sous le signe de la foi catholique.