Il a fait ses études musicales avec Sekles à Francfort et avec Alban Berg à Vienne ; puis il enseigne à l’Université de Francfort. Il se consacre alors principalement à la critique musicale, comme rédacteur en chef de la revue musicale viennoise Anbruch (1928-1931). Il est le conseiller musical de Thomas Mann pour son roman Doktor Faustus, dont le héros est inspiré de la personnalité d’Arnold Schoenberg.

En 1934, il part pour Oxford, puis émigre aux Etats-Unis ; il fait des recherches dans le domaine radiophonique à Princeton University (1938-1941), puis s’installe en Californie. En 1949, il retourne en Allemagne, où il dirige l’Institut für Sozialforschung de Francfort, et participe activement aux Cours d’été de Darmstadt où il est la référence philosophique de la musique sérielle renaissante. Il rencontre et conseille alors tous les compositeurs de ce mouvement : Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Luigi Nono… Il publie de nombreux essais sur la nouvelle musique, son esthétique et sa sociologie, notamment : Philosophie de la Nouvelle Musique, Introduction à une Sociologie de la Musique, et des essais remarquables sur Alban Berg, Arnold Schoenberg, Richard Wagner, ainsi que des écrits plus littéraires.

Adorno a exercé une profonde influence sur la philosophie musicale et l’esthétique, appliquant les doctrines de Karl Marx et les technique psychoanalytique de Freud à l’analyse du fait musical. Si son oeuvre écrite est maintenant bien connue en France (encore que partiellement traduite), sa musique a souffert de la renommée du philosophe : auteur de lieder, d’oeuvres orchestrales, chorales, d’un magnifique Quatuor à cordes, d’orchestrations de pièces de Schumann, elle est largement inédite, et peu exécutée. Ainsi par exemple, deux magnifiques Trios à cordes (de 1922 et ca. 1930), montrant successivement l’influence de Hindemith et celle de Berg, ont été retrouvés dans ses archives, et créés seulement en 1994 à Darmstadt à l’occasion d’un colloque poru célébrer le vingt-cinquième anniversaire de sa mort.Même si elle n’a jamais l’originalité de sa pensée philosophique, ni la personnalité de son style littéraire, la musique d’Adorno mérite d’être découverte.

© Ircam-Centre Pompidou, 1997


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