Parcours de l'œuvre de Frank Zappa

par Réjean Beaucage

Frank Zappa est l’un des créateurs américains les plus importants de la seconde moitié du vingtième siècle. Artiste polyvalent et extrêmement prolifique, il compte un catalogue de plusieurs centaines de titres 1 couvrant un vaste éventail de genres, de la musique populaire à la musique savante. Doté d’une personnalité farouchement indépendante (il se définira, du point de vue politique, comme un « Practical Conservative » [conservateur pragmatique 2]), il était compositeur, parolier et interprète (principalement à la guitare) des œuvres qu’il créait avec son propre ensemble, qu’il dirigeait et dont il réalisait, dans son studio, les enregistrements qu’il distribuait le plus souvent sous son propre label. Assurant également, en quelque sorte, le « service après vente », il a donné tout au long de sa carrière une quantité impressionnante d’entrevues grâce auxquelles il s’est affirmé comme un critique virulent de la société américaine en général et de la culture de masse en particulier. À la fin de sa vie, il caressait la perspective d’une entrée dans le monde de la politique active.

Si l’attitude critique de Zappa peut être mise en lien avec le courant du Pop Art, le compositeur est surtout connu pour avoir été l’une des figures de proue de la scène « freak », un terme qui souligne la marginalité, celui qui choisit de se définir comme tel se plaçant de lui-même à l’extérieur de la société, dont il refuse de partager les valeurs. L’œuvre de Zappa cultive un éclectisme tous azimuts caractérisé par une constante mise en relation d’éléments contradictoires, le compositeur comparant souvent sa façon de composer (une pièce, un programme, etc.) aux réalisations du sculpteur américain Alexander Calder, qui, dans ses « mobiles », pouvait mettre en équilibre un gros élément léger et une petite pièce très dense. Faisant fi de toute hiérarchie de valeur, Zappa aura mêlé selon ce principe tout au long de sa vie les esthétiques les plus diverses pour construire au final une œuvre singulière qui affiche une fidélité sans faille à sa continuité conceptuelle propre, en dépit de sa nature hétéroclite.

Les fondations

Il serait impossible de juger du catalogue de Zappa en isolant une œuvre en particulier, voire une période, et le compositeur considérait lui-même l’ensemble de sa production (concerts, enregistrements, écrits, entrevues, réalisations cinématographiques, etc.) comme faisant partie d’un tout, d’une seule grande œuvre traversée de reprises et de variations sur des thèmes récurrents, concept qu’il nommait « Projet/Objet ». En 1971, dans un texte publié dans Circular 3, il écrivait : « Les fondations ont été établies en 1962-1963. Les expérimentations préliminaires ont eu lieu dans le première moitié de 1964. La construction du projet/objet a débuté à la fin de 1964. L’œuvre est toujours en cours d’élaboration. »

Ces fondations, bien sûr, s’appuient sur l’éducation personnelle de Zappa, un mélomane qui porte un intérêt égal aux explorations timbrales d’un Edgard Varèse ou aux techniques de jeu d’un Johnny “Guitar”  Watson, et qui s’émerveille devant la virtuosité et l’humour qui peuvent cohabiter à merveille dans l’interprétation d’une œuvre classique arrangée par Spike Jones pour ses City Slickers. En 1962, Zappa a déjà joué comme guitariste au sein des Boogie Men (1961), des Masters (1961), et de Joe Perrino & The Mellotones (1961-1962), des ensembles qui n’interprètent jamais de matériel original, et dont le répertoire dégoute à ce point le jeune musicien qu’il ne touchera plus à son instrument durant près d’un an. À la fin de 1960, Zappa est embauché au Pal Recording Studio, où il peut découvrir les secrets du studio d’enregistrement, un « instrument » dont il maîtrisera bientôt toutes les subtilités ; on reconnaîtera tout au long de sa carrière sa grande virtuosité comme réalisateur.

Parallèlement, Zappa se fait connaître comme compositeur à travers des musiques de films (The World’s Greatest Sinner et Run Home, Slow, voir la biographie), ou en étant invité à participer à la très populaire émission de télé de Steve Allen en dirigeant l’orchestre-maison dans une improvisation intitulée Concerto For Two Bicycles, Pre-Recorded Tape & Instrumental Ensemble (mars 1963). Quelques semaines plus tard, il organise un concert de ses musiques expérimentales (19 mai 1963) dont le programme donne quelques indices sur ses influences à l’époque :
• I. Variables II for Orchestra
• II. Variables I for Any Five Instruments
• III. Opus 5, for Four Orchestras
• IV. Rehearsalism
• V. Three Pieces of Visual Music with Jazz Group

Ce concert a été diffusé en direct par la station KPFK (Los Angeles) et sur les enregistrements on peut entendre Zappa présentant, par exemple, une pièce en expliquant que « le pianiste peut jouer ces fragments dans l’ordre qu’il choisit et il peut improviser librement en le faisant ». Durant la période de discussion qui suit le concert, il est question de John Cage et d’Edgard Varèse, qui demeureront pour Zappa de grandes influences (comme Stravinsky et Webern), et le jeune compositeur explique candidement, en réponse à une question sur ce qu’il pense des « grands maîtres de la musique » :

« Je ne connais absolument rien au sujet des compositeurs d’avant le vingtième siècle. J’ai un parcours musical assez inhabituel. En fait, il est presque nul. Je me suis enseigné moi-même ce que je sais sur la musique. Mes goûts personnels et ce que j’écoute en général ne comptent pas beaucoup de musique tonale de ce genre. Mais je peux vous dire que je suis un grand amateur de rhythm’n’blues et que j’aime le rock & roll. Et j’aime la musique folk. Mais je n’aime pas Schubert, et je n’aime pas Brahms, et ce genre de choses. Je n’aime pas beaucoup Beethoven non plus 4. »

En 1964, Zappa dirige un trio de rhythm’n’blues qui s’appelle The Muthers puis, en 1965, un quintette nommé The Soul Giants et qui devient bientôt un quartette, rebaptisé Captain Glasspack & His Magic Mufflers. Enfin, le 9 mai 1965, le groupe choisit officiellement le nom The Mothers.

L’époque des Mothers

C’est ici que débute véritablement la carrière publique de Zappa ; l’homme a déjà à 24 ans une bonne connaissance du fonctionnement du marché de la musique, et s’il a déjà compris qu’une grande majorité de public ne partage pas ses goûts pour les musiques expérimentales, il n’a pas pour autant renoncé à en composer, au contraire. Il cherchera d’ailleurs tout au long de sa vie à « éduquer » son public 5 en lui faisant découvrir les grands compositeurs qu’il admire ; dans le même ordre d’idée, il établira une distanciation brechtienne par un constant dialogue avec son public, pour anéantir l’espace entre la salle et la scène, entre le « grand musicien » et son public.

Habitant la côte Ouest des États-Unis au moment où la jeunesse occidentale commence à se faire remarquer par les décideurs du monde du showbusiness grâce à l’explosion du mouvement hippie, Zappa et ses acolytes profitent d’une conjonction très favorable à la dissémination de leurs musiques en concert et sur disque. Freak Out! (1966), le tout premier album de son ensemble rebaptisé The Mothers of Invention, est double 6 et il contient déjà presque tout ce qui fera la marque du compositeur : des parodies de chansons populaires (Go Cry On Somebody Else’s Shoulder), des critiques virulentes de la société américaine (Hungry Freaks, Daddy), des variétés de blues laissant une bonne place à la guitare (Trouble Every Day) et des musiques expérimentales hautement contemporaines (The Return Of The Son Of Monster Magnet). Dans la liste de 180 noms qui répertorie les influences des Mothers, publiée à l’intérieur de la jaquette, Zappa marque également son désir d’abolir toute hiérarchie en citant des compositeurs de « musique sérieuse » (Pierre Boulez, Charles Ives, Mauricio Kagel, Luigi Nono, Leo Ornstein, Maurice Ravel, Arnold Schoenberg, Roger Sessions, Karlheinz Stockhausen, Igor Stravinsky, Edgard Varèse, Anton Webern), dont les noms côtoient ceux de chanteurs populaires et de jazzmen (Richard Berry, Eric Dolphy, Bob Dylan, Buddy Guy, Charles Mingus, Elvis Presley), de producteurs et de gérants (Brian Epstein, Phil Spector, Tom Wilson), de peintres, d’auteurs (Salvador Dali, James Joyce) et de bien d’autres personnes encore, parmi lesquelles un bon nombre restent encore inconnues aujourd’hui.

À partir de 1966, l’emploi du temps de Zappa sera réglé entre des tournées internationales de concerts qui durent plusieurs mois et des périodes quotidiennes de répétition intensive avec son ensemble du moment. Avec les Mothers of Invention (qui redeviennent simplement The Mothers en 1971) et, à partir de 1976, avec un ensemble de musiciens qui l’accompagnent sans porter de nom particulier, Zappa développe des techniques de direction peu orthodoxes : ses musiciens jouent sans partitions des œuvres qui sont extrêmement codifiées, mais qui comportent des sections d’improvisation et qui peuvent être modifiées à chaque instant au gré de l’inspiration du compositeur (et selon un principe qu’il nomme AAAFNRAA, acronyme de « Anything Anytime Anywhere For No Reason At All 7 »). Parce que ses musiciens n’ont pas toujours de formation à la lecture, Zappa doit développer un langage fait de gestes et d’indications (sonner comme ceci, jouer dans l’esprit d’untel, etc.) qui colore son propre catalogue comme s’il tentait de mettre en place une théorie de l’unification des genres musicaux. À propos du disque Cruising With Ruben & The Jets (1968), qui revient, à travers des compositions originales, au rhythm’n’blues et au Doo-wop qu’il écoutait durant son adolescence, Zappa expliquera : « J’ai conçu ce disque dans le même esprit que celui qui habitait Stravinsky durant sa période néoclassique. Si ce dernier pouvait prendre les formes et les clichés de la période classique pour les pervertir, pourquoi ne pas faire la même chose avec les règles qui s’appliquaient au doo-wop des années cinquante 8 ? »

Zappa présente en effet sur ce disque des pièces qui peuvent passer à la première écoute pour le modèle qu’elles imitent, mais un examen attentif ne peut manquer d’y relever de nombreux anachronismes aux plans, par exemple, de la production ou des progressions d’accords. L’oreille avertie sera aussi mise sur la piste du détournement par une citation du début du Sacre du Printemps chantée à la fin de la pièce Fountain of Love. À propos de l’album Uncle Meat (1969 — lié à un projet de film qui ne verra le jour qu’en 1988), Zappa a parlé de l’influence de Conlon Nancarrow, dont l’ombre planera également sur le travail qu’il fera plus tard avec le Synclavier, un système d’échantillonnage digital conçu, à la fin des années soixante-dix, par Jon Appleton et ses collègues du Dartmouth College et dont Zappa sera l’un des premiers acquéreurs (1982). Il l’utilisera pour la composition d’œuvres beaucoup plus proches du monde de la musique contemporaine que de celui de la musique « populaire », surtout après l’interruption en 1988 de ce qui aura été sa dernière tournée avec un ensemble rock.

Les grandes réalisations

Bien que les Mothers et leur descendance s’inscrivent dans le courant « pop », qu’ils fassent parlé d’eux dans les médias destinés au public qui consomme de la « pop » et qu’ils donnent des concerts dans les circuits « pop », Zappa et son groupe demeurent, avec de constantes références aux musiques « sérieuses », des marginaux, des excentriques, bref, des freaks, pour les habitués d’une scène comme pour ceux de l’autre.

Dans le domaine de la musique faisant appel à des musiciens de formation classique, les grandes réalisations de Zappa sont :

  • Lumpy Gravy(Verve, 1968 - Zappa Records, 2009 : « version originale ») - Premier disque publié sous le seul nom du compositeur, qui y dirige un orchestre de plus de 40 musiciens, le Abnuceals Emuukha Electric Symphony Orchestra & Chorus.Lumpy Gravy est à l’origine une pièce en 9 parties d’une durée de 22 minutes (« version originale », ou version Capitol). Des problèmes contractuels ont forcé Zappa à retravailler la pièce pour en faire une version en deux parties d’une durée de 31 minutes (version Verve).
  • Music For Electric Violin And Low Budget Orchestra(sur «King Kong: Jean-Luc Ponty Plays The Music Of Frank Zappa », Pacific Jazz, 1970) - Zappa reprendra la pièce en 1975, sous le titreRevised Music For Guitar And Low Budget Orchestra, avec d’autres musiciens, incluant une nouvelle incarnation du Abnuceals Emuukha Electric Orchestra (sur “Studio Tan”, DiscReet, 1978).
  • Frank Zappa’s 200 Motels(Bizarre/United Artists, 1971) - Un projet de très grande envergure qui est également lié à un long métrage cinématographique et dans lequel les Mothers of Invention partagent la scène avec, entre autres, le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Elgar Howarth. À noter que le concert du 25 octobre 1968 au Royal Festival Hall de Londres, avec un orchestre formé de membres du BBC Symphony Orchestra (documenté sur le disqueAhead Of Their Times, Barking Pumpkin, 1993) et celui du 15 mai 1970 au Pauley Pavilion (UCLA) avec le Los Angeles Philharmonic Orchestra (sous la direction de Zubin Metha) constituent des étapes préliminaires à ce projet.
  • Orchestral Favorites(DiscReet, 1979) - Ce disque rend compte de deux concerts donnés par la deuxième incarnation du Abnuceals Emuukha Electric Orchestra (dirigé par Michael Zearott) les 18 et 19 septembre 1975 au Royce Hall (UCLA). On peut y entendre quelques-unes des plus belles réussites de Zappa en matière d’intégration de musiciens « pop » au sein d’un ensemble instrumental « standard » (Bogus Pomp, dans une version très différente de celle qu’enregistrera plus tard le London Symphony Orchestra*,* est particulièrement digne de mention). La batterie, la basse et la guitare électrique soliste élargissent singulèrement la palette timbrale de cet orchestre déjà bien fourni (4 percussionnistes, 4 claviéristes, 2 violons, alto, violoncelle, harpe, 12 cuivres, 11 bois, auxquels s’ajoutent encore des invités pour de courtes parties [saxophone soprano, harmonica, orgue]). Ce type d’ensemble apparaît comme le véhicule idéal pour la proposition musicale hybride de Zappa.
  • London Symphony Orchestra (Barking Pumpkin, vol. 1, 1983 - vol. 2, 1987) - L’orchestre est dirigé par Kent Nagano sur son tout premier enregistrement discographique. Il compte 101 musiciens, auxquels Zappa ajoute le batteur de son ensemble « rock » (Chad Wackerman), son percussionniste (Ed Mann) et un soliste à la clarinette (David Ocker).
  • Boulez Conducts Zappa: The Perfect Stranger(Angel, 1984) - L’Ensemble intercontemporain interprète ici sous la direction de Pierre BoulezThe Perfect Stranger(premier enregistrement),Naval Aviation in Art?(déjà entendue surOrchestral Favorites) etDupree’s Paradise(déjà entendue en concert, interprétée par l’ensemble rock de Zappa). C’est le premier disque sur lequel on peut entendre le travail de Zappa au Synclavier (quatre pièces interprétées par le Barking Pumpkin Digital Gratification Consort). Zappa présente le programme de ce disque comme contenant sept musiques de danse dans un style « ridiculement démodé ». On trouvera d’autres réalisations électroniques au Synclavier sur les disquesFrank Zappa Meets The Mothers Of Prevention(1985),Jazz From Hell(1986),Civilization Phaze III(1994, avec des échantillonnages des membres de l’Ensemble Modern) etFeeding The Monkies At Ma Maison (2011).
  • The Yellow Shark(Barking Pumpkin, 1993) - Il s’agit du testament de Frank Zappa, qui documente son tout dernier passage sur scène, pour diriger l’Ensemble Modern dans une pièce composée au Synclavier et réputée « injouable »,G-Spot Tornado(les autres pièces, enregistrées en concert en septembre 1992 à Francfort, à Berlin et à Vienne, sont dirigées par Peter Rundel). Le disqueEverything Is Healing Nicely (EIHN), paru en 1999, témoigne des rencontres préparatoires à ce projet.

200 Motelsfait précisément partie de ce que l’on appelle la « période vaudeville » de Zappa, alors que Mark Volman et Howard Kaylan étaient les chanteurs principaux des Mothers. Doué d’une grande capacité à improviser et de talents vocaux étonnants, le duo permettra à Zappa des incursions dans une forme personnelle de théâtre musical, le plus bel exemple de cette période étant sans doute l’épiqueBilly The Mountain(sur le disqueJust Another Band From L.A., 1972), et la grande réussite du compositeur dans le genre étantThe Adventures Of Greggery Peccary, un incroyable travail de studio dans lequel il fait lui-même toutes les voix (disqueStudio Tan— repris en 2002 par l’Ensemble Modern, sous la direction de Jonathan Stockhammer, avec les voix de David Moss et Omar Ebrahim). Ce travail sur la voix, largement expérimenté avec son ensemble rock, amènera Zappa à composer l’opéraJoe’s Garage(1979) et la comédie musicaleThing-Fish (1984), deux œuvres qui renouvellent radicalement leur genre respectif, mais que Zappa n’aura jamais réussi à présenter à la scène en raison des coûts à prévoir pour ces types de productions.

« L’humour a-t-il sa place en musique 9 ? » demandait Zappa dans le titre d’un disque (et d’un film) de 1985 documentant les concerts de sa tournée de 1984, et il est clair que le compositeur s’est fait un grand nombre de détracteurs en répondant par un « Oui ! » tonitruant. C’est bien cet humour qui lui permet de détourner des formes musicales que nombre de ses contemporains considèrent comme immuables (et incompatibles !), mais c’est ce même humour qui aura caché à beaucoup d’obervateurs le talent de Zappa derrière un masque de clown. Il disait : « Sans transgression (des règles), pas de progrès 10 », et c’est bien la transgression, le pastiche, la satire et toutes les formes de détournement qui, chez lui, deviennent la norme. Il pouvait interpréter Bartók, Stravinsky ou Varèse avec son groupe de rock et ce dernier pouvait aussi donner en création des œuvres qui allaient plus tard être enregistrées par l’Ensemble intercontemporain ou par le London Symphony Orchestra.

*

Avec un pied dans l’univers du rock et l’autre dans celui de la « musique sérieuse », Zappa aura traversé la fin du vingtième siècle comme un Docteur Jekyll s’entendant à merveille avec son Mister Hyde, chacune de ses productions gardant des traces de l’un et de l’autre et chacune d’entre-elles défiant toute tentative de catégorisation. Il expliquera dans son autobiographie :

« Je tiens donc à remercier ici des chansons comme Dinah Moe Humm, Titties & Beer et Don’t Eat The Yellow Snow, qui m’ont permis de rassembler assez de cash pour soudoyer un groupe de fainéants et leur faire exécuter laborieusement de titres comme Mo ‘n Herb’s Vacation, Bob in Dacron ou Bogus Pomp (in « London Symphony Orchestra », vol. I et II) 11 ».

Icône postmoderne, étoile du jazz-rock et du rock progressif, artiste iconoclaste et éternel freak, Frank Zappa a construit une œuvre qu’il est bien difficile de cerner en quelques paragraphes et qui mérite amplement l’intérêt qu’elle suscite de façon grandissante depuis sa disparition. Il est évidemment ironique que cette reconnaissance ne soit arrivée qu’après son décès, s’agissant d’un compositeur qui citait systématiquement sur les jaquettes des premiers disques des Mothers of Invention cette phrase d’Edgard Varèse : « The present day composer refuses to die 12. »


  1. On en trouve la liste ici: https://www.donlope.net/fz/songs/index.html (lien vérifié en janvier 2022).
  2. Selon la traduction de Jean-Marie Millet de l’autobiographie du compositeur (Zappa par Zappa, L’Archipel, 2000).
  3. Littéralement, une « circulaire » promotionnelle publiée chaque semaine par la maison de disques Warner/Reprise Records. Ce texte, « Hey Hey Hey, Mister Snazzy Exec! », parut dans le vol. 3, n° 29, 20 septembre 1971 (notre traduction) ; il est disponible ici: https://www.afka.net/Articles/1971-09_Circular.htm (lien vérifié le 3 janvier 2022).
  4. Notre traduction, d’après la transcription originale de Román García Albertos et Charles Ulrich sur le site Information Is Not Knowledge : https://www.donlope.net/fz/radio/1963_KPFK.html (lien vérifié le 12 janvier 2022).
  5. Nathalie Gatti a parlé de la démarche didactique de Zappa dans son article « Frank Zappa, l’esthétique d’un nomade », dans Circuit, musiques contemporaines (2004).
  6. Blonde on Blonde, septième album de Bob Dylan, est considéré comme étant le premier double album de l’histoire de la musique rock. Il est paru le 16 mai 1966, tandis que Freak Out! paraissait le 27 juin de la même année.
  7. « N’importe quoi, n’importe quand, n’importe où, pour aucune raison en particulier. »The Real Frank Zappa Book (1989), p. 163.
  8. Notre traduction d’une citation apparaissant p. 88 de l’autobiographie du compositeur The Real Frank Zappa Book (1989).
  9. Does Humor Belong In Music?, EMI, 1986.
  10. Zappa par Zappa, p. 188.
  11. Zappa par Zappa, p. 148.
  12. « Les compositeurs d’aujourd’hui refusent de mourir », dans le manifeste de l’International Composers’ Guild (1921).
© Ircam-Centre Pompidou, 2013


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