Largement autodidacte, c’est vers l’ñge de douze ans que Zappa commence Ă  ĂȘtre attirĂ© par la batterie. En 1953, il s’inscrit Ă  un cours d’étĂ© pour apprendre les rudiments du jeu. En 1954, il aurait rĂ©alisĂ© sa toute premiĂšre composition, une Ɠuvre dont il ne reste apparemment rien. Sa deuxiĂšme composition, de la mĂȘme Ă©poque, est une piĂšce pour caisse claire solo intitulĂ©e Mice, dont la partition aurait Ă©tĂ© conservĂ©e dans les archives du compositeur.

C’est Ă©galement Ă  l’ñge de quatorze ans que Zappa dĂ©couvre, par le disque, la musique d’Edgard VarĂšse et, grĂące Ă  un professeur de la Mission Bay High School de San Diego, la musique dodĂ©caphonique. À quinze ans, il rejoint le groupe de rhythm’n’blues The Ramblers en tant que batteur, et donne ses premiers concerts. Il sera Ă©galement batteur du groupe The Blackouts en 1957 et 1958. C’est Ă  partir de ce moment-lĂ  que Zappa, qui aime beaucoup Ă©couter les solos de guitare des musiciens de rhythm’n’blues dont il collectionne les enregistrements (Johnny “Guitar” Watson ou Clarence “Gatemouth” Brown, entre autres), dĂ©cide d’apprendre Ă  jouer de l’instrument.

En 1958, il dirige Ă  quelques reprises sa propre musique interprĂ©tĂ©e par l’orchestre de la classe de William Ballard au Antelope Valley Junior College. En 1959, c’est un professeur d’anglais rencontrĂ© trois ans auparavant au Antelope Valley High School, Don Cerveris, qui offrira au jeune compositeur un premier contrat de musique orchestrale en lui demandant d’écrire la musique du film Run Home, Slow, dont il a conçu le scĂ©nario (le film, rĂ©alisĂ© par Tim Sullivan, alias Ted Brenner, ne paraĂźtra qu’en dĂ©cembre 1965). AprĂšs sa graduation en 1958, Zappa s’est bĂąti une Ă©ducation musicale comme il le pouvait avec ce qui s’offrait Ă  lui : cours d’étĂ© Ă  l’école de musique et d’arts d’Idyllwild (1958), harmonie durant quelques semaines au Chaffey Junior College d’Alta Loma (1960) et classes de composition de Karl Kohn au Pomona College de Claremont (1961).

ParallĂšlement Ă  ses talents de musiciens, Zappa excelle aussi en arts visuels, remportant un concours rĂ©gional d’affiche en 1955 et un concours de l’état de la Californie en 1958. En 1960, il est concepteur de cartes de vƓux et de publicitĂ©s. C’est aussi en 1960 qu’il rencontre Paul Buff, un ingĂ©nieur du son qui a construit son propre studio d’enregistrement, Pal Recording Studio. Lui-mĂȘme multi-instrumentiste, Buff embauche Zappa pour le seconder en tant qu’ingĂ©nieur du son, instrumentiste et compositeur-maison, dans le but de faire carriĂšre en produisant des hits de surf-music. L’entreprise n’ayant guĂšre de succĂšs, Buff se verra dans l’obligation de cĂ©der son studio Ă  Zappa, ce dernier pouvant rĂ©aliser la transaction aprĂšs avoir Ă©tĂ© payĂ© pour l’enregistrement de la musique du film Run Home, Slow ; le premier aoĂ»t 1964, le studio sera renommĂ© Studio Z.

Au dĂ©but des annĂ©es soixante, Zappa travaille au sein de diffĂ©rents groupes Ă  titre de guitariste, mais il s’affirme aussi comme compositeur expĂ©rimental, apparaissant en mars 1963 Ă  l’émission de tĂ©lĂ©vision The Steve Allen Show pour interprĂ©ter avec l’orchestre-maison un Concerto pour deux bicyclettes, sons prĂ©-enregistrĂ©s et ensemble instrumental et proposant en mai au Mount St. Mary’s College (Los Angeles) un concert intitulĂ© « La musique expĂ©rimentale de Frank Zappa Â». En 1964, il Ă©labore la trame d’un opĂ©ra-rock, I Was A Teen-age Malt Shop (il reviendra au genre avec Joe’s Garage en 1979 et Thing Fish en 1984) et un premier scĂ©nario de film (Captain Beefheart vs. The Grunt People) ; il scĂ©narisera, rĂ©alisera et produira quelques films durant sa carriĂšre (200 Motels [1971], Baby Snakes [1979], Video From Hell [1987], etc.).

En mai 1965, le groupe de rock dont Zappa est le leader se rebaptise The Mothers (le terme pouvant ĂȘtre jugĂ© offensant, on ajoutera « of Invention Â» lors de la sortie du disque Freak Out!, en 1966). La formation originale des Mothers of Invention, devenue un « ensemble de musique de chambre Ă©lectrique Â», s’éteindra en 1969, mais Zappa dirigera tout au long de sa carriĂšre des ensembles, considĂ©rĂ©s comme de vĂ©ritables Ă©coles de professionalisme musical, interprĂ©tant ses compositions : un mĂ©lange iconoclaste des types les plus variĂ©s de musiques populaires et de musiques savantes, assorti de paroles de chansons trĂšs critique de la politique amĂ©ricaine ou, plus largement, du american way of life, et distillant un humour qui frĂŽle rĂ©guliĂšrement les frontiĂšres de la vulgaritĂ©. MalgrĂ© une prĂ©dilection pour les grands ensembles et la musique instrumentale, Zappa aura magnifiquement su s’adapter aux contraintes financiĂšres l’obligeant Ă  tourner avec de petits ensembles (son rockin’ teenage combo) et Ă  composer des « chansons Â».

Zappa a exercĂ© une influence certaine sur un grand nombre de musiciens (qu’ils soient issus du rock, du jazz ou des musiques savantes) qui cherchent Ă  faire les choses autrement. Ceux de ses confrĂšres qui se sont donnĂ©s la peine d’aller voir au-delĂ  de l’image de clown obscĂšne trop souvent vĂ©hiculĂ©e par les mĂ©dias ont en effet dĂ©couvert un compositeur mĂ©ritant l’attention. Ainsi de Pierre Boulez, qui accepta au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt de collaborer avec Zappa Ă  la crĂ©ation de certaines de ses Ɠuvres au concert et sur disque (« Boulez Conducts Zappa: The Perfect Stranger Â», Angel, 1984). Cette reconnaissance de Boulez a fait ouvrir les yeux Ă  beaucoup d’observateurs et a certainement contribuĂ© Ă  faire Ă©voluer les perceptions. De plus, c’est alors qu’il frĂ©quentait l’Ircam que Kent Nagano a dĂ©couvert, Ă  travers les rumeurs de cette collaboration entre Boulez et Zappa, que ce dernier faisait aussi de la « musique sĂ©rieuse Â». AprĂšs avoir contactĂ© le compositeur, Nagano donnera la crĂ©ation en concert de plusieurs de ses piĂšces pour orchestre avec le London Symphony Orchestra et c’est aussi ce partenariat qui lui permettra d’enregistrer son premier disque (« London Symphony Orchestra Vol. 1 Â», Barking Pumpkin, 1983).

Zappa fera une derniĂšre tournĂ©e mondiale dans le circuit rock avec un ensemble d’une douzaine de musiciens en 1988 et il participera Ă  son tout dernier concert en dirigeant l’Ensemble Modern Ă  Francfort en septembre 1992. Le 4 dĂ©cembre 1993, il meurt des suites d’un cancer de la prostate. Sa discographie, que n’a cessĂ© d’enrichir le Zappa Family Trust par des ajouts d’enregistrements inĂ©dits de toutes sortes, comptait dĂ©jĂ  Ă  son dĂ©cĂšs plus de soixante titres.

sources

  • Kelly FISHER LOWE, The Words and Music of Frank Zappa, Westport, Praeger, The Praeger Singer-Songwriter Collection, 2006.
  • RomĂĄn GARCIA ALBERTOS*, Information Is Not Knowledge*, http://globalia.net/donlope/fz, vĂ©rifiĂ© le 19 novembre 2012.
  • Barry MILES, Frank Zappa In His Own Words, Londres, Omnibus Press, 1993.
  • David WALLEY, No Commercial Potential - The Saga of Frank Zappa and The Mothers of Invention, New York, Outerbridge & Lazard, 1972.
  • Frank ZAPPA et Peter OCCHIOGROSSO, The Real Frank Zappa Book, New York, Poseidon Press, 1989.


Vous constatez une erreur ?

IRCAM

1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43

heures d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h30 Ă  19h
Fermé le samedi et le dimanche

accĂšs en transports

HĂŽtel de Ville, Rambuteau, ChĂątelet, Les Halles

Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique

Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.