ÉlevĂ© par des parents musiciens (un pĂšre violoncelliste et une mĂšre pianiste), le compositeur Toshi Ichiyanagi se dĂ©couvre jeune un goĂ»t pour la musique d’avant-garde. Si, avant ses vingt ans, il travaille en tant que pianiste pour la base militaire amĂ©ricaine de Tokyo en interprĂ©tant des comĂ©dies musicales de Broadway, des valses et du jazz, il est aussi celui qui dans le mĂȘme temps introduit son voisin de quartier Tƍru Takemitsu aux Ɠuvres d’Olivier Messiaen.

Ayant reçu plusieurs rĂ©compenses au Japon, il part faire ses Ă©tudes Ă  l’UniversitĂ© du Minnesota en 1952, tout en suivant des cours Ă  Tanglewood avec Aaron Copland. Deux ans plus tard, il intĂšgre la Juilliard School (1954-1957) en composition. Toshi Ichiyanagi ambitionne Ă  cet Ă©poque de devenir un compositeur dodĂ©caphoniste, mais la Juilliard School ne comble pas ses attentes Ă  cet Ă©gard et il se dĂ©tourne de ses Ă©tudes Ă  la recherche d’un enseignement moderniste. Il va Ă  la rencontre de plusieurs compositeurs plus proches de ses aspirations : Luigi Dallapiccola, Edgard VarĂšse, Goffredo Petrassi, Lukas Foss et Stefan Wolpe.

Il trouve dans le mĂȘme temps sa place dans le monde de l’art underground new-yorkais oĂč il rencontre Yoko Ono, avec qui il Ă©prouve une synergie artistique et qui sera son Ă©pouse de 1956 Ă  1962. À cette Ă©poque, le compositeur gravite autour des Ă©vĂ©nements du mouvement Fluxus : il joue des Ɠuvres de La Monte Young Ă  l’AG Gallery de New York. Il y rencontre David Tudor, qui lui prĂ©sente John Cage.

En 1958, il intĂšgre la New School for Social Research, oĂč il devient l’un des protĂ©gĂ©s de Cage. Celui-ci l’aide Ă  obtenir le poste de pianiste improvisateur pour la compagnie de danse de Merce Cunningham. Toshi Ichiyanagi est consĂ©quemment chargĂ© d’organiser la tournĂ©e de Cage au Japon en 1960, Ă©vĂ©nement fondamental dans la diffusion de la musique contemporaine dans l’archipel. Dans cette mĂȘme idĂ©e, Toshi Ichiyanagi fonde avec Tƍru Takemitsu en 1966 le festival Orchestral Space qui poursuit le projet de faire connaĂźtre la musique expĂ©rimentale au Japon.

Son mentor le prĂ©sente Ă©galement Ă  plusieurs artistes comme Andy Warhol, Frank Stella, Jasper Johns et le futuriste R. Buckminster Fuller. Sensible Ă  l’aspect visuel de son travail, Toshi Ichiyanagi dĂ©veloppe son propre systĂšme de notation, dĂ©rivĂ© de l’occidental, une notation graphique qui lui vaudra d’ĂȘtre plusieurs fois exposĂ©. Parmi ses partitions, IBM for Merce Cunningham, composĂ©e Ă  partir des premiĂšres cartes informatiques IBM, est entre autres propriĂ©tĂ© du Museum of Modern Art de New York. En 1962 dĂ©jĂ , Toshi Ichiyanagi avait lui-mĂȘme organisĂ© avec Kuniharu Akiyama l’International Graphic Scores Exhibition Ă  la galerie Minami, Ă  Tokyo.

Un autre aspect prĂ©gnant des travaux du compositeur porte sur l’interprĂ©tation de sa musique par l’instrumentiste, notamment sur sa dimension alĂ©atoire, mais aussi en lui laissant beaucoup de latitude, en l’encourageant Ă  prendre des dĂ©cisions concernant la structure, la hauteur, la densitĂ©, la couleur et l’activitĂ© sonore des piĂšces. Ces recherches commencent dĂšs 1959 avec Music for Piano No.2. et se poursuivent avec Music for Electronic Metronome (1960) et tout au long de sa carriĂšre jusqu’au Piano Concerto No. 6 (2016).

PortĂ© par ses recherches autour des dialogues entre traditions musicales occidentales et orientales, Toshi Ichiyanagi forme en 1989 le Tokyo International Music Ensemble – the New Tradition (TIME), qui est constituĂ© d’un mĂ©lange d’instruments japonais et occidentaux, et qui intĂšgre le shƍmyƍ, un chant liturgique bouddhiste. Le compositeur Ă©crit pour lui de nombreuses piĂšces : Reigaku Symphony No.2 (1989), The Way I et II (1990), Uncho Kuyo Bosatsu (1994) ou encore Spiritual Sight (1996).

Longtemps directeur artistique de la Fondation pour les arts de Kanagawa (1996-2021), Toshi Ichiyanaga entretient Ă©galement dans les derniĂšres annĂ©es de sa vie un lien intense avec la Finlande, oĂč il fonde la SociĂ©tĂ© de musique contemporaine du Japon et de la Finlande, une relation qu’il mettra Ă©galement en musique en 2011 dans son Piano Concerto No. 5 sous-titrĂ© « Finland ».

Prix et récompenses

  • Officier de l’Ordre du Soleil levant, 2005 ;
  • 33rd Suntory Music Prize, 2002 ;
  • MĂ©daille au ruban pourpre du Japon, 1999 ;
  • Grand Prix du Prix Nakajima pour ses activitĂ©s de compositeur, 1984 ;
  • Prix Otaka pour Circulating Scenerey, 1984 ;
  • Prix Otaka pour Piano Concerto No. 1 “Reminiscence of Spaces”, 1981 ;
  • Alexander Gretchaninov Prize, 1957 ;
  • Serge Koussevitzky Prize, 1956 ;
  • Elizabeth A. Coolidge Prize pour Sonata, 1955 ;
  • PremiĂšre place de la compĂ©tition musicale Mainichi, composition, 1951 ;
  • PremiĂšre place de la compĂ©tition musicale Mainichi, composition, 1949.
© Ircam-Centre Pompidou, 2024

sources

Schott, Washington Post, Kyoto City University of Arts : « Toshi Ichiyanagi, Oral History ».



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