mise à jour le 2 septembre 2021

Mikis Theodorakis

Compositeur grec né le 29 juillet 1925 à Chios et décédé le 2 septembre 2021 à Athènes.

Mikis Theodorakis, fils de Georges Theodorakis (originaire de Chania, Crète) et d’Aspasia Poulakis (originaire de Çeşme en Asie Mineure – actuelle Turquie), naît le 29 juillet 1925 sur l’île de Chios (mer Egée Orientale).

Bercé de musique byzantine et démotique grecque, c’est à douze ans que Theodorakis se met au violon et compose ses premières chansons, fondées sur des textes poétiques néohelléniques et qui seront regroupées dans le recueil Chansons pour les enfants, petits et grands.

Peu après, il commence des études au Conservatoire d’Athènes bientôt interrompues par sa participation à la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale (1940-1944) puis à la Guerre Civile Grecque (1945-1949). Au cours de celle-ci il est exilé à Icaria et à Makronissos (1947-1949). Pendant la Résistance, il est initié à l’idéologie marxiste et léniniste et s’engage de manière absolue à défendre l’idée de Liberté. Musique et politique deviennent ainsi les deux éléments complémentaires qui déterminent sa vie.

Theodorakis reprend et achève ses études, obtenant ses diplômes d’harmonie, de contrepoint et de fugue en 1950-51 et commençant sa carrière de compositeur en Grèce.

En 1953, il épouse la doctoresse Myrto Altinoglou qu’il avait rencontrée en 1943. En 1954, tous deux obtiennent des bourses d’études de la Fondation Nationale des Bourses (I.K.Y.) et partent à Paris où Theodorakis retrouve son ancien ami et allié-combattant Iannis Xenakis. Il s’inscrit au Conservatoire National de Paris et suit les cours d’analyse musicale d’Olivier Messiaen et de direction d’orchestre d’Eugène Bigot.

La période de 1954 à 1960 est caractérisée par une activité intense dans le milieu musical européen : Theodorakis compose des œuvres symphoniques, de la musique de chambre, des ballets et des musiques de film. En 1957, sa Suite n° 1 pour piano et orchestre obtient le Prix d’Or au concours de composition du Festival International des Jeunesses de Moscou, prix qui lui est remis par Dimitri Chostakovitch.

En 1958 naît le premier enfant de Theodorakis, Margarita. C’est l’année de la composition du cycle de chansons L’Épitaphe inaugurant ce que Theodorakis lui-même baptisera le « mouvement de la chanson savante-populaire », et jetant les bases de la révolution culturelle grecque des années 1960.

En 1959, sur la recommandation de Darius Milhaud, la William and Noma Copley Foundation lui décerne son Prix du Meilleur Compositeur Européen.

En 1960 naît le deuxième enfant de Theodorakis, Georges. Quelques mois plus tard la famille rentre en Grèce.

En 1963, dans un climat politique très instable, intervient le meurtre du député communiste de la Gauche Démocratique Unie (E.D.A.) et pacifiste Grigoris Lambrakis. En hommage au député assassiné, Theodorakis crée l’organisation de la Jeunesse Lambrakis, mieux connue sous le nom de Lambrakides, dont il est élu président. Il commence une grande campagne politique et culturelle encourageant la création d’associations culturelles à travers toute la Grèce.

En 1964, Theodorakis est élu député de l’E.D.A. et poursuit parallèlement son cheminement artistique.

Rêvant de faire une « musique pour les masses », fondée sur la « chanson savante-populaire », Theodorakis va mettre en musique pendant plus de vingt ans, les œuvres de grands poètes du XXe siècle, grecs et étrangers comme Georges Séféris, Odysseus Elytis, Yannis Ritsos, Costas Varnalis… mais aussi Brendan Behan, Federico García Lorca, Pablo Neruda et d’autres. Ainsi, naissent : Épiphanie, Enas omiros, Romancero Gitano ou encore Canto General.

C’est avec la musique du film Alexis Zorbas [en version française : Zorba le Grec] (1965) de Michael Cacoyannis que Theodorakis devient célèbre dans le monde entier. L’année suivante, une commission internationale composée de Pablo Casals, Darius Milhaud et Zoltán Kodály, lui décerne le Prix Sibelius.

Le 21 Avril 1967, date du coup d’état des colonels, Theodorakis entre en clandestinité. Ce même jour, il adresse au peuple grec le premier appel à la Résistance, diffusé, comme il le précise dans son ouvrage La Dette, dans la plus grande discrétion par tous les moyens possibles – téléphone, bouche à oreille et tracts. Quelques jours plus tard, il déclare la fondation de l’organisation de résistance Front Patriotique (PA. M.). Le 11 juin, le gouvernement interdit toute la musique de Theodorakis sous peine de poursuite pénale. Le compositeur est arrêté, torturé, emprisonné, exilé. Son état de santé inquiétant mobilise plusieurs personnalités étrangères telles que Dimitri Chostakovitch, Aram Khatchaturian, Dmitri Kabalevski, Louis Aragon, Laurence Olivier, Arthur Miller. Avec l’aide de Jean-Jacques Servan-Schreiber il s’évade et arrive à Paris. Jusqu’en 1974, il donne, partout dans le monde, des conférences de presse et d’innombrables concerts qui constituent autant d’actes de protestation publique contre la dictature où qu’elle s’exerce.

Avec la chute du régime des colonels, en juillet 1974, Theodorakis rentre en Grèce où le peuple le reçoit triomphalement à l’aéroport. Il donne plusieurs concerts pendant lesquels le public fête la restauration de la Démocratie en interprétant les chansons qui étaient interdites pendant sept ans.

En 1977, Theodorakis organise le festival Août Musical au théâtre du Lycabette où ses œuvres les plus importantes sont présentées lors de vingt-huit concerts successifs.

Parallèlement, il participe aux affaires publiques que soit en tant que simple citoyen ou qu’élu au Parlement sous l’étiquette de l’E.D.A. (1964), du Parti Communiste Grec (K.K.E.) (1981, 1985), de la Nouvelle Démocratie (1990).

Pendant une vingtaine d’années, Theodorakis qui vit entre la France et la Grèce, se consacre plus particulièrement à la composition de musique symphonique.

En 1992, son œuvre Canto Olympico, commandée par le Comité International Olympique, est créé lors des Jeux Olympiques de Barcelone.

En 1993-94, il prend en charge la direction générale des Ensembles Musicaux de la Radio Télévision Grecque (ERT).

En 1995, il se réinstalle à Paris et compose son quatrième opéra Antigone, tandis que son troisième, Électre, est créé au Luxembourg.

En 1997, il fait don de toutes ses archives à la Grande Bibliothèque Musicale Lilian Voudouri d’Athènes.

En 2002, il présente son dernier opéra Lysistrata dans le cadre de l’Olympiade Culturelle.

Plusieurs Prix ont été décernés à Mikis Theodorakis : Prix Lénine pour la Paix (1983), Prix Onassis pour la Civilisation (2004), Prix Olympiart du Comité International Olympique (2004), Prix International de Musique de l’Unesco (2005), Prix russe « Dialogues des Civilisations » (2005). En 2000, sa candidature pour le Prix Nobel de la Paix est soutenue par plusieurs gouvernements, hommes politiques et artistes à travers le monde. Par ailleurs, il a été élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur (1996) par le Président Mitterrand, puis de Commandeur de la Légion d’Honneur (2006) par le Président Chirac. Il est Docteur Honoris Causa de l’Université d’Athènes (1996), de l’Université du Québec à Montréal (1998), de l’Université de Thessalonique (2000), de l’Université de Crète (2005 et 2006).

Le 3 décembre 2013, il est admis solennellement à l’Académie d’Athènes.


© Ircam-Centre Pompidou, 2016

Sources

  • Kalliopi STIGA, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire. Thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon II, 2006.
  • Notices biographiques issues des Archives privées de Mikis Theodorakis.
  • www.mikis-theodorakis.net

Par Kalliopi Stiga

Musicien, poète, mélodiste, chansonnier, symphoniste, combattant, penseur, humaniste, universaliste… Nombreux sont les qualificatifs qui ont été attribués au fil du temps à la personnalité certainement la plus enthousiaste et la plus créative de la Grèce contemporaine, le compositeur, homme politique et académicien Mikis Theodorakis. Loin de se contredire, ces qualificatifs coexistent et se complètent, car musique et politique ne sont que les deux faces d’une même pièce dans la vie de Mikis Theodorakis. Chanson et symphonie flirtent, mélodies et idéaux humanistes cohabitent aussi bien dans la musique que dans la parole politique du compositeur combattant, grécité et œcuménisme convergent et conversent.

Le poète et l’écrivain

De la poésie à l’essai politique et philosophique, du roman autobiographique à l’analyse musicale, la polyvalence et le dynamisme de Theodorakis s’expriment au sein même de ses écrits. Si ses recueils poétiques et son roman autobiographique Les Chemins de l’archange relèvent directement du domaine littéraire, ses autres textes peuvent être répartis en deux grandes catégories : les textes sur la musique et la culture, et les textes politico-philosophiques.

À la première catégorie, appartiennent La Musique pour les masses (1972), L’Anatomie de la musique (1983), Music and Theater (1983), Pour la musique grecque (1986), La Poésie mise en musique (3 volumes, 1997-1999) et Où puis-je trouver mon âme ? Musique et Art et civilisation (2002).

Relèvent de la seconde catégorie La Dette (1974), Pour l’art (1976), La Gauche démocratique et centralisatrice (1976), Les Fiancés de Pénélope (1976), Pour un gouvernement de collaboration nationale (1977-1978), Le Changement, Problèmes d’unité de la gauche (1978), La Culture combattante (1982), Star System (1984), Éléments pour une nouvelle politique (1986), Antimanifesto (1989), Où allons-nous ? (1989), Un parti de gauche est demandé (1990), Où puis-je trouver mon âme ? Idées (2003), Le Manifeste des Jeunesses Lamprakis (2003) et Étincelle. Pour une Grèce indépendante et forte (2011).

Parmi ces ouvrages, La Musique pour les masses, L’Anatomie de la musique, La Poésie mise en musique, La Dette, la trilogie Où puis-je trouver mon âme ? et Étincelle. Pour une Grèce indépendante et forte sont particulièrement utiles à la compréhension de la création artistique et de la pensée philosophique et politique de Theodorakis.

Mais son chef-d’œuvre est assurément Les Chemins de l’archange, œuvre monumentale en cinq volumes, écrite et publiée entre 1986 et 1995. L’auteur y fait appel à ses souvenirs de combattant et à ses expériences de créateur, se réfère à des périodes importantes de l’histoire grecque contemporaine et à des événements précis de son existence, évoquant ainsi l’histoire de sa vie qui, dans son cas, peut être identifiée à l’histoire de la Grèce du xxe siècle.

Poésie et musique

L’aventure de Theodorakis avec les mots commence dès son adolescence, puisque l’édition de son premier recueil poétique intitulé ΣΙΑΟ date de 1939. Avec les poèmes de cette époque, publiés sous le pseudonyme de Dinos Maïs (Ντίνος Μάης), « le poète a dessiné avec vivacité l’âme juvénile, inquiète et pure1 » :

Je sens en moi une flamme

qui me fait fondre et qui me sauve !

Je sens en moi des ailes qui s’ouvrent

et qui me soulèvent

au loin au dessus des pays d’une Harmonie inaudible,

et d’une Beauté invisible2 !

S’il n’a pas cessé d’exprimer ses pensées, ses chagrins, ses joies et ses inquiétudes à travers la parole poétique, Theodorakis a été aussi et surtout un grand lecteur de la poésie des autres, comme en témoignent nombre d’œuvres, ainsi que ce passage des Chemins de l’archange:

« Dès le début de mon intérêt pour la musique, je n’ai fait que mettre en musique les poèmes que j’aimais lire et réciter. Je laisse rire ceux qui le désirent, mais moi, je vais redire que quand je lis un poème tantôt “j’écoute” et tantôt “je n’écoute pas” sa musique. J’adore la poésie de Cavafy, mais jamais je n’ai perçu le moindre son mélodique, dans le bouleversement émotionnel-psychique-spirituel que cette lecture provoque chez moi».

Theodorakis choisit les poèmes qu’il met en musique selon leur originalité et les sentiments qu’ils éveillent dans l’âme du peuple. C’est pourquoi il a toujours recours aux poètes grecs ou étrangers qui expriment la « grécité » sous toutes ses formes : grandeur, décadence, liberté, foi, passion, beauté de la nature, amour.

Cependant, quand il en ressent le besoin – surtout pendant les périodes difficiles d’arrestation, d’emprisonnement, d’exil –, il redevient auteur, et des œuvres poétiques comme Le Soleil et le Temps (1967), Les Chansons d’Andréas (1968), Arcadie I (1968), Arcadie VI (1969) ou Arcadie X (1969) voient le jour. Évoquant les conditions dans lesquelles le recueil Le Soleil et le Temps est né, il explique dans La Dette: « Je ne suis pas poète, mais quand les vers ont commencé à marteler mon esprit, j’ai ressenti à quel point les mots peuvent se vêtir de sang ; à quel point ils peuvent me délivrer4… »

Le penseur : œcuménisme et harmonie

De son expérience de la guerre tout au long des années 1940, Theodorakis a tiré la conviction que la libération spirituelle et la renaissance politique exigent de longues luttes et des sacrifices énormes. Aussi, à cette période, révise-t-il sa propre idéologie : il conçoit le christianisme comme un sacrifice inévitable, adopte les idées du marxisme et rêve d’un humanisme utopique qui arriverait à sauver et à unir non seulement les Grecs, mais aussi toute l’humanité à travers la beauté créée par l’art5. Il écrit dans Où puis-je trouver mon âme ?/ Art et Civilisation:

« Je pense que j’ai gardé du christianisme le message d’amour, qui a été rapidement bouleversé par ma rencontre avec le marxisme, lequel exigeait des luttes basées sur la haine entre les classes sociales. Le combat intérieur était en effet énorme entre ces deux théories qui nous bouleversaient à cette époque-là.

Heureusement pour moi, un troisième chemin ou plutôt un premier chemin, complètement personnel, le chemin de “l’Harmonie universelle”, m’a été révélé. La “loi de l’Harmonie universelle” était au dessus de l’amour et de la haine, car elle fonctionnait comme une nécessité, si bien sûr, nous voulions être dignes de la vie offerte. Ainsi, pour moi, le monde du christianisme fonctionnait uniquement autour du message d’amour, alors que le monde du marxisme s’est cristallisé uniquement autour de l’idée de justice sociale6 ».

Cette « cosmo-théorie », qu’il appelle « théorie de l’Harmonie universelle », se caractérise par deux postulats : Amour et Justice sont les éléments essentiels de l’Harmonie universelle ; et Dieu en est le « centre idéal », d’où jaillissent les lois de la Nature et la Musique7.

Theodorakis précise :

« Toutes les parties de Pan – le Grand Tout – composent une gigantesque harmonie cristallisée, tandis qu’elles tourbillonnent autour du Centre sacré du Cosmos. L’Homme s’accomplit quand il s’identifie à ce Centre. Mais ce n’est pas tant son corps, curieusement, que son esprit qui le handicape. Son esprit qui est un “univers dévasté”. Car le souffle du désordre, de la confusion et du chaos l’ont paralysé, nécrosé. De sorte que l’esprit décrit continuellement des figures irrégulières, des courbes, et jamais de lignes droites. Pourtant, le “Centre sacré” nous appelle. Il nous attire comme un immense aimant. Quand nous avons atteint la connaissance de soi, nous ressentons cette attraction irrésistible8 ».

Ainsi, à la conviction de l’éminent poète néo-hellène Kostis Palamas (dont les textes ont profondément influencé Theodorakis) selon laquelle « le rythme poétique – l’avancement rythmique – symbolise le rythme qui gouverne l’Univers », Theodorakis ajoute l’Harmonie, cette harmonie rythmique que l’on constate à travers le mouvement des astres, lorsque l’on fixe la voûte céleste.

Sans connaître alors ni la théorie de Pythagore, ni celle ultérieure des Pythagoriciens, Theodorakis conclut :

« La Musique, répandue comme la lumière, est l’expression sonore de l’Harmonie universelle […] et peut nous conduire à la Loi de la Vérité objective qui régit notre cheminement dans le Temps intemporel […]. Elle peut nous unir au Centre de l’Harmonie universelle, c’est-à-dire qu’elle peut contribuer à ce que l’on atteigne le plus haut degré du bonheur humain, de sérénité, d’accomplissement9 ».

Comment cela arrivera-t-il ? Theodorakis croit que « l’Art est l’unique force qui peut nous transmettre la Loi qui détermine l’Harmonie de l’Univers. Qui peut transformer chacun de nous en minuscules systèmes solaires et, en général, en systèmes astraux. De manière à ce que chacun de nous “soit accordé” avec l’Univers qui nous entoure. Que notre harmonie intérieure s’accorde à l’Harmonie universelle. Et qu’on devienne ainsi des molécules vivantes d’une seule et unique Harmonie10 ».

Autrement dit, « l’Art, grâce aux lois harmoniques qui le génèrent, peut, en guidant l’esprit et l’âme de l’homme, les faire mouvoir exactement de la même manière que lui. C’est-à-dire qu’il peut transporter la Loi qui le crée en l’Homme. Mais cette Loi n’est autre que la Loi de l’Univers, de la Création totale. En conséquence, l’initié s’identifie à l’Harmonie universelle. Il vit11 ! »

Le compositeur : de la conquête d’un style individuel à l’engagement social

L’héritage musical de Theodorakis n’est autre que la musique traditionnelle grecque (byzantine et démotique), dont son enfance a été bercée, ainsi que la musique populaire des rébétikas, qu’il écoute pour la première fois lors de son exil à Icarie. Dès lors, l’association de ces deux genres musicaux constitue l’une de ses sources essentielles d’inspiration. Elle est complétée et étayée par les études musicales supérieures de Theodorakis aux Conservatoires d’Athènes et de Paris.

Avant son départ pour la France, certaines de ses compositions sont présentées pour la première fois au public grec, notamment Les Cinq Chansons de Crète et Syrtos Chaniotikos, mais c’est grâce à la création de La Fête d’Assi-Gonia, sous la direction de son maître Philoktitis Oikonomidis, qu’il est reconnu en tant que « jeune compositeur vraiment talentueux » par le fondateur de l’école nationale grecque, Manolis Kalomoiris (article dans Ethnos, 12 mai 1950). C’est également pendant cette période qu’il entame sa collaboration avec le Chorodrame (première compagnie de danse contemporaine en Grèce, fondée en 1952 par Rallou Manou), s’initiant ainsi petit à petit à la musique de ballet.

La période européenne (1954-1960) de Theodorakis se caractérise par une activité intense. D’une part, il essaie de découvrir son « système personnel12 » de composition en étudiant aussi bien la chanson folklorique grecque que les derniers courants de la musique contemporaine, alors quasi inconnus en Grèce. D’autre part, il compose sans relâche : des cycles de chansons (comme Le Cercle, Les Quatre Éluard et Les Six Éluard, des œuvres de musique symphonique (comme le Concerto pour piano ou les *Suite n° 2, Suite n° 3 : La mère*et Suite n° 413), des musiques de film, des musiques de ballet… La Première symphonie14 – dans laquelle se reflète la tragédie de la guerre civile – est son œuvre la plus importante dans cette période ; elle est créée par l’Orchestre national grec en 1955, sous la direction d’Andréas Paridis.

Le grand succès des œuvres pour orchestre qu’il compose pour les films de Michael Powell, Ill Met by Moonlight en 1957 et Honeymoon en 1958, est suivi d’une proposition de Hollywood pour un contrat exclusif en qualité de compositeur de musique de film. Il faut noter que la mélodie de Honeymoon Song, qui accompagne le générique du film, devient, après l’ajout de vers en anglais, un succès international grâce à l’interprétation des Beatles. Sa version espagnole Luna de miel connait un grand succès en Amérique latine et est diffusée lors de l’émission inaugurale de la Radio nationale du Cuba libre. Grâce à cette chanson, Theodorakis est accueilli avec enthousiasme, en 1962, à Cuba, par Fidel Castro et Ernesto Che Guevara.

La principale passion de Theodorakis est toutefois d’écrire pour la danse. Aussi compose-t-il pour les ballets de Ludmilla Tchérina, du Covent Garden (Royal Ballet) et de Stuttgart. L’Antigone présentée en 1959 à Covent Garden (avec Svetlana Beriosova, Leslie Edwards et Rudolf Noureïev) remporte un immense succès avec plus de cent représentations ; le spectacle entre au répertoire du Stuttgart Ballet en 1961.

Malgré ce succès, Theodorakis demeure insatisfait. Il s’interroge sur le rôle de l’art et son rapport avec le peuple. C’est en prenant connaissance de l’œuvre de Yannis Ritsos L’Épitaphe, en 1958, qu’il éprouve soudain le sentiment d’être libéré de ses angoisses liées à l’exil. La mise en musique de l’œuvre va de soi et se fait d’un seul trait. C’est une révélation. Le retentissement de cette œuvre auprès du public lui fait comprendre qu’il ne désire plus composer pour une « élite », ni faire lui-même partie d’une « élite musicale ». Persuadé qu’un artiste doit être « le sismographe le plus sensible de son époque » – pour reprendre les propos de l’écrivain grec Nikos Kazantzakis –, il rêve de créer « une musique sans frontières », destinée aussi bien au peuple qu’à l’élite, à l’homme solitaire qu’à la foule, une musique qui puisse être aussi bien « le murmure de l’ermite que la clameur des hommes15 ».

Influencé aussi bien par l’idéalisme de Dionysios Solomos et de Georg Wilhelm Friedrich Hegel, que par l’idéologie marxiste-léniniste et le modèle de la « révolution culturelle soviétique », Theodorakis rentre en Grèce au début des années 1960. Il prend la tête du « mouvement politico-culturel de renaissance » et se met à créer « une musique pour les masses », où le terme « masse » renvoie non pas à la foule désordonnée, mais au peuple correctement instruit16. Autrement dit, il désire « s’adresser en tant que créateur au citoyen vivant, instruit, préoccupé, responsable, et pas seulement à un groupe de gens peu nombreux, soi-disant initiés, qui […] se placent eux-mêmes au-dessus des autres17 ». Aussi fait-il revivre la notion antique de « l’union du poète, du compositeur et du peuple18 ». Cette démarche étant solidaire d’un engagement social de l’art, Theodorakis met son œuvre explicitement au service de grands idéaux humanistes tels que la paix mondiale, la démocratie et la collaboration des peuples.

La « chanson savante-populaire », une musique pour les masses

La « musique pour les masses », qui contribue à « l’instruction du peuple […] et par conséquent à sa libération », naît du « mariage de la musique traditionnelle et populaire grecque et de la poésie contemporaine néo-hellénique19. Commencer par le genre de la chanson est un choix pédagogique de la part de Theodorakis. Il veut initier progressivement le peuple à la notion de forme, de la chanson isolée jusqu’à des formes musicales nouvelles et plus complexes : cycle de chansons, tragédie musicale populaire contemporaine (dans le sillage de Bertolt Brecht), enfin oratorio populaire et chanson-fleuve, définis par le compositeur comme « musique métasymphonique20 ». Ces formes de la chanson savante-populaire « sont communiquées au peuple à travers un nouveau mode de communication, le Concert populaire21», inspiré des mystères éleusiniens.

Sur le plan mélodique, l’influence de la musique traditionnelle et de la musique populaire grecques, ainsi que celle de la formation classique du compositeur sont évidentes. Mais la recherche de l’authenticité mélodique le conduit également à l’utilisation de nouvelles combinaisons sonores, fruits de la rencontre entre les instruments de l’orchestre populaire et ceux de l’orchestre symphonique. Par exemple, Theodorakis est le premier à avoir introduit le santouri dans l’orchestre symphonique (dans l’oratorio populaire Axion Esti) ; dans la tragédie musicale populaire contemporaine La Ballade du frère mort, le violon, le violoncelle, la trompette et le trombone ont été associés aux instruments de l’orchestre populaire.

Grâce au « mouvement de la chanson savante-populaire », Theodorakis a mis sur toutes les lèvres les vers d’Angelos Sikelianos, Yannis Ritsos, Odysseus Elytis, Paul Éluard, Léopold Sédar Senghor…, jusqu’alors réservés à une élite. Ces chansons, dont plusieurs ont franchi les frontières du pays, restent gravées dans la mémoire collective en Grèce et au-delà, accompagnant les périodes de protestation et de revendications sociales.

Toutefois, ce vaste élan a été brutalement stoppé en 1967 avec la dictature des Colonels. Theodorakis y a réagi en résistant par la parole et la musique, pendant son emprisonnement et son exil. Après sa libération, et depuis la France où il s’était réfugié, il n’a cessé de dénoncer le régime et d’organiser des concerts-manifestations dans le monde entier. Il compose entre autres Nuit de mort (1968), Les Chansons de lutte (1967-1969), Dix- Huit Chansons de la Patrie amère (1972) et le chef d’œuvre de cette période Canto General (1972) d’après Pablo Neruda.

Après la chute de la dictature, malgré le succès de ses œuvres de musique savante-populaire, le mouvement de « la musique pour les masses » faiblit peu à peu. Theodorakis, déçu, s’installe de nouveau à Paris, au début des années 1980, et se recentre sur la musique symphonique, ce qui pour le compositeur est un acte de libération, comme un retour en lui-même. Parmi les œuvres notables de cette période : Symphonie n° 3, Symphonie no 7 dite « Du printemps », La Passion des Sadducéens, Symphonie n° 4 : Des Chorals, Requiem et les opéras : Kostas Karyotakis, Médée-Électre-Antigone (trilogie) et son dernier opéra Lysistrata (2004). Celui-ci, d’après Aristophane, est éminemment antimilitariste, en réaction aux multiples guerres qui se développaient simultanément dans le monde lors de sa composition ; aussi Theodorakis lançait-il un ultime appel à la Paix et à la Solidarité…

L’homme politique, le musicien engagé

L’intensité et la précocité de la prise de conscience politique de Theodorakis, d’abord comme résistant, puis comme communiste, sont loin de n’avoir influencé que sa musique. Il a pris part aux affaires publiques non seulement comme citoyen, mais aussi comme élu et dirigeant politique : député (de 1981 à sa démission en 1986, puis de 1989 à sa démission en 1992) et ministre d’État sans portefeuille (de 1990 à sa démission en 1992). D’autres engagements jalonnent sa carrière : fondation du Mouvement de la Civilisation et de la Paix en 1976 ; organisation du congrès Civilisation et Socialisme (Crète, 1977), auquel participent plusieurs personnalités étrangères comme François Mitterrand, Roger Garaudy et Jacques Attali ; concerts de protestation contre l’usage irraisonné de l’énergie nucléaire (en 1986, suite à Tchernobyl) ; organisation de congrès pour la Paix à Tübingen et à Cologne (en 1988), impliquant personnalités politiques (Oskar Lafontaine, Johannes Rau), écrivains (Friedrich Dürrenmatt) et artistes ; tournées européennes de concerts sous les auspices d’Amnesty International (1990) ; Eurosolar (en faveur de l’énergie solaire) ; manifestations contre l’analphabétisme et la drogue, etc.

Theodorakis a également œuvré au dialogue avec la Turquie : création des commissions pour l’amitié gréco-turque avec la participation de personnalités importantes comme Aziz Nesin et Yachar Kemal (1986) ; concerts en Turquie avec la collaboration du compositeur Zülfu Livaneli, qui interprète ses chansons traduites en turc ; plus tard, il est l’ambassadeur officieux, auprès du gouvernement turc, des Premiers Ministres grecs successifs Andreas Papandréou puis Constantin Mitsotakis. En tant que ministre, il a effectué des visites officielles en Turquie et en Albanie pour défendre les droits de la minorité grecque. En tant que président d’une Commission internationale à Paris, il lutte contre l’incarcération des membres du parti d’opposition turc Koutlou et Sargin, dont il obtient la libération.

Lors de sa tournée en Amérique et au Canada en 1994, qui vise le renforcement du Centre culturel des Grecs de l’étranger, le Sénat le reçoit et lui rend unanimement hommage pour sa contribution culturelle et pour ses combats pour l’Humanité.

En février 1999, il soutient Abdullah Öcalan et la cause kurde. Un mois plus tard, il est l’un des premiers à dénoncer la Guerre du Kosovo et les attaques de l’OTAN contre la Serbie. Il proteste en portant plainte au Tribunal international de La Haye « contre la direction politique et militaire de l’OTAN pour des crimes de guerre commis lors des bombardements du 24 mars et du 1er mai 1999 ». En 2001, il participe à une manifestation contre la guerre en Afghanistan. Il condamne les attaques terroristes contre les États-Unis, mais ajoute que les Américains et leurs alliés « tentent un autre génocide contre l’humanité avec leur attaque en Afghanistan ». Il se joint à la grande manifestation organisée au centre d’Athènes, en février 2003, contre la guerre en Irak. En 2004, il soutient le peuple palestinien aux côtés de Yasser Arafat en organisant un grand concert-manifestation sur la place Syntagma à Athènes.

Deux dates particulièrement importantes ressortent dans l’action sociopolitique de Mikis Theodorakis : la fondation de la « Jeunesse démocratique Lamprakis » (8 juin 1963) et la fondation du « Mouvement des citoyens indépendants / Étincelle » (1er décembre 2010). Ces initiatives ont pris naissance à des moments cruciaux de l’histoire grecque contemporaine, lors de périodes d’instabilité et d’incertitude politiques, sociales, économiques et culturelles profondes. Dans le premier cas, Theodorakis, souhaitant rendre hommage au pacifiste et député de l’E. D. A. (Ενωμένη Δημοκρατική Αριστερά / Gauche démocratique unie) Grigoris Lamprakis, assassiné dans des conditions non élucidées, crée un mouvement dont « le but est d’inciter à la révolte les Grecs de tout âge pour une Grèce plus démocratique où la Justice et la Culture domineront22 ». Dans le deuxième cas, presque cinquante ans plus tard, il cherche de nouveau à réveiller le peuple grec assommé par les décisions socio-économiques imposées par le FMI, la BCE et l’Union Européenne, en fondant un mouvement dont le but principal est « l’indépendance nationale, le peuple dominant, la renaissance patriotique ».

L’étude approfondie des manifestes et des principes défendus par ces deux mouvements, montre qu’ils constituent autant d’expressions de la « théorie de l’Harmonie universelle » définie comme « délivrance personnelle et libération sociale, à travers l’Art, dans le but de conquérir l’Harmonie sociale23 ».


  1. Mikis Theodorakis, Les Chemins de l’archange, Athènes, Kedros, 1986, vol. 1, p. 208
  2. Ιbid., p. 204.
  3. Ιbid., p.135-136.
  4. Mikis Theodorakis, La Dette, Athènes, Pleias, 1974, vol. 1, p. 258.
  5. Kalliopi Stiga, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire, Thèse de Doctorat, Université Lumière-Lyon 2, 2006, vol. 1, p. 62.
  6. Mikis Theodorakis, Où puis-je trouver mon âme ? Art et Civilisation, Athènes, Livanis, 2002, p. 39-41.
  7. Mikis Theodorakis, Poésie mise en musique, Athènes, Ypsilon, 1999, vol. 3, p. 156.
  8. Mikis Theodorakis, Les Chemins de l’Archange, op. cit., p. 99-100.
  9. Mikis Theodorakis, Poésie mise en musique, op.cit., p. 162.
  10. Ibid., p. 151.
  11. Id.
  12. Mikis Theodorakis*, Pour l’art*, Athènes, Papazissis, 1976, p. 100.
  13. La Suite n° 4 est inachevée.
  14. Cette œuvre composée entre 1948 et 1953 en Icarie, où Mikis Theodorakis était exilé, ne doit pas être confondue avec la Symphonie n. 1 qui avait été composée entre 1943 et 1945 à Athènes alors qu’il participait à la Résistance.
  15. Iakovos Kampanellis, « Hommage à Mikis Theodorakis », Ελίτροχος(Elitrochos), Patras, Achaïkes, 8 (1996), p. 38.
  16. Kalliopi Stiga, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire, op. cit., vol. 1, p. 123.
  17. Mikis Theodorakis, Où puis-je trouver mon âme ? Musique, Athènes, Livanis, 2002, p. 261.
  18. Georgios Giannaris, Poésie mise en musique et Œuvres musicales, Athènes, Théoria, 1985, p. 53.
  19. Mikis Theodorakis, Musique pour les masses, Athènes, Olkos, 1972, p. 22.
  20. « La différence entre la musique métasymphonique et la musique symphonique apparaît à travers l’existence, dans la musique métasymphonique, des éléments suivants : a) chanson populaire, b) instruments traditionnels et chanteurs populaires, c) instruments symphoniques, d)  chœurs, e) texte poétique savant » (MikisTheodorakis, Anatomie de la musique, Athènes, Sychroni Epohi, 1983, p. 36).
  21. Mikis Theodorakis, Musique pour les masses, op.cit., p. 23.
  22. Kalliopi Stiga, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire, op.cit., vol. 1, p. 100.
  23. Mikis Theodorakis, Les Chemins de l’archange, op. cit., p. 142.

© Ircam-Centre Pompidou, 2016

Source et détails du catalogue

Les œuvres inachevées ne sont pas incluses au catalogue.
Les partitions éditées sont disponibles chez les éditeurs Schott et Nakas Musical Editions.

  • KOUTOULAS, O Μουσικός Θεοδωράκης (Mikis Theodorakis : le musicien), Athènes, Livanis, 1998.
  • STIGA, Kalliopi, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire, Thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon II, 2006
  • Archives personnelles de Kalliopi Stiga.
  • Archives personnelles de Mikis Theodorakis.
  • Site web de Mikis Theodorakis : www.mikis-theodorakis.net

Musique de films :

  • Eva (1952-1953), réalisé par María Plytá. Création à Athènes en 1953.
  • Xypolyto tagma = Le bataillon déchaussé (1953), réalisé Gregg Tallas. Création en 1953 aux Etats-Unis par l’Orchestre Symphonique d’Athènes.
  • O Golgothas mias orfanis = Le calvaire d’une orpheline (1953). Création à Athènes en 1953 par D. Fampas (guitare).
  • Ill met by moonlight (1956-1957), réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger. Création en 1957.
  • Honeymoon (1958), réalisé par Michael Powell : la musique du ballet Les Amants de Teruel et la chanson An thymitheis t’oneiro mou, sur la poésie de Nikos Gatsos. Création en 1958 par l’Orchestre Symphonique de la RAI.
  • Michel de Skiathos (1960). Création en 1961.
  • Faces in the Dark, réalisé par David Eady (musique pour Ondes Martenot et percussions, 1960). Création au Royaume Uni en 1961.
  • Myrtia (1960-1961). Création en 1961 par I. Giovanna.
  • Synoikia to oneiro = Quartier de rêve, réalisé par Alekos Alexandrakis (1960-1961). Création en 1961 par Grigoris Bithikotsis.
  • The Shadow of the cat (1961). Création en 1961
  • Synantisi mias nychtas = Rencontre d’une nuit (1961). Création en 1961.
  • Phaedra, réalisé par Jules Dassin (1961). Création en 1962 par Melina Merkouri.
  • Prodomeni Agapi = Amour Trahi (sur la poésie d’Errikos Thalassinos, 1961-1962). Création en 1962 par G. Lydia, Grigoris Bithikotsis.
  • Electre, réalisé par Michael Cacoyannis (comprend la chanson O Ilios koitaxe ti gi, sur la poésie de M. Kakogiannis, 1961-1962). Création en 1962.
  • Manolis, réalisé par Paul H. Crosfield (1962, Londres). Création en 1962.
  • Les Amants de Teruel, réalisé par Raymond Rouleau (1961-1962). Création en 1962 par Edith Piaf.
  • Five miles to midnight, réalisé par Anatole Litvak (1962). Création à Paris en 1962.
  • Zorba le Grec, par Michael Cacoyannis (1964). Création à New York en 1964.
  • To Nisi tis Afroditis = L’île d’Aphrodite (1961-1964). Création en 1965 par Grigoris Bithikotsis.
  • Une balle au cœur, réalisé par Jean-Daniel Pollet (1964-1965). Création en 1965.
  • Bloko, réalisé par Ado Kyrou (1965). Création en 1965.
  • The day the fish came out, réalisé par Michael Cacoyannis (1966). Création en 1967.
  • Partizani, réalisé par Stole Janković (1970). Création en 1974.
  • Les Troyennes, réalisé par Michael Cacoyannis (1970-1971). Création en 1971 par Maria Farantouri.
  • Biribi, réalisé par Daniel Moosmann (1971). Création 1971 par Mouloudji.
  • État de Siège, réalisé par Costa-Gavras (1971-1972). Création en 1972 par Los Calchakis.
  • The Story of Jacob and Joseph, réalisé par Michael Cacoyannis (1972-1973). Création en 1974 par T. Diakogiorgis et l’Orchestre Symphonique de Londres.
  • Sutjeska-La cinquième offenssive (Tito), réalisé par Stipe Delić (1973). Création en 1973.
  • Serpico, réalisé par Sidney Lumet (1973). Création en 1973.
  • Der Geheimnisträger, réalisé par Franz Josef (1975). Création en 1975.
  • Actas de Marusia, réalisé par Miguel Littin (1975). Création en 1976.
  • Iphigénie à Avlis, réalisé par Michael Cocayannis (1976). Création en 1977.
  • O anthropos me to garifalo = L’homme à l’œillet, réalisé par Nikos Tzimas (1980). Création en 1980 par M. Zorbala et le Chœur de l’Université d’Athènes.

Musique de ballets

  • Elliniki Apokria = Carnaval grec (1953). Création à Athènes en 1953 par l’Orchestre National d’Athènes (KOA).
  • Agapi kai Thanatos = Amour et Mort (1956-1958). Création à Athènes en 1956 par le Chorodrama Grec de Rallou Manou.
  • Erophili (1958). Création à Athènes en 1958 par le Chorodrama Grec de Rallou Manou.
  • Le Feu aux poudres (1958). Création à Paris en 1959 par l’Orchestre Lamoureux et Ludmila Tcherina.
  • Les Amants de Teruel (1958). Création à Paris au Théâtre Sarah Bernhardt en 1959 par Ludmila Tcherina.
  • Antigone (1958-1959). Création à Londres en 1959 par l’Orchestre Symphonique de Covent Garden.
  • Antigone II (Antigone en prison) (1971). Création à Paris en 1973 par le Ballet Anne Béranger.
  • Electre (1979). Création à Athènes en 1979 par le Ballet de l’Opéra National Grec.
  • Zorba le Grec (1987-1988). Création en 1988 aux Arènes de Vérone par S. Mihailidou, V. Vassiliev, le Chœur et le Ballet de l’Arena di Verona.

Source(s) du catalogue

Les œuvres inachevées ne sont pas incluses au catalogue.
Les partitions éditées sont disponibles chez les éditeurs Schott et Nakas Musical Editions.

  • KOUTOULAS, O Μουσικός Θεοδωράκης (Mikis Theodorakis : le musicien), Athènes, Livanis, 1998.
  • STIGA, Kalliopi, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire, Thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon II, 2006
  • Archives personnelles de Kalliopi Stiga.
  • Archives personnelles de Mikis Theodorakis.
  • Site web de Mikis Theodorakis : www.mikis-theodorakis.net

Musique de films :

  • Eva (1952-1953), réalisé par María Plytá. Création à Athènes en 1953.
  • Xypolyto tagma = Le bataillon déchaussé (1953), réalisé Gregg Tallas. Création en 1953 aux Etats-Unis par l’Orchestre Symphonique d’Athènes.
  • O Golgothas mias orfanis = Le calvaire d’une orpheline (1953). Création à Athènes en 1953 par D. Fampas (guitare).
  • Ill met by moonlight (1956-1957), réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger. Création en 1957.
  • Honeymoon (1958), réalisé par Michael Powell : la musique du ballet Les Amants de Teruel et la chanson An thymitheis t’oneiro mou, sur la poésie de Nikos Gatsos. Création en 1958 par l’Orchestre Symphonique de la RAI.
  • Michel de Skiathos (1960). Création en 1961.
  • Faces in the Dark, réalisé par David Eady (musique pour Ondes Martenot et percussions, 1960). Création au Royaume Uni en 1961.
  • Myrtia (1960-1961). Création en 1961 par I. Giovanna.
  • Synoikia to oneiro = Quartier de rêve, réalisé par Alekos Alexandrakis (1960-1961). Création en 1961 par Grigoris Bithikotsis.
  • The Shadow of the cat (1961). Création en 1961
  • Synantisi mias nychtas = Rencontre d’une nuit (1961). Création en 1961.
  • Phaedra, réalisé par Jules Dassin (1961). Création en 1962 par Melina Merkouri.
  • Prodomeni Agapi = Amour Trahi (sur la poésie d’Errikos Thalassinos, 1961-1962). Création en 1962 par G. Lydia, Grigoris Bithikotsis.
  • Electre, réalisé par Michael Cacoyannis (comprend la chanson O Ilios koitaxe ti gi, sur la poésie de M. Kakogiannis, 1961-1962). Création en 1962.
  • Manolis, réalisé par Paul H. Crosfield (1962, Londres). Création en 1962.
  • Les Amants de Teruel, réalisé par Raymond Rouleau (1961-1962). Création en 1962 par Edith Piaf.
  • Five miles to midnight, réalisé par Anatole Litvak (1962). Création à Paris en 1962.
  • Zorba le Grec, par Michael Cacoyannis (1964). Création à New York en 1964.
  • To Nisi tis Afroditis = L’île d’Aphrodite (1961-1964). Création en 1965 par Grigoris Bithikotsis.
  • Une balle au cœur, réalisé par Jean-Daniel Pollet (1964-1965). Création en 1965.
  • Bloko, réalisé par Ado Kyrou (1965). Création en 1965.
  • The day the fish came out, réalisé par Michael Cacoyannis (1966). Création en 1967.
  • Partizani, réalisé par Stole Janković (1970). Création en 1974.
  • Les Troyennes, réalisé par Michael Cacoyannis (1970-1971). Création en 1971 par Maria Farantouri.
  • Biribi, réalisé par Daniel Moosmann (1971). Création 1971 par Mouloudji.
  • État de Siège, réalisé par Costa-Gavras (1971-1972). Création en 1972 par Los Calchakis.
  • The Story of Jacob and Joseph, réalisé par Michael Cacoyannis (1972-1973). Création en 1974 par T. Diakogiorgis et l’Orchestre Symphonique de Londres.
  • Sutjeska-La cinquième offenssive (Tito), réalisé par Stipe Delić (1973). Création en 1973.
  • Serpico, réalisé par Sidney Lumet (1973). Création en 1973.
  • Der Geheimnisträger, réalisé par Franz Josef (1975). Création en 1975.
  • Actas de Marusia, réalisé par Miguel Littin (1975). Création en 1976.
  • Iphigénie à Avlis, réalisé par Michael Cocayannis (1976). Création en 1977.
  • O anthropos me to garifalo = L’homme à l’œillet, réalisé par Nikos Tzimas (1980). Création en 1980 par M. Zorbala et le Chœur de l’Université d’Athènes.

Musique de ballets

  • Elliniki Apokria = Carnaval grec (1953). Création à Athènes en 1953 par l’Orchestre National d’Athènes (KOA).
  • Agapi kai Thanatos = Amour et Mort (1956-1958). Création à Athènes en 1956 par le Chorodrama Grec de Rallou Manou.
  • Erophili (1958). Création à Athènes en 1958 par le Chorodrama Grec de Rallou Manou.
  • Le Feu aux poudres (1958). Création à Paris en 1959 par l’Orchestre Lamoureux et Ludmila Tcherina.
  • Les Amants de Teruel (1958). Création à Paris au Théâtre Sarah Bernhardt en 1959 par Ludmila Tcherina.
  • Antigone (1958-1959). Création à Londres en 1959 par l’Orchestre Symphonique de Covent Garden.
  • Antigone II (Antigone en prison) (1971). Création à Paris en 1973 par le Ballet Anne Béranger.
  • Electre (1979). Création à Athènes en 1979 par le Ballet de l’Opéra National Grec.
  • Zorba le Grec (1987-1988). Création en 1988 aux Arènes de Vérone par S. Mihailidou, V. Vassiliev, le Chœur et le Ballet de l’Arena di Verona.

Bibliographie sélective

Écrits de Mikis Theodorakis
  • Journal de Résistance, Paris, Flammarion, 1971.
  • Culture et dimensions politiques, préface de Roger Garaudy, Paris, Flammarion, 1972.
  • Η Μουσική για τις Μάζες (La musique pour les masses), Athènes, Olkos, 1972
  • Les Fiancés de Pénélope, préface de François Mitterrand, Paris, Grasset, 1975.
  • Περί Τέχνης (Pour l’Art), Athènes, Papazisis, 1976, 238p.
  • Δημοκρατική και Συγκεντρωτική Αριστερά (La Gauche démocratique et centralisatrice), Athènes, Papazisis, 1976.
  • Μαχόμενη Κουλτούρα (La culture combattante), Athènes, Synchroni Epochi, 1982.
  • Music and Theater, Athènes, Eleftheriadis Group, 1983.
  • Ανατομία της Μουσικής (L’Anatomie de la musique), Athènes, Syhroni Epohi, 1983.
  • Για την Ελληνική Μουσική (Pour la musique grecque), Athènes, Kastaniotis, 1986 (6e ed.).
  • Οι Δρόμοι του Αρχάγγελου (Les Chemins de l’Archange) - Autobiographie, Athènes, Kedros, (5 vol.), 1986-1995.
  • Αντιμανιφέστο (Contre-manifeste), Athènes, Gnoseis, 1989.
  • Ζητείται Αριστερά (À la recherche de la Gauche), Athènes, Sideris, 1990.
  • Μελοποιημένη Ποίηση (La Poésie mise en musique), (3 vol.), Athènes, Ypsilon, 1997-1999.
  • Να μαγευτώ και να μεθύσω (Que je sois enchanté et que je m’enivre…), Athènes, Livanis, 2000.
  • Που να βρω την ψυχή μου? (Où puis-je trouver mon âme ?), Athènes, Livanis, vol.I/Musique, vol.II/Art et Culture, vol.III/Idéologie, 2002-2003.
  • Το Μανιφέστο των Λαμπράκηδων (Le Manifeste des Jeunesses Lamprakis), Athènes, Ellinika Grammata, 2003.
  • Σπίθα- Για μια Ελλάδα ανεξάρτητη και δυνατή (Etincelle. Pour une Grèce Indépendante et Forte), Athènes, Ianos, 2011
Écrits sur Mikis Theodorakis
  • Jacques COUBART, Theodorakis ou la Grèce entre le rêve et le cauchemar, Paris, Julliard, 1969.
  • Georgios GIANNARIS, Theodorakis Mikis: Music and Social Change, New York, Praeger Publishers Inc., 1972.
  • Gail HOLST, Μίκης Θεοδωράκης, Θρύλος και Πολιτική στη Σύγχρονη Ελληνική Μουσική (Mikis Theodorakis, Légende et Politique dans la musique grecque contemporaine), Athènes, Andromeda, 1980.
  • Evagoras KARAGEORGIS, « Mikis Theodorakis », dans The New Grove Dictionary of Music and Musicians, Stanley Sadie, Oxford University Press, 2001, 2e ed., p. 354-355
  • Astéris KOUTOULAS, O Μουσικός Θεοδωράκης (Mikis Theodorakis : le musicien), Athènes, Livanis, 1998.
  • Fondas LADIS, Μίκης Θεοδωράκης, Το χρονικό μιας Επανάστασης, 1960-1967 (Mikis Theodorakis : La chronique d’une Révolution 1960-1967), Athènes, Exandas, 2001.
  • Giorgos LOGOTHETIS, Μίκης Θεοδωράκης: Θρησκεία μου είναι η Ελλάδα (Mikis Theodorakis : Ma religion, c’est la Grèce), Athènes, Agkyra, 2004.
  • Giorgos MALOUHOS, Άξιος Εστί (Il est digne d’être), Athènes, Livanis, 2 vol., 2004.
  • Pavlos PETRIDIS, Ο Πολιτικός Θεοδωράκης: 1940-1996 (Mikis Theodorakis : l’homme politique, 1940-1996), Athènes, Proskinio, 1997.
  • Gérard PIERAT, Mikis Theodorakis: le roman d’une musique populaire, Collection Folk and Rock, Albin Michel, 1976.
  • Georges et Iro SGOURAKIS, Μίκης Θεοδωράκης: Κινηματογραφική αυτοβιογραφία. Ντοκουμέντα της ζωής και του έργου του (Mikis Theodorakis : Autobiographie cinématographique. Documents sur sa vie et son œuvre), Archives de Crète/Sgourakis Georges et Iro, Athènes, 2005, (ouvrage accompagné de deux dvd).
  • Kalliopi STIGA, Mikis Theodorakis : le chantre de la musique savante et de la musique populaire, Thèse de Doctorat, Lyon, Université Lumière-Lyon II, 2006.
  • Guy WAGNER, Mikis Théodorakis : Une vie pour la Grèce, Paris, PHI, 2000.

Discographie

  • * Άξιον Εστί* (Il est digne d’être), solistes : Grigoris Bithikotsis, Manos Katrakis, Dimitriev, Chœur Mixte de Thalia Vyzantiou et Petit Orchestre d’Athènes, Mikis Theodorakis (direction), 1 cd Minos-EMI, 14C 045 702012/22.
  • Το Τραγούδι του Νεκρού Αδελφού (La Ballade du Frère Mort), 1 cd Minos-EMI, 14C 045 702072.
  • Canto General, solistes : Maria Farantouri, Petros Pandis, Choeur et Orchestre St Jacob, Mikis Theodorakis (direction), 2 cd Minos-EMI, 15010/11.
  • Ηλέκτρα (Electra), St Petersburg State Academic Capella Choir and Orchestra, Mikis Theodorakis (direction), 1 cd Intuition, INT 3312 2.
  • Αντιγόνη (Antigone), St Petersburg State Academic Capella Choir and Orchestra, Alexander Tchernouchenko (direction), 1 cd Intuition, INT 3316 2.
  • Μήδεια (Médéa), St Petersburg State Academic Capella Choir and Orchestra, Mikis Theodorakis (direction), 1 cd Intuition, INT 3320 2.

Filmographie

  • Mikis Theodorakis: The Composer, réalisé par Asteris Koutoulas et Klaus Salge, November Film/ZDF-Arte, 2011.

Sites Internet

  • Site de Mikis Theodorakis (en anglais, en français et en allemand) : www.mikis-theodorakis.net
  • Page de la Grande Bibliothèque Musicale « Lilian Voudouri » consacrée à Mikis Theodorakis (en grec) : digma.mmb.org.gr

(liens vérifiés en septembre 2021).