Mikis Theodorakis, fils de Georges Theodorakis (originaire de Chania, Crète) et d’Aspasia Poulakis (originaire de Çeşme en Asie Mineure – actuelle Turquie), naît le 29 juillet 1925 sur l’île de Chios (mer Egée Orientale).

Bercé de musique byzantine et démotique grecque, c’est à douze ans que Theodorakis se met au violon et compose ses premières chansons, fondées sur des textes poétiques néohelléniques et qui seront regroupées dans le recueil Chansons pour les enfants, petits et grands.

Peu après, il commence des études au Conservatoire d’Athènes bientôt interrompues par sa participation à la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale (1940-1944) puis à la Guerre Civile Grecque (1945-1949). Au cours de celle-ci il est exilé à Icaria et à Makronissos (1947-1949). Pendant la Résistance, il est initié à l’idéologie marxiste et léniniste et s’engage de manière absolue à défendre l’idée de Liberté. Musique et politique deviennent ainsi les deux éléments complémentaires qui déterminent sa vie.

Theodorakis reprend et achève ses études, obtenant ses diplômes d’harmonie, de contrepoint et de fugue en 1950-51 et commençant sa carrière de compositeur en Grèce.

En 1953, il épouse la doctoresse Myrto Altinoglou qu’il avait rencontrée en 1943. En 1954, tous deux obtiennent des bourses d’études de la Fondation Nationale des Bourses (I.K.Y.) et partent à Paris où Theodorakis retrouve son ancien ami et allié-combattant Iannis Xenakis. Il s’inscrit au Conservatoire National de Paris et suit les cours d’analyse musicale d’Olivier Messiaen et de direction d’orchestre d’Eugène Bigot.

La période de 1954 à 1960 est caractérisée par une activité intense dans le milieu musical européen : Theodorakis compose des œuvres symphoniques, de la musique de chambre, des ballets et des musiques de film. En 1957, sa Suite n° 1 pour piano et orchestre obtient le Prix d’Or au concours de composition du Festival International des Jeunesses de Moscou, prix qui lui est remis par Dimitri Chostakovitch.

En 1958 naît le premier enfant de Theodorakis, Margarita. C’est l’année de la composition du cycle de chansons L’Épitaphe inaugurant ce que Theodorakis lui-même baptisera le « mouvement de la chanson savante-populaire », et jetant les bases de la révolution culturelle grecque des années 1960.

En 1959, sur la recommandation de Darius Milhaud, la William and Noma Copley Foundation lui décerne son Prix du Meilleur Compositeur Européen.

En 1960 naît le deuxième enfant de Theodorakis, Georges. Quelques mois plus tard la famille rentre en Grèce.

En 1963, dans un climat politique très instable, intervient le meurtre du député communiste de la Gauche Démocratique Unie (E.D.A.) et pacifiste Grigoris Lambrakis. En hommage au député assassiné, Theodorakis crée l’organisation de la Jeunesse Lambrakis, mieux connue sous le nom de Lambrakides, dont il est élu président. Il commence une grande campagne politique et culturelle encourageant la création d’associations culturelles à travers toute la Grèce.

En 1964, Theodorakis est élu député de l’E.D.A. et poursuit parallèlement son cheminement artistique.

Rêvant de faire une « musique pour les masses », fondée sur la « chanson savante-populaire », Theodorakis va mettre en musique pendant plus de vingt ans, les œuvres de grands poètes du XXe siècle, grecs et étrangers comme Georges Séféris, Odysseus Elytis, Yannis Ritsos, Costas Varnalis… mais aussi Brendan Behan, Federico García Lorca, Pablo Neruda et d’autres. Ainsi, naissent : Épiphanie, Enas omiros, Romancero Gitano ou encore Canto General.

C’est avec la musique du film Alexis Zorbas [en version française : Zorba le Grec] (1965) de Michael Cacoyannis que Theodorakis devient célèbre dans le monde entier. L’année suivante, une commission internationale composée de Pablo Casals, Darius Milhaud et Zoltán Kodály, lui décerne le Prix Sibelius.

Le 21 Avril 1967, date du coup d’état des colonels, Theodorakis entre en clandestinité. Ce même jour, il adresse au peuple grec le premier appel à la Résistance, diffusé, comme il le précise dans son ouvrage La Dette, dans la plus grande discrétion par tous les moyens possibles – téléphone, bouche à oreille et tracts. Quelques jours plus tard, il déclare la fondation de l’organisation de résistance Front Patriotique (PA. M.). Le 11 juin, le gouvernement interdit toute la musique de Theodorakis sous peine de poursuite pénale. Le compositeur est arrêté, torturé, emprisonné, exilé. Son état de santé inquiétant mobilise plusieurs personnalités étrangères telles que Dimitri Chostakovitch, Aram Khatchaturian, Dmitri Kabalevski, Louis Aragon, Laurence Olivier, Arthur Miller. Avec l’aide de Jean-Jacques Servan-Schreiber il s’évade et arrive à Paris. Jusqu’en 1974, il donne, partout dans le monde, des conférences de presse et d’innombrables concerts qui constituent autant d’actes de protestation publique contre la dictature où qu’elle s’exerce.

Avec la chute du régime des colonels, en juillet 1974, Theodorakis rentre en Grèce où le peuple le reçoit triomphalement à l’aéroport. Il donne plusieurs concerts pendant lesquels le public fête la restauration de la Démocratie en interprétant les chansons qui étaient interdites pendant sept ans.

En 1977, Theodorakis organise le festival Août Musical au théâtre du Lycabette où ses œuvres les plus importantes sont présentées lors de vingt-huit concerts successifs.

Parallèlement, il participe aux affaires publiques que soit en tant que simple citoyen ou qu’élu au Parlement sous l’étiquette de l’E.D.A. (1964), du Parti Communiste Grec (K.K.E.) (1981, 1985), de la Nouvelle Démocratie (1990).

Pendant une vingtaine d’années, Theodorakis qui vit entre la France et la Grèce, se consacre plus particulièrement à la composition de musique symphonique.

En 1992, son œuvre Canto Olympico, commandée par le Comité International Olympique, est créé lors des Jeux Olympiques de Barcelone.

En 1993-94, il prend en charge la direction générale des Ensembles Musicaux de la Radio Télévision Grecque (ERT).

En 1995, il se réinstalle à Paris et compose son quatrième opéra Antigone, tandis que son troisième, Électre, est créé au Luxembourg.

En 1997, il fait don de toutes ses archives à la Grande Bibliothèque Musicale Lilian Voudouri d’Athènes.

En 2002, il présente son dernier opéra Lysistrata dans le cadre de l’Olympiade Culturelle.

Plusieurs Prix ont été décernés à Mikis Theodorakis : Prix Lénine pour la Paix (1983), Prix Onassis pour la Civilisation (2004), Prix Olympiart du Comité International Olympique (2004), Prix International de Musique de l’Unesco (2005), Prix russe « Dialogues des Civilisations » (2005). En 2000, sa candidature pour le Prix Nobel de la Paix est soutenue par plusieurs gouvernements, hommes politiques et artistes à travers le monde. Par ailleurs, il a été élevé au grade d’Officier de la Légion d’Honneur (1996) par le Président Mitterrand, puis de Commandeur de la Légion d’Honneur (2006) par le Président Chirac. Il est Docteur Honoris Causa de l’Université d’Athènes (1996), de l’Université du Québec à Montréal (1998), de l’Université de Thessalonique (2000), de l’Université de Crète (2005 et 2006).

Le 3 décembre 2013, il est admis solennellement à l’Académie d’Athènes.

© Ircam-Centre Pompidou, 2016

sources

  • Kalliopi STIGA, Mikis Theodorakis : le chantre du rapprochement de la musique savante et de la musique populaire. Thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon II, 2006.
  • Notices biographiques issues des Archives privées de Mikis Theodorakis.
  • www.mikis-theodorakis.net


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