Né le 16 décembre 1882 à Kecskemét, Kodály étudie la composition avec H. Koessler à l’Académie de Budapest, où il rencontre Béla Bartók. Choriste, violoncelliste autodidacte, puis pianiste et violoniste, Kodály se passionne également, en musicologue, pour la musique populaire. Dès 1906, en compagnie de Bartók, il parcourt les campagnes hongroises, puis de Transylvanie et de Roumanie, à la recherche des traditions le plus anciennes de la musique paysanne. En 1907 il se rend à Bayreuth, puis à Paris où il étudie avec Widor, et surtout rencontre Debussy.
Jusqu’en 1940 il enseignera la composition à l’Académie Franz Liszt, puis sera affecté à l’Académie hongroise des sciences, pour préparer (après le départ de Bartók) la publication scientifique et systématique de la musique populaire hongroise. Ses activités multiples de compositeur, professeur, folkloriste, musicologue et journaliste, en ont fait la figure dominante de la vie musicale hongroise de ce siècle. Plus important là-bas encore que Bartók ou Ligeti qui se sont exilés. Mis à la retraite en 1942, Kodály est en effet toujours resté «au pays», et devint le «sage» de la musique hongroise pendant les périodes troublées de la guerre et du communisme. Aidant, par ses interventions et par son oeuvre, les jeunes compositeurs de l’époque (Ligeti, Kurtág) : sa musique chorale leur montrait la voie ; celle d’un art authentiquement populaire et non absurdement réaliste-socialiste.
Pour les Hongrois, il est le musicien qui «a fait chanter tout un peuple», imposant la «méthode Kodály» qui préconise l’étude du chant dès l’école primaire. Et son oeuvre chorale est d’ailleurs la plus importante, tant par sa quantité que par sa qualité : plus d’une centaine de partitions, de la pièce didactique pour les enfants, à de véritables morceaux expérimentaux, en passant par de simples harmonisations de mélodies populaires, ou la mise en musique des plus beaux poèmes de la littérature hongroise, y compris de la poésie contemporaine d’Ady ou de Weörös. Comme Debussy, ou Janacek, Kodály est avant tout respectueux dans sa musique vocale des rythmes de la prosodie, et des lignes mélodiques de l’intonation. Kodály ne composa pratiquement plus que des choeurs après 1927 et jusqu’à sa mort, nous laissant une oeuvre vocale d’une extraordinaire diversité : chants guerriers, comptines, scènes bibliques ou de la vie quotidienne, plaintes amoureuses ou pamphlets politiques, et chaque fois cet équilibre d’une forme héritée de son étude de Palestrina et de Bach, avec le jaillissement des mélodies populaires.
Son oeuvre instrumentale est plus limitée dans le domaine symphonique (Suite de l’opéra Háry János, Danses de Galanta et de Marosszék, Symphonie en ut). N’ayant jamais essayé, comme Bartók, de briser les forme et le langage classique, il est néanmoins parvenu à introduire dans ces oeuvres la spontanéïté, les modes archaïques, la monodie, de la chanson paysanne, le tout restant teinté d’un «impressionnisme» debussyste. Sa musique de chambre traverse plusieurs périodes : néo-brahmsienne avant 1907, elle culmine pendant sa maturité avec la Sonate pour violoncelle seul (1915), où l’instrument prend toutes les couleurs de la musique hongroise : tour à tour harpe, cymbalum, cornemuse, ensemble tzigane jouant le «Verbunkos»… Il a égalementcomposé deux remarquables quatuors à cordes.