Augusta Read Thomas prend des leçons de piano dès l’âge de 4 ans à la St. Paul’s School (Concord, dans le New Hampshire). Son professeur lui confie souvent de petits projets de composition, qui seront selon elle à l’origine de sa vocation de compositrice. Elle commence à jouer de la trompette en troisième année, et se spécialise ensuite dans cet instrument.
Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, Thomas s’inscrit comme étudiante en musique (avec une spécialisation en trompette) à la Northwestern University en 1983 où elle étudie avec Alan Stout et Martin William Karlins. De 1986 à 1987, Augusta Read Thomas étudie la composition avec Oliver Knussen à Tanglewood, puis en 1988 elle suit les enseignements de Jacob Druckman à l’Université de Yale. Reçue entre temps à la Royal Academy of Music de Londres, elle étudie avec Paul Patterson, et obtient une maîtrise.
Tout juste diplômée de la Royal Academy of Music, Thomas reçoit une bourse Guggenheim en 1989. À 23 ans, elle est la plus jeune femme à recevoir cet honneur à l’époque. Peu après, elle commence à enseigner à l’Eastman School of Music. Elle y est titularisée à l’âge de 33 ans. Pendant son séjour à Eastman, elle est nommée compositeur Mead en résidence au Chicago Symphony Orchestra par les chefs d’orchestre Pierre Boulez et Daniel Barenboim. Elle devient la plus ancienne compositrice en résidence Mead, ayant occupé ce poste de 1997 à 2006. Sa résidence se concrétise par la création en 2007 de son œuvre Astral Canticle, l’une des deux œuvres finalistes pour le prix Pulitzer de musique.
Peu après sa titularisation à Eastman, elle retourne à Chicago pour enseigner à la Northwestern University School of Music jusqu’en 2008. En 2010, Thomas est nommée professeure universitaire de composition au département de musique de l’Université de Chicago.
Thomas est également investie dans des activités de programmation et dans la vie de la scène musicale de Chicago. En 2016, elle crée et co-commandite le Ear Taxi Festival, qui accueille plus de 350 musiciens, 88 compositeurs et 54 premières mondiales. Ce festival de deux jours a lieu à Chicago et vise à célébrer la scène de musique contemporaine en plein essor de la ville. La même année, elle fonde le Center for Contemporary Composition de l’Université de Chicago (C. C. C. C.), conçu commee un environnement dynamique, collaboratif et interdisciplinaire pour la création, l’interprétation et l’étude de la musique nouvelle, ainsi que pour le développement de carrière des compositeurs, interprètes et chercheurs émergents ou établis.
En 2022, elle préside le jury du prix ÉLAN lors de l’Académie du festival ManiFeste de l’Ircam.
Augusta Read Thomas reçoit de nombreux prix ainsi que des nombreuses bourses, notamment de la Fondation Siemens de Munich, du BMI, du National Endowment for the Arts (1994, 1992, 1988), de l’American Academy and Institute of Arts and Letters, de la Guggenheim Memorial Foundation, de la Koussevitzky Foundation, ou de la New York Foundation for the Arts. Le Prince Souverain de Monaco la décore Chevalier de l’Ordre du Mérite Culturel le 18 novembre 2015. Thomas est également membre de l’Académie américaine des arts et des lettres depuis 2009, et de l’Académie américaine des arts et des sciences, depuis 2012.
Sa musique est commandée par des ensembles et des institutions internationales, comme l’ensemble Chanticleer, le Cleveland Orchestra, le Chicago Symphony Orchestra, l’Opéra de Santa Fe, Radio France, le BBC Orchestra, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles ou la Fondation ASCAP.
Ses œuvres sont régulièrement jouées dans le monde entier, et sont dirigées par Christoph Eschenbach, Esa-Pekka Salonen, Daniel Barenboim, Pierre Boulez, Mstislav Rostropovich, Seiji Ozawa, Oliver Knussen, George Benjamin, Josephine Lee, Michael Lewanski, Bradley Lubman et George Manahan, entre autres.
Augusta Read Thomas est fermement ancrée dans la tradition musicale occidentale. Si elle revendique l’influence majeure de Jean Sébastien Bach, elle est tout autant marquée par Igor Stravinsky que par Benjamin Britten, Olivier Messiaen, Luciano Berio ou Pierre Boulez, auxquels elle emprunte clarté d’écriture, audace créative et effervescence mélodique et rythmique. Cherchant à détourner les codes du néoclassicisme et de la complexité moderniste, elle rebat par exemple les cartes du placement des instruments dans l’orchestre (Orbital Beacons, qu’elle dédie à Pierre Boulez), ou convoque une artiste de beatbox pour son opéra Sweet Potato Kicks the Sun. Quant à sa pièce In my Sky at Twilight, elle se situe à mi-chemin entre un cycle de chansons tradtionnelles et une cantate dramatique.
Son catalogue est exclusivement publié par G. Schirmer, Inc. (pour les œuvres composées avant le 31 décembre 2015) et Nimbus Publishing (pour les pièces composées depuis le 1er janvier 2016).
Prix et distinctions
- Centennial Award, Eastman School of Music, 2022Â ;
- Chevalier de l’Ordre du Mérite Culturel, Monaco, 2015 ;
- Ordre de Lincoln, Lincoln Academy of Illinois, 2014Â ;
- Nomination au Pulitzer Music Prize, 2007Â ;
- Nomination aux International Rostrum of Composers de l’UNESCO, 2001 ;
- Columbia University Bearns Prize, 1991Â ;
- Indiana State University Orchestral Music Prize, 1994Â ;
- Third Century Award, Office of Copyrights and Patents, 1989Â ;
- International Orpheus Prize, 1991.