Câest Ă Oneglia, au Nord-Ouest de la pĂ©ninsule italienne, que Luciano Berio voit le jour le 24 octobre 1925. Le cercle familial oĂč il vit jusquâĂ lâĂąge de dix-huit ans sera le lieu de sa premiĂšre Ă©ducation musicale essentiellement dispensĂ©e par son grand pĂšre Adolfo, et son pĂšre Ernesto, organistes et compositeurs. Il y apprend le piano et y pratique beaucoup la musique de chambre. Ă la suite dâune blessure Ă la main droite, il doit renoncer Ă une carriĂšre de pianiste et se tourne vers la composition. Ă la fin de la guerre, il entre au conservatoire Verdi de Milan, dâabord avec Paribeni (contrepoint et fugue) puis avec Ghedini (composition) et avec Votto et Giulini (direction dâorchestre).
Il gagne sa vie en tant que pianiste accompagnateur et rencontre la chanteuse amĂ©ricaine dâorigine armĂ©nienne Cathy Berberian quâil Ă©pouse en 1950 et avec laquelle il explorera toutes les possibilitĂ©s de la voix Ă travers plusieurs Ćuvres dont la cĂ©lĂšbre Sequenza III (1965). En 1952, il part Ă Tanglewood Ă©tudier avec Luigi Dallapiccola pour qui il Ă©prouve une grande admiration. Chamber Music (1953) sera composĂ© en hommage au maĂźtre. Au cours de ce sĂ©jour, il assiste Ă New York au premier concert amĂ©ricain comprenant de la musique Ă©lectronique. En 1953, il rĂ©alise des bandes sonores pour des sĂ©ries de tĂ©lĂ©vision. Ă Basle, il assiste Ă une confĂ©rence sur la musique Ă©lectroacoustique oĂč il rencontre Stockhausen pour la premiĂšre fois. Il fait alors ses premiers essais de musique sur bande magnĂ©tique (Mimusique n°1) et effectue son premier pĂšlerinage Ă Darmstadt oĂč il rencontre Boulez, Pousseur et Kagel et sâimprĂšgne de la musique sĂ©rielle Ă laquelle il rĂ©agit de façon personnelle avec Nones (1954). Il retournera Ă Darmstadt entre 1956 et 1959, y enseignera en 1960, mais gardera toujours ses distances par rapport au dogmatisme ambiant.
Berio sâintĂ©resse Ă la littĂ©rature (Joyce, Cummings, Calvino, Levi-Strauss) et Ă la linguistique qui nourriront sa pensĂ©e musicale. En 1955, il fonde avec son ami Bruno Maderna le Studio de phonologie musicale de la RAI Ă Milan, premier studio de musique Ă©lectro-acoustique dâItalie. De ses recherches naĂźtra notamment Thema (Omaggio a Joyce) (1958). En 1956, il crĂ©e avec Maderna les Incontri musicali, sĂ©ries de concerts consacrĂ©s Ă la musique contemporaine, et publie une revue de musique expĂ©rimentale du mĂȘme nom entre 1956 et 1960.
PassionnĂ© par la virtuositĂ© instrumentale, il entame en 1958 la sĂ©rie des Sequenzas dont la composition sâĂ©tendra jusquâen 1995, et dont certaines sâĂ©panouiront dans la sĂ©rie des Chemins. Ă partir de 1960, il retourne aux Ătats-Unis oĂč il enseigne la composition Ă la Dartington Summer School, au Millâs College dâOakland, Ă Harvard, Ă lâuniversitĂ© Columbia. Il enseigne aussi Ă la Juilliard School de New York entre 1965 et 1971 oĂč il fonde le Juilliard Ensemble (1967) spĂ©cialisĂ© dans la musique contemporaine.
Dans les annĂ©es soixante, il collabore avec Sanguineti Ă des Ćuvres de thĂ©Ăątre musical dont Laborintus 2 (1965) sera la plus populaire. Il appartient alors Ă la gauche intellectuelle italienne. En 1968 il compose Sinfonia qui, avec ses multiples collages dâĆuvres du rĂ©pertoire, traduit le besoin constant de Berio dâinterroger lâhistoire. Durant cette pĂ©riode, il intensifie ses activitĂ©s de chef dâorchestre.
Berio retourne vivre en Europe en 1972. Ă lâinvitation de Pierre Boulez, il prend la direction de la section Ă©lectroacoustique de lâIrcam (1974-1980). Il supervise notamment le projet de transformation du son en temps rĂ©el grĂące au systĂšme informatique 4x crĂ©Ă© par Giuseppe di Giugno. Enrichi de son expĂ©rience Ă lâIrcam, il fonde en 1987, Tempo Reale, lâInstitut Florentin dâĂ©lectronique live.
Son intĂ©rĂȘt pour les folklores lui inspire Coro (1975), une de ses Ćuvres majeures. Dans les annĂ©es quatre-vingt, Berio rĂ©alise deux grands projets lyriques : La Vera Storia (1982) et Un re in ascolto (1984) sur des livrets dâItalo Calvino. Tout en continuant Ă composer, il revisite le passĂ© Ă travers des transcriptions et des arrangements ou Ă travers la reconstruction de la DixiĂšme symphonie de Schubert (Rendering, 1989).
ParallĂšlement Ă son activitĂ© crĂ©atrice, Berio sâest impliquĂ© sans relĂąche dans des institutions musicales italiennes et Ă©trangĂšres. Sa notoriĂ©tĂ© internationale a Ă©tĂ© saluĂ©e par de nombreux titres honorifiques universitaires et prix dont un Lion dâor Ă la Biennale de Venise (1995) et le Praemium Imperiale (Japon). Luciano Berio meurt Ă Rome le 27 mai 2003.