Parcours de l' oeuvre de Mathias Spahlinger

par Martin Kaltenecker

En 2000, Spahlinger concluait un CV sur la phrase suivante : « Il est le reprĂ©sentant d’une avant-garde radicale et Ă©crit principalement de la musique pour orchestre et de la musique de chambre avec diffĂ©rents effectifs ». Cet avant-gardisme toujours revendiquĂ©, nourri au dĂ©but par la pratique d’une improvisation free jazz « dĂ©bridĂ©e » (P. N. Wilson), par la rencontre dĂ©terminante avec les fragments wĂ©bĂ©rniens (en particulier les op. 7, 9 et 11) et celle de la « musique concrĂšte instrumentale » de Helmut Lachenmann, se traduit d’une part dans des commentaires esthĂ©tiques oĂč Marx et Hegel sont mobilisĂ©s davantage que des explications techniques, et, de l’autre, par une « allĂ©gorisation » politique immĂ©diate du travail de l’écriture. Il y a chez Spahlinger des Ɠuvres engagĂ©es – comme phonophobie, qui rĂ©agit au mouvement Ă©tudiant de 1967-1968 – ou l’utilisation de textes politiques (in dem ganzen oceanouverfluchung), mĂȘme si les Ɠuvres vocales sont en minoritĂ©. De façon plus gĂ©nĂ©rale, selon le compositeur, la musique peut nous rendre conscients des chiffrages mĂȘmes avec lesquels nous la dĂ©chiffrons la rĂ©alitĂ©.

Spahlinger Ă©taye cette perspective de nombreux textes de Hölderlin, Marx, Adorno ou du philosophe Bruno Liebrucks, dont il cite souvent cette maxime : « La vĂ©ritĂ© n’apparaĂźt jamais en tant que telle, mais seulement comme la nĂ©gation dĂ©terminĂ©e d’une non-vĂ©ritĂ© dĂ©terminĂ©e de son Ă©poque ». C’est aussi avec des notions hĂ©gĂ©liennes que Spahlinger dĂ©finit la situation et le projet de la musique contemporaine depuis Schoenberg : si elle est « un sociolecte parmi d’autres », Ă  savoir un « langage esthĂ©tique, caractĂ©risĂ© [
] par le fait que son attention se dirige moins sur un contenu que sur la maniĂšre de le communiquer, le style, la technique, les procĂ©dĂ©s formels etc. », c’est qu’elle reprĂ©sente par lĂ  mĂȘme « le degrĂ© immĂ©diatement supĂ©rieur de la conscience de soi » dans l’histoire de la musique, un « saut qualitatif », ou encore, comme dit la PhĂ©nomĂ©nologie de l’esprit, un « éclair qui fait apparaĂźtre d’un coup la forme d’un nouveau monde », sans que pour autant cet univers, qui est « dĂ©composition » de celui antĂ©rieur, c’est-Ă -dire tonal, « ait dĂ©jĂ  acquis une rĂ©alitĂ© complĂšte, pas davantage qu’un nouveau né ». Il n’y a donc pas de progrĂšs, plutĂŽt « passage vers un Ă©tat supĂ©rieur de la conscience de soi, et non vers un autre Ă©tat de conscience 1. »

Chez Spahlinger, les opĂ©rateurs de ce passage sont les notions de nĂ©gation et d’ouverture. Le compositeur doit « pĂ©nĂ©trer amoureusement les principes d’ordre Ă  travers une dissection attentive », pour dĂ©faire les conventions et hiĂ©rarchies implicites. « Ce qui doit ĂȘtre proposĂ© Ă  l’écoute, ce n’est pas ce qui est composĂ©, mais quelque chose qui rĂ©sonne en mĂȘme temps, sans ĂȘtre visĂ©, sur quoi le compositeur n’a aucune prise, mais sur quoi il peut attirer l’attention grĂące Ă  ce qui l’entoure ». Ou encore : « Faire en sorte que la relation entre les sons que l’auditeur Ă©tablit avant mĂȘme d’écouter et qui dĂ©termine sa prĂ©-comprĂ©hension soit dĂ©placĂ©e vers une zone oĂč il pourra rĂ©flĂ©chir sur elle 2. » Il faut donc dĂ©faire tout ce qui dans la musique tonale va de soi, car « ne devient conscient que ce qui est nié » – par exemple les rapports premier plan/arriĂšre-plan, mesure/rythme, mĂ©lodie/accompagnement, son/bruit. Ainsi, « la nĂ©gation n’a rien de nĂ©gatif » et « composer n’est rien d’autre, au fond, qu’un mĂ©lange entre poser et nier ».

La forme ouverte revient sous diffĂ©rentes guises chez Spahlinger. 128 erfĂŒllte augenblicke (1976) consiste en un ensemble de « moments accomplis » qui vont de 37 secondes Ă  2 minutes, chacun construit Ă  partir d’une Ă©chelle de quatre degrĂ©s portant sur trois paramĂštres (hauteur, durĂ©e et timbre, celui-ci allant du son pur au bruit). Le parcours, qui commence par un son pur Ă  l’unisson (1er) et aboutit Ă  l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de bruits (128e), est Ă  dĂ©cider librement par les interprĂštes. De mĂȘme, verlorener weg (2000) existe sous deux versions, combinant diffĂ©remment treize types sonores(glissando juxtaposĂ© Ă  une structure descendant rĂ©guliĂšrement, escalier d’harmoniques, accord avec fluctuations de microintervalles, accord avec instrumentation changeante, unisson
), mais d’autres peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es. Outre l’improvisation qui revient dans rough/riff (strange?) (1981) pour solistes jazz et orchestre, inter-mezzo (1986) est prĂ©cĂ©dĂ© d’une « prĂ©face » oĂč les musiciens se prĂ©parent, essayent des gestes musicaux, oĂč un pupitre tombe pendant que rĂ©sonne la du piano.

La notion d’ouverture portera sur le traitement de la forme qui, fidĂšle Ă  une tradition allant de Hölderlin Ă  la « musique informelle » d’Adorno, doit Ă©viter de soumettre et de blesser le dĂ©tail. « La forme n’est pas le dĂ©roulement abstrait ou l’architecture, mais la coopĂ©ration de [tous les Ă©lĂ©ments], pour autant qu’elle veuille ĂȘtre un tout global, qui ne sera pas une fausse totalitĂ©, mais une totalitĂ© vĂ©ritable, dans laquelle le particulier est maintenu, une forme ouverte » ; voilĂ  la « forme au seul sens digne humainement, c’est Ă  dire comme un devenir qui perdure dans le rĂ©sultat, ce qui veut dire comme forme concrĂšte, et non pas comme forme en un sens abstrait ou que l’on pourrait en abstraire 3. »

Techniquement, Spahlinger se prĂ©occupe donc essentiellement, et dans presque toutes ses Ɠuvres, du rapport entre ordre et dĂ©sordre, dĂ©termination stricte et libertĂ© chaotique, provoquant des moments oĂč l’un verse dans l’autre. Dans morendo (1974), un mĂ©canisme rigide de polyrythmies (chacun des six musiciens joue des successions « compulsives » de signaux) cĂšde la place Ă  un ordre plus chaotique dans la seconde partie, oĂč des « individualitĂ©s Ă©mergent ». Dans éphĂ©mĂšre (1977) le degrĂ© zĂ©ro ou l’extrĂȘme vide de l’ordre sera symbolisĂ© par une suite de soixante-cinq coups de tambour Ă  blanc ; Spahlinger distingue d’ailleurs une rĂ©pĂ©tition organique, qui pose « une ponctuation et un but », d’une rĂ©pĂ©tition mĂ©canique, liĂ©e Ă  l’image de la boucle et de la roue, Ă  l’instar du 4e mouvement de la Suite lyrique de Berg, tout cela se diffĂ©renciant de la rĂ©pĂ©tition stupide d’un accord classĂ© dans la minimal music4. furioso (1990) s’inspire d’une phrase cĂ©lĂšbre de Hegel (Ă  propos de la libertĂ© absolue comme action nĂ©gative, pure fureur destructrice) et une rĂ©plique de La Mort de Danton de BĂŒchner (« Nous sommes le peuple et nous voulons qu’il n’y ait pas de loi, donc cette volontĂ© est la loi, donc au nom de la loi il n’y a plus de loi, donc qu’on l’exĂ©cute ! »). L’ordre doit ici se constituer Ă  partir d’une disparitĂ© extrĂȘme, d’oĂč Ă©mergent Ă  l’écoute quelques gestes mĂ©lodiques tonals ou des bribes de danses (Ă  partir du rythme d’un furiant hongrois, un 2 + 3).

L’utilisation du son bruitĂ© entre dans cette dialectique : « Si l’on enseignait les grattages derriĂšre le chevalet dans les conservatoires, je n’écrirais plus qu’avec des sons normaux » dit Spahlinger, ajoutant qu’il s’agit lĂ  tout de mĂȘme « d’une beautĂ© communiquĂ©e Ă  travers la laideur. Je les revendiquerais en ce sens pour faire une musique belle, la beautĂ© ne pouvant ĂȘtre autre chose alors que ce qui ne dĂ©tourne pas le regard de la laideur mais l’intĂšgre et la relĂšve 5. » Les vier stĂŒcke (1975) sont des miniatures qui ressortissent directement Ă  la « musique concrĂšte instrumentale » ; éphĂ©mĂšre entoure le piano d’instruments « vĂ©ritables » (casseroles, baquets, moules Ă  tarte, clous
) ; le soliste du concerto inter-mezzo s’arme de plectres, d’une gomme, d’un diapason, d’un gobelet en plastique
 et musica impura (1983) sonne encore comme du Lachenmann un peu brut de dĂ©coffrage : le style ou l’habitus de Spahlinger a souvent un cĂŽtĂ© direct, Ăąpre, Ă  prendre ou Ă  laisser, un peu rĂąleur parfois et comme en voulant forcer un accĂšs.

L’esthĂ©tique de Spahlinger se dĂ©ploie d’une façon remarquablement convaincante dans trois Ɠuvres conçues comme une trilogie et situĂ©es au centre de son catalogue. extension (1979-1980) pour violon et piano repose sur l’idĂ©e d’une variation oĂč tout se dĂ©velopperait en mĂȘme temps dans toutes les directions possibles : le compositeur emploie l’image d’un ballon que l’on gonfle pour dĂ©montrer l’extension de l’univers et oĂč chaque point s’éloigne de chaque autre Ă  la mĂȘme vitesse. Le rapport entre les parties de piano et de violon est prĂ©cisĂ©ment notĂ© au dĂ©but et Ă  la fin, puis les musiciens se sĂ©parent, traversant une Ɠuvre sans centre ni repĂšres, parfois proche de Cage. Les sections portent toutes un titre commençant par le prĂ©fixe ex- qui inspire des gestes ou actions musicales, tel exorde, exemption (« fais ce que tu veux »), expurgation (oĂč le violon est nettoyĂ© avec un chiffon), extrĂȘme, expression (avec allusion Ă  Pression de Lachenmann), explosion (un « champ de ruines » fait de citations).

Dans inter-mezzo (1986), sous-titrĂ© « concertato non concertabile tra pianoforte e orchestra», Spahlinger prend Ă©galement le verbe au sens de « se concerter », en travaillant avec les rĂ©sultats imprĂ©visibles d’ordres fixĂ©s d’avance. L’orchestre, ainsi que chacun des pupitres, est divisĂ© en deux, ce qui permettra un jeu avec des « ensembles » qui se dĂ©calent ou se croisent (par exemple des rĂ©pĂ©titions d’une suite d’impulsions rythmiques hors toute mesure de rĂ©fĂ©rence, allant de 2 Ă  25). Comme souvent chez Spahlinger, la forme est Ă  panneaux, chaque section travaillant un aspect ou geste prĂ©cis : hoquetus spatialisĂ©s, section avec/sans valeur mĂ©trique commune, musique ponctuelle, glissandos


passage-paysage (1989-1990), piĂšce orchestrale d’une durĂ©e de trois quarts d’heure, est peut-ĂȘtre le chef-d’Ɠuvre du compositeur. Elle comporte trois Ă©pigraphes : « La rĂ©flexion extĂ©rieure ne rĂ©flĂ©chit pas son propre passage mais regarde fixement l’égalitĂ© et l’inĂ©galitĂ© comme Ă©tant diffĂ©rents » (Liebrucks), «   le passage qui est l’essentiel et qui contient la contradiction » (Hegel) et « Viens dans l’ouvert, ami » (Hölderlin). L’Ɠuvre est lancĂ©e par les deux accords sur lesquels dĂ©bute l’HĂ©roĂŻque de Beethoven (quoique brouillĂ©s par des hauteurs adjacentes), un « commencement arbitraire », selon le compositeur, qui voudrait aussi « faire sentir que tout dĂ©veloppement, toute Ă©volution qui fait naĂźtre quelque chose de qualitativement autre comprend un certain degrĂ© d’arbitraire, et n’est en tout cas pas aussi logique que l’ordre syntaxique de formes connues, oĂč l’on sait exactement ce qu’il faut Ă©crire en gros Ă  tel ou tel endroit afin de produire l’effet formel que demande le passage en question ». La piĂšce reprĂ©sente un « passage permanent, avançant pas par pas, auquel la totalitĂ© n’impose aucune contrainte directionnelle ; certains objets, sans que cela constitue une rĂ©exposition, sont cĂŽtoyĂ©s Ă  nouveau, rencontrĂ©s lorsqu’on arrive d’une autre direction, vus sous une autre perspective ou de loin, comme lors d’une promenade 6. » Le projet formel se rĂ©sume aussi par l’image du « serpentin ».

Si les accords beethovĂ©niens reprĂ©sentent pour Spahlinger un objet trouvĂ©, l’auditeur qui les reconnaĂźt Ă©coutera cependant l’Ɠuvre Ă  partir de l’arriĂšre-plan de la symphonie classico-romantique et/ou d’une forme-sonate dĂ©mesurĂ©e – donc aussi comme une symphonie brouillĂ©e ou qui ne se constituerait plus. Il s’agit dans la premiĂšre section d’un travail sur des boucles, avec des Ă©lĂ©ments qui, par variation de paramĂštres ou insertions, disparaissent pour ĂȘtre rĂ©infectĂ©s lors du passage suivant. Une seconde partie – sorte de gigantesque second thĂšme lyrique – s’appuie sur un accord tenu, travaillĂ© de l’intĂ©rieur sur le modĂšle des micro-polyphonies de Ligeti, avec des modifications infimes de la sonoritĂ©, alors que le rythme et l’articulation ne changent pas, afin de « pousser Ă  bout l’ambiguĂŻtĂ© entre timbre et hauteur ». Une grande section centrale, lancĂ©e par trois coups solennels, aura des allures de dĂ©veloppement ; Ă  partir de 22’ (moitiĂ© de l’Ɠuvre) commence un « travail sur les accelerandos », d’oĂč Ă©mergent par deux fois de grandes octaves pathĂ©tiques sur si bĂ©mol (dominante de la tonique enfouie de mi bĂ©mol) ; peu aprĂšs 26’ se forment des figures de marche et de martĂšlements. Enfin, les dix derniĂšres minutes reprĂ©sentent un anti-finale ou encore un Abgesang non pas chantĂ© mais en Ă©tat de dessiccation : en se bloquant sur un si (celui de Wozzeck), une texture faite quasi exclusivement de pizzicatos BartĂłk propose la rĂ©pĂ©tition obstinĂ©e de petites salves sĂšches qui tombent comme des mikados, au rythme toujours diffĂ©rent. Une fin qui se veut ouverte : Ă  partir de lĂ , soutient Spahlinger, « on pourrait refaire une boucle avec n’importe quel autre passage de la piĂšce ».

Parmi les partitions qui ont suivi ce cette Ɠuvre, il faut citer le beau trio Presentimientos (1993), inspirĂ© d’une gravure des DĂ©sastres de la guerra de Goya et d’une technique isolĂ©e chez Schoenberg, Ă  savoir une Ă©criture Ă  trois voix dont deux forment une paire. Dans farben der frĂŒhe (« couleurs de l’aube », 2001), Spahlinger revient aux sons « classiques » du piano, « en appuyant sur la touche reset » pour revenir aux « nuances de gris » que l’opulence des modes de jeu avaient remplacĂ©s 7. Six piĂšces s’enchaĂźnent : un processus parcouru quatre fois avec des densitĂ©s diffĂ©rentes (1), un travail sur des accords atonaux (2), une Ă©tude sur les rĂ©sonances (3), sur des Ă©chelles « troublĂ©es » rĂ©parties spatialement sur les pianos (4), sur la modulation mĂ©trique (5), pour laquelle Spahlinger s’inspire de façon gĂ©nĂ©rale de Nicolaus A. Huber, et un semis de neuf caractĂšres trĂšs tranchĂ©s (6) comme « unitĂ© entre disjonction et conjonction ».

Plus rĂ©cemment, doppelt bejaht (« doublement affirmé », 2009) repose Ă  nouveau entre la tension entre une durĂ©e (4 heures lors de la crĂ©ation Ă  Donaueschingen) et une fragmentation extrĂȘmes. Il s’agit « d’études d’orchestre sans chef », situĂ©es « entre l’art conceptuel et le jeu interactif ». 52 musiciens, disposĂ©s en rang mais formant un carrĂ© ouvert, sont placĂ©s sur un podium, dans une salle oĂč le public peut circuler, mais aussi entrer et sortir. Les musiciens jouent 24 sections – « chacune symbolisant Ă©ventuellement la beautĂ© d’un moment accompli, d’un “beau passage” » – fixĂ©es en notation graphique et au moyen d’indications verbales. Il s’agit de propositions musicales spĂ©cifiques : jouer une infinitĂ© de hauteurs, une infinitĂ© de tempos (« rien n’est plus simple pour un groupe de musiciens responsables, qui deviennent compositeur et instrumentiste en un, d’exĂ©cuter autant de tempi qu’il y a de joueurs, chose absurde Ă  rĂ©aliser sous le diktat d’un chef et au cours d’innombrables rĂ©pĂ©titions 8 »), des unissons avec dĂ©viations, ou un « ritardando moltissimo »  L’effectif est Ă  choisir librement, Ă  moins qu’il ne dĂ©pende de la musique (le n° 18 indique « harmoniques 5 et 7 », impliquant les cordes). À la fin de chaque moment trois « ramifications » sont possibles, mais il faut opter aussi longtemps que possible pour la section qui diffĂšre le plus de celle qui vient d’ĂȘtre jouĂ©e.

Cette utopie d’une interaction responsable rĂ©sume plusieurs des obsessions de Spahlinger : proposer des modĂšles d’autogestion, concevoir un rapport heureux entre un moment de grĂące et une totalitĂ©, travailler par sections dĂ©limitĂ©es sur des propositions simples aussitĂŽt complexifiĂ©es. À Donaueschingen, en 2009, le rĂšglement syndical assurant Ă  chaque musicien une pause d’une demie heure pour une sĂ©ance de quatre heures, fit qu’à partir d’un certain moment quatre musiciens quittĂšrent le podium toutes les cinq minutes, faisant descendre parfois l’effectif Ă  28 instrumentistes. Mais « l’éther » dans lequel respire la musique de Spahlinger (pour reprendre un terme d’Adorno) se constitue prĂ©cisĂ©ment des rĂ©sistances que rencontre toute inscription de l’utopie dans la rĂ©alitĂ© sonore.


  1. politische funktion, p. 403 et gegen die postmoderne mode, p. 2 (voir bibliographie plus loin).
  2. CitĂ© par Peter N. Wilson, « Komponieren als Zersetzen von Ordnung. Der Komponist Mathias Spahlinger », Neue Zeitschrift fĂŒr Musik n° 149/4, p. 17.
  3. gegen die postmoderne mode, p. 5.
  4. « dies ist die zeit der konzeptiven ideologien nicht mehr », MusikTexte n° 113.
  5. Wilson, « Komponieren als Zersetzen von Ordnung », p. 20 et MusikTexte n° 95, p. 78.
  6. MusikTexte n° 39, p. 26 et texte accompagnant l’enregistrement chez col legno.
  7. Texte de prĂ©sentation de l’Ɠuvre.
  8. Texte de prĂ©sentation de l’Ɠuvre.
© Ircam-Centre Pompidou, 2013


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