Compositeur, chercheur et pédagogue, Marco Stroppa étudie la musique en Italie (diplômes de piano, musique chorale et direction de chœur, composition et musique électronique) auprès de Laura Palmieri, Guido Begal, Renato Dionisi, Azio Corghi et Alvise Vidolin (conservatoires de Vérone, Milan et Venise). De 1984 à 1986, grâce à une bourse de la Fondation Fulbright, il poursuit des études scientifiques au Media Laboratory du Massachusetts Institute of Technology des États-Unis (informatique musicale, psychologie cognitive et intelligence artificielle).

Entre 1980 et 1984 il collabore avec le centre de musique informatique (CSC) de l’Université de Padoue où il réalise sa première composition mixte, Traiettoria (1984), pour piano et ordinateur.

En 1982, à la demande de Pierre Boulez, il s’installe à Paris, où il travaille comme compositeur et chercheur à l’Ircam. Il y dirige aussi le département de recherche musicale entre 1987 et 1990, poste qu’il quitte pour se dédier entièrement à la composition, la recherche et l’enseignement. Les contacts ininterrompus avec cette institution depuis son arrivée en France ont été déterminants dans sa formation musicale et sa démarche de compositeur.

Pédagogue actif et apprécié, Marco Stroppa fonde en 1987 l’atelier de composition et musique informatique au Séminaire international Bartók à Szombathely en Hongrie, qu’il dirige pendant treize ans. Cette expérience lui permet de rencontrer les plus grands musiciens hongrois et de découvrir l’œuvre admirable de nombreux poètes. Ses pièces élet…fogytiglan, Dialogue imaginaire entre un poète et un philosophe (1997), et Hommage à Gy. K. (2004), témoignent de l’intensité de cette expérience.

Titulaire de plusieurs récompenses (entre autres, Prix ASCAP en 1985, Prix Cervo pour la Nouvelle musique en 1990, une mention au Prix Italia en 1992, le Kompositionspreis des Osterfestspiele de Salzburg en 1996), Marco Stroppa a également publié une trentaine d’essais dans plusieurs magazines internationaux. Il prépare un livre consacré à son travail avec le compositeur et musicologue Francis Courtot.

Depuis 1999 il est professeur de composition à la Musikhochschule de Stuttgart, succédant à Helmut Lachenmann. Il a également enseigné la composition aux conservatoires nationaux supérieurs de Paris et de Lyon et participe régulièrement aux activités pédagogiques de l’Ircam.

Souvent groupée autour de cycles thématiques — un cycle de pièces pour soliste et électronique inspirées par des poèmes de e.e. cummings : Miniature Estrose (2001), Auras (2003), little i (1996), I will not kiss your f.ing flag (2005), … of silence (2007), hist whist (2009), un cycle de concertos inspirés par des poèmes de W. B. Yeats : Upon a Blade of Grass pour piano et orchestre (1996), From Needle’s Eye pour trombone, double quintette et percussion (1996, révisé en 2008) — l’œuvre de Marco Stroppa est inspirée par la lecture de nombreux textes poétiques et mythiques et par le contact personnel avec des interprètes comme Pierre-Laurent Aimard, Cécile Daroux, Florian Hölscher, Thierry Miroglio, Jean-Guihen Queyras, Benny Sluchin.

Elle comprend plusieurs pièces pour instruments acoustiques et pour lutherie électronique, deux opéras radiophoniques, des œuvres de théâtre musical et de nombreux projets spécifiques, comme la musique pour le spectacle Race de Pascal Rambert, pour piano et électronique, créé au Festival Octobre en Normandie en 1997. On peut citer notamment Zwielicht pour contrebasse, deux percussions et projection du son à treize dimensions (1998) et Come Natura di Foglia, une commande de l’Ircam pour voix et électronique qui est sa première œuvre vocale (1997), suivie de Cantilena pour trois chœurs à seize voix (2003), de Lamento pour chœur à six voix (2006) et de Perchè non riusciamo a vederla, cris, appels et clameurs pour chœur a cappella avec alto obbligato ad libitum (2008).

Parmi ses œuvres orchestrales récentes, Ritratti senza volto composé pour l’orchestre de Paris en 2007, les concertos No Boughs pour piccolo et orchestre à cordes et And one by one we drop away pour violoncelle et orchestre en 2006, Like Milk Spilt pour accordéon, deux accordéons « ombres » et quatre groupes orchestraux en 2008 et Let me sing into your ear pour cor de basset et orchestre en 2010. Son premier opéra Re Orso, basé sur un texte d’Arrigo Boito, est créé à l’Opéra comique à Paris en 2012.

© Ircam-Centre Pompidou, 2019


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