NĂ© le 11 dĂ©cembre 1908 Ă  New York, Elliott Carter grandit dans un milieu bourgeois peu attirĂ© par les arts. Il apprend le piano dès l’âge de dix ans et joue, sans plaisir particulier, le rĂ©pertoire classique et romantique. Carter s’intĂ©resse davantage Ă  toutes les autres formes de culture dont il se nourrit avec aviditĂ© dans Greenwich Village alors en pleine Ă©bullition intellectuelle et artistique. De 1920 Ă  1926, il Ă©tudie Ă  la Horace Mann Hight School de New York. En 1924, il rencontre Charles Ives qui devient un ami, un guide et un modèle. En sa compagnie, il dĂ©couvre l’avant-garde musicale : Ruggles, Varèse, BartĂłk, les Viennois et Stravinsky. L’audition du Sacre du printemps est un Ă©vĂ©nement dĂ©terminant dans sa dĂ©cision de devenir compositeur. En 1925, son père l’emmène en Europe oĂą il prend conscience des ravages causĂ©s par la Grande Guerre. Il entre en 1926 Ă  l’UniversitĂ© d’Harvard dont le conservatisme musical le déçoit. Il se tourne alors vers d’autres enseignements qui lui apportent davantage de satisfaction : la littĂ©rature, mais aussi les mathĂ©matiques et la philosophie. Parallèlement, il poursuit ses Ă©tudes musicales Ă  la Longy School of Music oĂą il apprend le hautbois et consolide ses connaissances thĂ©oriques tout en chantant dans un chĹ“ur, le Harvard Glee Club, et en se produisant occasionnellement en public en tant que pianiste. C’est seulement en 1930 qu’il Ă©tudie la musique Ă  Harvard oĂą il obtient le diplĂ´me de Bachelor of Arts puis, en 1932, celui de Master of Arts. Walter Piston (harmonie, contrepoint) et Gustav Holst (composition) comptent parmi ses professeurs. En 1932, Carter part pour trois ans Ă  Paris parfaire sa formation auprès de Nadia Boulanger qui lui transmet sa science du contrepoint et Ă©largit sa connaissance de la musique ancienne.

Il rentre à New York au plus fort de la dépression. Il est alors engagé comme directeur musical du Ballet Caravan (1936-1940). Les œuvres qu’il compose sont marquées par la double influence du néoclassicisme et du populisme dont il se détachera progressivement. À partir de 1937, il publie de nombreuses critiques musicales dans la revue Modern Music, ainsi que des essais notamment sur des compositeurs, sur sa propre musique ou sur la situation du compositeur dans la société contemporaine. En 1939, il épouse Helen Frost-Jones, sculpteur et critique d’art, qui lui donnera un fils, David, en 1943. Il devient membre de la League of Composers (jusqu’en 1952) et de l’American Composers Alliance (jusqu’en 1950). De 1939 à 1941, Carter enseigne la musique, les mathématiques et le grec ancien au St-John’s College d’Annapolis, Md. De 1943 à 1945, il est consultant musical à l’Office of War Information. En 1945 (puis en 1950), il obtient la Bourse de la Fondation Guggenheim. Après la guerre, il devient membre de la Société Internationale de Musique Contemporaine (jusqu’en 1952, année où il prend la présidence de la section américaine). Il enseigne aussi la composition au Peabody Conservatory de Baltimore (1946-1948) tout en poursuivant ses recherches musicales dans le domaine du rythme.

L’année 1950 est marquée par son retrait à Tucson, Ariz. où il compose son Premier Quatuor. L’œuvre, qui remporte le Premier Prix du concours de composition de Liège en 1953, et donne une notoriété internationale qui ne cessera de grandir. Sa vie trouve un équilibre harmonieux entre l’enseignement de la composition dans diverses institutions (Queens College de New York (1955-56), Yale University (1960-62), Juilliard School of Music (1964), Cornell University (1967-68)), la production d’articles critiques et théoriques et la composition. Il voyage beaucoup notamment comme compositeur en résidence : Académie américaine de Rome (1963 et 1968), Berlin (1964), Getty-Center de Los Angeles (1992 et 1995). En 1961, il se rend à Tokyo en tant que délégué américain pour les Rencontres Est-Ouest.

Ă€ partir des annĂ©es quatre-vingt, l’activitĂ© compositionnelle ne cesse de s’intensifier Ă©cartant progressivement les autres tâches. L’exceptionnelle carrière de Carter a Ă©tĂ© couronnĂ©e par de prestigieuses distinctions parmi lesquelles : le Prix Pulitzer, Ă  deux reprises, en 1960 et 1973, pour son Second et son Troisième Quatuor, la MĂ©daille d’or du National Institute of Arts and Letters pour la musique, en 1971. Il est un des rares compositeurs amĂ©ricains Ă  avoir obtenu le Ernst Von Siemens Music Prize (Allemagne). En 1988, la France le nomme « Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres ». Il reçoit Ă©galement le Prix Prince Pierre de Monaco, en 1998.

© Ircam-Centre Pompidou, 2008


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