Kaija Saariaho, nĂ©e Kaija Anneli Laakkonen, est nĂ©e en Finlande le 14 octobre 1952. Elle Ă©tudie les arts visuels Ă  l’universitĂ© des arts industriels (aujourd’hui UniversitĂ© d’art et de design) d’Helsinki. Elle se consacre Ă  la composition avec Paavo Heininen, Ă  partir de 1976, Ă  l’acadĂ©mie Sibelius oĂč elle obtient son diplĂŽme en 1980. Elle Ă©tudie avec Klaus Huber et Brian Ferneyhough Ă  la Musikhochschule de Freibourg-en-Breisgau de 1981 Ă  1983, puis s’intĂ©resse Ă  l’informatique musicale Ă  l’Ircam durant l’annĂ©e 1982. Elle vit depuis Ă  Paris. Elle enseigne la composition Ă  San Diego, Californie en 1988-1989 et Ă  l’acadĂ©mie Sibelius Ă  Helsinki de 1997 Ă  1998, puis Ă  nouveau entre 2005 et 2009.

Le travail de Kaija Saariaho s’inscrit dans la lignĂ©e spectrale avec, au cƓur de son langage depuis les annĂ©es quatre-vingt, l’exploration du principe d’« axe timbral », oĂč « une texture bruitĂ©e et grenue serait assimilable Ă  la dissonance, alors qu’une texture lisse et limpide correspondrait Ă  la consonance ». Les sonoritĂ©s ductiles du violoncelle et de la flĂ»te se prĂȘtent parfaitement Ă  cette exploration continue : Laconisme de l’aile pour flĂ»te (1982) ou PrĂšs pour violoncelle et Ă©lectronique (1992) travaillent entre sons Ă©thĂ©rĂ©s, clairs et sons saturĂ©s, bruitĂ©s.

Son parcours est jalonnĂ© de nombreux prix qui couronnent ses Ɠuvres les plus importantes : Kranichsteiner Musikpreis pour Lichtbogen (1986), Ɠuvre qui rĂ©vĂ©la la tonalitĂ© personnelle et lumineuse de Kaija Saariaho au sein de l’esthĂ©tique spectrale ; Prix Ars Electronica et Italia pour Stilleben (1988), qui joue avec virtuositĂ© sur les errements de la conscience avec le mĂ©dium radiophonique. Dans les annĂ©es deux mille, son Ɠuvre sera encore maintes fois rĂ©compensĂ©e – Nordic Council Music Prize (2000), Prix Schock (2001), American Grawemeyer Award for Music Composition (2003), Musical America Composer (2008), Wihuri Sibelius Prize (2009), LĂ©onie Sonning Music Prize (Danemark, 2011), Grand prix lycĂ©en des compositeurs en 2013 pour Leino Songs. En 2018, la fondation BBVA lui dĂ©cerne le prix Frontiers of Knowledge pour sa contribution Ă  la musique contemporaine. En 2021, elle reçoit le Lion d’Or de la Biennale Musicale de Venise.

Les annĂ©es quatre-vingt marquent l’affirmation de son style, fondĂ© sur des transformations progressives du matĂ©riau sonore, qui culmine avec le diptyque pour orchestre Du cristal
à la fumĂ©e. Dans cette mĂȘme veine, citons les piĂšces NoaNoa, Amers, PrĂšs et Solar, Ă©crites en 1992 et 1993. Suit une brĂšve pĂ©riode de remise en cause, au moment mĂȘme oĂč la compositrice se trouve projetĂ©e sur la scĂšne internationale Ă  la faveur de nombreuses commandes. La composition de l’Amour de loin, opĂ©ra sur un livret d’Amin Maalouf, mis en scĂšne par Peter Sellars, signe une nouvelle Ă©tape oĂč les principes issus du spectralisme, totalement absorbĂ©s, se doublent d’un lyrisme nouveau.

AprĂšs cet opĂ©ra, dont l’enregistrement par Kent Nagano fait l’objet du Grammy Award 2011, Saariaho composera de nombreuses piĂšces orchestrales pour de prestigieuses formations, un deuxiĂšme opĂ©ra, Adriana Mater, une passion sur la vie de Simone Weil, La passion de Simone, deux Ɠuvres encore rĂ©alisĂ©es avec Sellars et Maalouf, et en 2008, un monodrame sur un livret de ce dernier d’aprĂšs Madame du ChĂątelet Émilie, crĂ©Ă© par Karita Mattila Ă  l’OpĂ©ra de Lyon en 2010. En 2012, elle compose Circle Map, piĂšce pour orchestre et Ă©lectronique, dont six poĂšmes de Rumi lus en persan servent de matĂ©riau pour la rĂ©alisation de la partie Ă©lectronique et d’inspiration pour l’écriture orchestrale. Son opĂ©ra Only the Sound Remains (2015), mis en scĂšne par Peters Sellars et inspirĂ© de deux piĂšces du thĂ©Ăątre NĂŽ traduites par Ezra Pound, est crĂ©Ă© en 2016 Ă  l’OpĂ©ra d’Amsterdam.

Son travail de composition s’est toujours fait en compagnonnage avec d’autres artistes, parmi lesquels le musicologue Risto Nieminen, le chef Esa-Pekka Salonen, le violoncelliste Anssi Karttunen (artistes finlandais tous issus du groupe « Korvat Auki ! » (« Ouvrez les oreilles ! »), collectif fondĂ© dans les annĂ©es soixante-dix Ă  Helsinki, et auquel Saariaho collabora) ; la flĂ»tiste Camilla Hoitenga, les sopranos Dawn Upshaw et Karita Mattila, ou encore, le pianiste Emmanuel Ax.

© Ircam-Centre Pompidou, 2019

sources

  • Site du Centre d’information sur la musique finlandaise (voir ressources documentaires).
  • SAARIAHO Kaija, « Timbre et harmonie »,dans Le timbre, mĂ©taphore pour la composition, Jean-Baptiste BarriĂšre, Ă©d., Paris, Ircam - Christian Bourgois, 1991, p. 412-453.
  • Risto NIEMINEN (Ă©d), « Kaija Saariaho », Les cahiers de l’Ircam, « Compositeurs d’aujourd’hui », n° 6, 1994, 95 p.


Vous constatez une erreur ?

IRCAM

1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43

heures d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h30 Ă  19h
Fermé le samedi et le dimanche

accĂšs en transports

HĂŽtel de Ville, Rambuteau, ChĂątelet, Les Halles

Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique

Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.