Vinko Globokar est nĂ© en 1934 Ă Anderny (France) de parents slovĂšnes. De lâĂąge de 13 Ă 21 ans, il vit Ă Ljubjana (SlovĂ©nie, Ă lâĂ©poque en Yougoslavie) oĂč il dĂ©bute comme tromboniste de jazz. Une bourse lui permet de retourner en France en 1955, oĂč il entreprend des Ă©tudes au Conservatoire national supĂ©rieur de musique de Paris. Par la suite, il passe des pĂ©riodes Ă Cologne, Berlin, avant de sâĂ©tablir entre Paris et Ă ĆœuĆŸemberk (SlovĂ©nie). Il Ă©tudie la composition et la direction dâorchestre avec RenĂ© Leibowitz puis avec Luciano Berio.
En tant que tromboniste, il suscite la crĂ©ation de toute une littĂ©rature contemporaine pour le trombone, dâauteurs tels que Luciano Berio, Mauricio Kagel, Karlheinz Stockhausen, RenĂ© Leibowitz ou encore Toru Takemitsu.
De 1967 Ă 1973, il occupe un poste de professeur Ă la Musikhochschule de Cologne. En 1969, il co-fonde le groupe dâimprovisation libre New Phonic Art avec Jean-Pierre Drouet, Michel Portal et Carlos Roque Alsina, puis devient le responsable du dĂ©partement de recherches instrumentales et vocales de lâIrcam jusquâĂ 1979. De 1983 Ă 1999, il enseigne et dirige le rĂ©pertoire du XXe siĂšcle auprĂšs de lâOrchestra Giovanile Italiana Ă Fiesole (commune de Florence). En 2003, il est nommĂ© membre dâhonneur de la SociĂ©tĂ© internationale pour la musique contemporaine (SIMC ou ISMC).
Comme compositeur, Vinko Globokar, citoyen du monde Ă©loignĂ© de toute attache nationale, est difficilement classable. Il compose des Ćuvres centrĂ©es sur le rapport de la voix et de lâinstrument â Discours II Ă VIII, Mutation pour orchestre chantant (2006-2007), ou du texte Ă la musique â Voie â oĂč la tradition se confronte Ă lâavant-garde â Kolo, du nom dâune danse traditionnelle balkanique, oĂč se mĂȘlent les Ă©lĂ©ments archaĂŻques folkloriques au traitement Ă©lectronique du trombone â, habitĂ© de diffĂ©rentes cultures Ătude pour Folklora I pour ensemble de solistes et Ătude pour Folklora II pour orchestre (1968), ĂlĂ©gie balkanique (1992). Il considĂšre que tout modĂšle dâorganisation existant dans la nature ou dans la culture peut devenir musique.
Son catalogue, qui dĂ©bute avec Plan pour quatre participants et un joueur de zarb (1965) et Voie pour narrateur, trois chĆurs et orchestre (1966), comprend aujourdâhui plus de cent compositions dans tous les genres, pour orchestre, chĆur, solistes, ainsi que de thĂ©Ăątre musical.
Il dirige ses Ćuvres avec les orchestres du Westdeutscher Rundfunk, de Radio France, Radio Helsinki, Radio Ljubjana, ainsi quâavec la Philarmonie de Varsovie, de JĂ©rusalem ou de Tokyo.
Il sâintĂ©resse par ailleurs au potentiel inventif de lâinterprĂšte, lâinvitant Ă crĂ©er collectivement â Concerto Grosso (1969-1975), Individuum/Collectivum, Ausstrahlungen, Ă©crite pour Michel Portal (1971), Damdaj pour neuf musiciens improvisateurs (2009).
PersuadĂ© que la musique doit aujourdâhui avoir un rĂŽle critique dans la sociĂ©tĂ©, il sâattaque Ă des problĂšmes dâordre social dans la plupart de ses Ćuvres, en particulier dans Les Ă©migrĂ©s (1986), thĂšme quâil reprend en 2012-2014 avec les piĂšces LâExil N°1, LâExil N°2 et Exil 3, ou dans lâopĂ©ra LâArmonia Drammatica (1987-1990). Des questions situĂ©es en dehors de la musique (dâordre politiques, sociales ou anthropologiques), sucitent lâinvention de nouvelles techniques, de nouveaux matĂ©riaux et de nouvelles formes de reprĂ©sentation â Les chemins de la libertĂ© pour orchestre sans chef (2003-2004), Masse Macht und Individuum pour quatre instruments solistes et deux orchestres (1995).
Nombre de ses Ćuvres se confronte Ă la thĂ©ĂątralitĂ©, frontalement dans Kaktus unter Strom pour instruments, Ă©lectronique et actions scĂ©niques (1999), sous une forme plus suggestive dans le cycle Der Engel der Geschichte (2000-2004), oĂč sâopposent deux orchestres en une mĂ©taphore guerriĂšre, ou Das Orchester oĂč le compositeur joue son propre rĂŽle (1974), dâautres fois enfin au service dâune recherche sonore comme dans Introspection dâun tubiste (1983). Le corps parfois devient lui-mĂȘme instrument : Corporel (1985) ou Res/As/Ex/Ins-pirer (1973) cherchent la fusion entre lâinstrument et lâinstrumentiste. Pour son soixante-quinziĂšme anniversaire, fĂȘtĂ© au festival de Ljubjana en 2009, Globokar compose DestinĂ©es machinales pour des instruments et des machines musicales de lâarchitecte Claudine Brahem, nouvelle exemple de ce que lâon pourrait nommer une thĂ©ĂątralitĂ© instrumentale.