Né en 1959 à Schwanenstadt (Autriche), Peter Ablinger fait des études d’arts graphiques à Linz. Parallèlement, il étudie le piano et se tourne vers le free-jazz. À partir de 1979, il étudie la composition à la Musikhochschule de Graz puis de Vienne auprès de Gösta Neuwirth et de Roman Haubenstock-Ramati. En 1982, il va vivre à Berlin où il enseigne à la Musikschule Berlin-Kreuzberg et dirige de nombreux festival et concerts, parmi lesquels le festival Klangwerkstatt. Il fonde en 1988 l’ensemble Zwischentöne, qui associe musiciens professionnels et musiciens amateurs, et qui a créé des œuvres de Christian Wolff, Christina Kubisch, Antoine Beuger, Pauline Oliveros, Alvin Lucier, Benedict Mason… Depuis 1993, il est régulièrement invité à enseigner à l’université de Graz et à diriger les ensembles Insel-Musik, Klangforum Wien et United Berlin. De 2012 à 2017, il est « Research Professor » à l’université de Huddersfield au Royaume-Uni.
En 1998, il reçoit le Förderpreis de l’Académie des arts de Berlin, en 2001, une bourse de la Villa Aurora, Los Angeles, en 2008 le prix de composition Andrzej Doborwolski pour l’ensemble de son œuvre, en 2010 le Deutschen Klangkunstpreis (prix allemand de l’art sonore) et en 2011 le prix de composition Ad Libitum.
Avec les compositeurs Bernhard Lang, Klaus Lang et Nader Mashayekhi, il fonde la maison d’édition ZEITVERTRIEB (Wien Berlin), qui, au-delà de la fonction traditionnelle de l’éditeur de musique, vise à accompagner le renouvellement des pratiques musicales (contexte d’écoute, lutherie, supports, etc.).
La musique de Peter Ablinger est fondée par une interrogation radicale sur la nature du son. Pour le compositeur, le bruit doit être utilisé pour ce qu’il est en lui-même, en dehors de toute dimension signifiante. Et dès lors, tout son devient un but en soi plutôt que le moyen d’une élaboration musicale, et réclame d’être écouté plutôt qu’« entendu» ou « compris ». Dans cette démarche, le timbre, le temps et l’espace, paramètres inhérents à toute composition, s’en trouvent conjointement mis en question.
Les œuvres prennent la plupart du temps la forme d’installations qui font appel à un environnement naturel ou artificiel particulier. Le résultat sonore varie alors selon le lieu où elles sont interprétées. Le compositeur laisse parfois même l’auditeur imaginer par lui-même ce résultat, comme dans les pièces promenades Wege (Weiss / Weisslich 9, 1986-1993) et Orte (lieux, Weiss / Weisslich 10, 1994). Ce cycle Weiss / Weisslich est composé de nombreuses œuvres sans véritables sons comme Sehen und Hören, composée de photographies (1994-2003) ou Arboretum, plantation d’arbre dessinée d’après des données acoustiques (1996-2008). Ses installations, souvent classées comme plastiques plutôt que sonores, placent néanmoins le visiteur dans la position d’un auditeur ; l’écoute peut naître du regard : Übersetzungen 1-8 (1997).
Comme il est courant dans le domaine des arts visuels, Ablinger conçoit ses œuvres par séries ou grands cycles : Weiss / Weisslich, Instrumente und ElektroAkustisch Ortsbezogene Verdichtung, Instrumente und Rauschen, Quadraturen, Augmented Studies… D’une pièce à l’autre, on y retrouve les mêmes problématiques, abordées sous un jour légèrement différent.
Une grande partie de son catalogue est constituée de « work in progress », pièces ouvertes et indéfiniment évolutives.