Pauline Oliveros naĂźt Ă Houston le 30 mai 1932, dâune mĂšre pianiste et dâun pĂšre danseur. TrĂšs tĂŽt, son oreille se rend sensible aux sons de lâenvironnement : le craquement de la radio Ă ondes courtes de son pĂšre ; le chant des oiseaux ou des grenouilles ; les voix de ses parents, mĂ©langĂ©s au bruit du moteur pendant les voyages en voiture⊠à lâĂąge de 9 ans, elle se prend de passion pour lâaccordĂ©on que sa mĂšre rapporte Ă la maison, un instrument quâelle Ă©tudie auprĂšs de Willard A. Palmer Ă la Moores School of Music de lâUniversitĂ© de Houston, tout en apprenant Ă jouer du cor et du tuba Ă lâĂ©cole.
La dĂ©couverte de son homosexualitĂ© lâincite Ă quitter le Texas, Ătat trĂšs conservateur. DĂ©cidĂ©e Ă devenir compositrice, elle dĂ©mĂ©nage Ă San Francisco en 1952, oĂč elle enseigne lâaccordĂ©on et le cor pour gagner sa vie et Ă©tudie la composition au San Francisco State College auprĂšs de Robert Erickson. Câest lĂ quâelle fait la connaissance de Terry Riley et Loren Rush, avec qui elle formera un Ă©phĂ©mĂšre trio dâimprovisation en 1957, lâannĂ©e mĂȘme oĂč elle dĂ©croche son diplĂŽme de composition. Plus tard, en 1964, elle participera Ă la crĂ©ation de In C de Terry Riley, Ćuvre fondatrice de lâesthĂ©tique minimaliste.
En 1958, elle vit une expĂ©rience de lâordre de lâĂ©piphanie en rĂ©alisant que son magnĂ©tophone enregistre des sons quâelle ne perçoit pas elle-mĂȘme. Elle dĂ©cide alors dâĂ©tendre autant que possible sa conscience des sons qui lâentourent.
LâannĂ©e suivante, elle sâassocie aux compositeurs Ramon Sender et Morton Subotnick pour monter, avec lâaide dâErickson, un studio dâĂ©lectroacoustique Ă lâUniversitĂ© de San Francisco. Leurs crĂ©ations, qui mixent improvisation et enregistrements sur bande, sont prĂ©sentĂ©es au cours dâun concert intitulĂ© Sonics, en 1960. La premiĂšre piĂšce Ă©lectronique dâOliveros, Time Perspectives (1961), rĂ©sulte de ces expĂ©riences. Sender et Subotnick quittent le conservatoire en 1961 pour crĂ©er le San Francisco Tape Music Center. Oliveros Ă©crit alors une piĂšce vocale, Sound Patterns, largement inspirĂ©e par lâexpĂ©rience Ă©lectronique, qui remporte le prix de la Fondation Gaudeamus.
En 1966, elle compose une sĂ©rie de piĂšces Ă©lectroacoustiques Ă lâUniversitĂ© de Toronto. La mĂȘme annĂ©e, le San Francisco Tape Music Center bĂ©nĂ©ficie de fonds de la Fondation Rockefeller, puis en 1967, accepte une bourse de 15.000 dollars pour rejoindre le Mills Center for Contemporary Music. Oliveros en devient la directrice â elle y composera la sĂ©rie des Bogs. En 1968, elle accepte un poste dâenseignante Ă lâUniversitĂ© de San Diego, oĂč elle rencontre le physicien et maĂźtre de karatĂ© Lester Ingber avec qui elle collabore Ă des recherches sur lâattention portĂ©e Ă lâĂ©coute de la musique. Ces recherches aboutiront en 1971 Ă la composition des Sonic Meditations.
Elle quitte San Diego en 1981, arrĂȘte momentanĂ©ment lâenseignement pour vivre de son art et sâinstalle Ă Kingston, dans le nord de lâĂtat de New York. En 1985, elle crĂ©Ă©e la Fondation Pauline Oliveros (qui deviendra, en 2005, le Deep Listening Institute), dont lâune des missions est de promouvoir lâĆuvre de femmes compositrices (Anna Rubin, Shelley Hirsch, Lois V. VierckâŠ) et dĂ©veloppe en 1988 la notion de deep listening (Ă©coute profonde) pour qualifier ses travaux croisant la musique et la pratique de la mĂ©ditation.
Ă lâinvitation de Joe Catlano, Oliveros participe en 1991 Ă une expĂ©rience « tĂ©lĂ©-musicale » consistant Ă faire jouer ensemble plusieurs musiciens situĂ©s dans six villes diffĂ©rentes : Kingston (NY), New York (NY), Houston (TX), San Diego (CA), Los Angeles (CA) et Oakland (CA). Ă partir de 1996, elle occupe la chaire dâenseignement Darius Milhaud Composer in Residence au Mills College, puis enseigne, de 2001 Ă sa mort, au Rensselaer Polytechnic Institute, Troy, NY. Au cours des annĂ©es 1990 et 2000, sa musique, longtemps restĂ©e confidentielle, sur disque, fait lâobjet de multiples Ă©ditions et rĂ©Ă©ditions, grĂące Ă lâactivisme de certains labels de musique expĂ©rimentale : Lovely Music, Important Records, Table of the Elements, Sub Rosa, Pogus, Hat HutâŠ
Oliveros est laurĂ©ate, en 1999, dâun prix de la Society for Electro-Acoustic Music in the United States, pour lâensemble de son Ćuvre, et en 2009, du prix William Schuman de lâUniversitĂ© de Columbia, pour lâensemble de sa carriĂšre. Une rĂ©trospective de son Ćuvre (de 1960 Ă 2010) a lieu au Miller Theater Ă lâUniversitĂ© de Columbia, le 27 mars 2010.
Pauline Oliveros meurt dans son sommeil le 24 novembre 2016. Elle était ùgée de 84 ans.