mise à jour le 28 décembre 2023

Francis Dhomont

Compositeur français résident canadien né le 2 novembre 1926 à Paris, et mort le 28 décembre 2023 à Avignon.

Formé à la musique auprès de Nadia Boulanger et Charles Koechlin, Francis Dhomont commence par composer de la musique instrumentale. Mais dès 1947, avant les débuts de la musique concrète telle que théorisée par Pierre Schaeffer, il expérimente avec l’un des premiers modèles de magnétophone Webster à fil. Il commence alors à enregistrer ce qui ne s’appelle pas encore des objets sonores et à composer avec.

Il s’installe aux Baux-de-Provence où il travaille le bois pour gagner sa vie et élever ses enfants. Il compose sur son temps libre dans un studio qu’il se crée à Avignon. Éloigné du milieu musical parisien, il commence à produire sa musique en circuit fermé et ne compose plus que des pièces acousmatiques. Suite à la découverte des œuvres du Groupe de Recherche Musicale, il y effectue un stage en 1973-1974 et programme leurs créations au festival Musiques multiples de Saint-Rémy-de-Provence qu’il a fondé et dont il est président de 1975 à 1979. C’est à l’occasion d’un de ces festivals qu’il rencontre la soprano Marthe Forget, avec qui il entreprend cette année-là un voyage au Canada à l’occasion duquel le compositeur choisit de s’établir au Québec. Il y effectue une résidence d’un an à la Faculté de Musique de l’Université de Montréal et reste vingt-six ans sur le sol canadien, pendant lesquels il écrit, compose et enseigne — notamment à l’Université de Montréal de 1980 à 1996. Il réside depuis 2004 en Avignon.

Le catalogue de Francis Dhomont, strictement consacré — outre quelques années à ses débuts — à la musique acousmatique témoigne de son intérêt pour cette forme qui constitue une absence totale de spectacle visuel. Affecté dans sa jeunesse de problèmes aux yeux, le compositeur est contraint de rester dans le noir pour se soigner. Ces conditions mêlées à la période de son apprentissage de la musique fait de celle-ci pour lui un événement strictement sonore.

C’est notamment la raison du thème récurrent de l’obscurité et de la nuit dans son catalogue, comme avec Figures de la nuit (1991), Studio de nuit (1992), Nocturne à Combray (1996) ou Forêt profonde (1996). Cette dernière œuvre, inspirée de La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim, témoigne également de sa sensibilité à la psychanalyse en tant que sujet de composition. Il lit et travaille sur les travaux de Ronald Laing, notamment sur Knots, un recueil de textes poétiques sur les confusions de l’esprit et les difficultés de rapports relationnels et tire plus tard de son livre Le moi divisé la pièce Sous le regard d’un soleil noir (1979-1981) qui traite de la schizophrénie. Cette œuvre constitue un bon exemple de la conception de Francis Dhomont de la musique électroacoustique comme permettant des « compositions sonores proches de l’opéra par leur dramaturgie mais d’un opéra sans chanteurs, sans instruments et complètement affranchi des conventions de l’art lyrique1 ». Souvent à la frontière du texte, même en l’absence de paroles, ses œuvres sont figuratives et cherchent à développer une idée, en témoignent les différents titres de ses cycles : le Cycle de l’errance, le Cycle du son, le Cycle des profondeurs…

Francis Dhomont est très actif au sein des institutions de la musique contemporaine : membre fondateur de la Communauté électroacoustique canadienne en 1986, il est aussi président du collectif Les Acousmonautes (Marseille) et « Ehrenpatron » de l’organisme Klang Projekte Weimar. En 2014, il devient Membre honoraire de la Confédération internationale de musique électroacoustique (CIME). Il a également assuré la direction de numéros des revues Musiques & Recherches et Circuit et réalisé plusieurs émissions pour Radio-Canada (Voyage au bout de l’inouï) et Radio France (L’Acousmathèque).

Prix et distinctions

  • Président d’honneur du Festival Klang! (Montpellier), 2017 ;
  • Grand prix Giga-Hertz-Preis, 2013 ;
  • Qwartz Pierre-Schaeffer, 2012 ;
  • Baiocco d’oro, 2012 ;
  • Doctorat honoris causa de l’Université de Montréal, 2007 ;
  • Prix de la meilleure création contemporaine électroacoustique de la Sacem, 2007 ;
  • Prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton du Conseil des arts du Canada, 1997 ;
  • Prix Ars Electronica “Auszeichnungen” pour Chiaroscuro, 1992 ;
  • 1er Prix de la Tape Music Competition de Brock University (Canada) pour Points de fuite, 1985 ;
  • Prix du Concours International de Bourges, 1976, 1979, 1981, 1984, 1988.

  1. In : Daniel TERUGGI (dir.), « Francis Dhomont », Portraits polychromes, Paris, INA-GRM, 2006, p. 14.

© Ircam-Centre Pompidou, 2023

Liens Internet

(liens vérifiés en juin 2023).

Bibliographie

  • Frédéric DALLAIRE, « Le (re)mixage musical de George Martin et Francis Dhomont : la modulation, le chevauchement, l’interférence », _in Intermédialités / Intermediality _, n° 23, printemps 2014.
  • Francis DHOMONT, « Dynamique de l’arrêt sur image » in Ouïr, entendre, écouter, comprendre après Schaeffer, Paris, Ina, Buchet/Chastel, 1999.
  • Francis DHOMONT (dir.), « L’espace du son », Musiques et Recherches n° 1, 1998.
  • Francis DHOMONT (dir.), « Petite apologie de l’art des sons fixés », in Circuit, Volume 4, numéro 1-2, 1993, p. 55–66.
  • « Francis Dhomont at 80 », Computer Music Journal, Volume 30 n° 3, Fall 2006, 108 p.
  • Chantal LAPLANTE, « Le tandem Dhomont-Vande Gorne : la connexion acousmatique Québec/Belgique », in Circuit, Volume 31, numéro 2, 2021, p. 69–78.
  • Andréa MARSOLAIS-ROY, Loriane TAKLA, Vanessa SORCE-LÉVESQUE, « Analyse de Espace/Escape, pièce électroacoustique de Francis Dhomont », Circuit, Volume 25, Number 2, 2015, p. 65-81.
  • Maxime MCKINLEY, « Ultime édition de Rien à voir. Entretien avec Francis Dhomont sur l’avenir acousmatique », in Circuit, Volume 16, numéro 3, 2006, p. 119-124.
  • Rosemary MOUNTAIN, « From Wire to Computer: Francis Dhomont at 80 », in Computer Music Journal, Vol. 30, No. 3 (Autumn, 2006), p. 10-21.
  • Daniel TERUGGI (dir.), « Francis Dhomont », Portraits polychromes, Paris, INA-GRM, 2006.

Discographie

  • Francis DHOMONT, Phoenix XXI ; Machin de machine ; Perpetuum mobile (Pluies fantômes) ; Quelques éclats ; Dénaturé parmé sons ; Happy new half-century, Adrian ; Glank-50 ; Forte-piano ; Tintamarre ! ; Petit souper magazine ; Le flux des sons ; La Bayle musique, dans « Images nomades », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2020, IMED 20167.
  • Francis DHOMONT, « Le Cri du choucas », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2016, IMED 16138.
  • Francis DHOMONT, Premières traces du choucas ; Brief an den Vater ; À propos de K, dans « Études pour Kafka », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2009, IMED 09102.
  • Francis DHOMONT, Here and there ; Je te salue, vieil océan ! ; Miroitements ; Artifices ; Météores ; Voyage-miroir ; Corps et âme, dans « …et autres utopies », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2006, IMED 0682.
  • Francis DHOMONT, Vol d’arondes ; En cuerdas ; Les moirures du temps ; Studio de nuit ; Lettre de Sarajevo ; Un autre printemps ; Drôles d’oiseaux ; L’électro, dans « Jalons », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2003, IMED 0365.
  • Francis DHOMONT, Corps et âme ; Simulacres : un autoportrait ; Figures dans la nuit ; Nocturne à Combray ; Mais laisserons-nous mourir Ariana ? ; Convulsive ! ; Autour de la Maison Usher ; Syntagmes ; Métonymie ou le corps impossible ; Cité du dedans, dans « Sonopsys N° 1 », 2 CD Sonopsys, 2002, SON 1.
  • Francis DHOMONT, Objets retrouvés ; AvatArsSon ; Novars ; Phonurgie, dans « Cycle du son », 1 CD Empreintes DIGITALes, 2001, IMED 0158.
  • Francis DHOMONT, « Frankenstein Symphony », 1 CD Asphodel, 1997, 0978.
  • Francis DHOMONT, « Forêt profonde », 2 CD Empreintes DIGITALes, 1996, IMED 9634.
  • Francis DHOMONT, Points de fuite ; … mourir un peu : Espace/Escape ; Novars ; Chiaroscuro ; Météores ; Signé Dionysos, dans « Mouvances - Métaphores », 2 CD Empreintes DIGITALes, 1991, IMED-9107 / 08-CD.
  • Francis DHOMONT, « Sous le regard d’un soleil noir », 1 vinyle INA-GRM, 1982, n° 9109 dh.