Connu comme le père de la musique concrète, Pierre Schaeffer est aussi un écrivain et un pionnier de la radio, notamment en tant que fondateur du service de la recherche de l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française), qu’il dirigea de 1960 à 1975. Chercheur, issu de l’École polytechnique en 1931, puis de l’École supérieure d’électricité et de celle des télécommunications, il a mené une réflexion non seulement sur la communication audiovisuelle, mais aussi, et surtout, sur la musique ; à ce titre, son œuvre théorique est aussi importante que sa production musicale proprement dite, relativement réduite.

En 1934, il est affecté à la direction régionale des télécommunications à Strasbourg. De 1935 à 1943, il suit les cours d’analyse musicale de Nadia Boulanger. En 1938, il entame une chronique sur la radiodiffusion dans la Revue musicale. Mobilisé en 1939 et démobilisé en juillet 1940, Pierre Schaeffer anime Radio Jeunesse en octobre, puis fonde Jeune France sous l’égide du ministère de la Jeunesse.

Fin 1941, il est nommé ingénieur à la radio de Marseille, où il rencontre Jacques Copeau. Avec lui, il organise en 1942 le stage de Beaune sur la radio et les arts-relais. Il crée cette même année le Studio d’essai au sein de la Radiodiffusion française et y enregistre La coquille à planètes, opéra radiophonique.

De ce studio consacré à l’expérimentation radiophonique va naître la musique concrète en 1948, avec notamment les Études de bruits. Rejoint par Pierre Henry, qui va devenir son plus proche collaborateur, il écrit plusieurs œuvres en commun avec celui-ci dont la Symphonie pour un homme seul (1949-1950), qui, chorégraphiée par Maurice Béjart, fera le tour du monde en 1955 et Orphée 51 ou Toute la lyre, première musique de scène mélangeant voix, instruments et bande magnétique.

Schaeffer fonde le Groupe de recherche de musique concrète au sein de la radio en 1951. En 1952, il publie À la recherche d’une musique concrète au Seuil et réalise une première anthologie des œuvres du Studio d’essai et du Club d’essai, qu’il intitule Dix ans d’essais radiophoniques (1942-1952).

En 1953, chargé de mission au ministère de la France d’outre-mer, Schaeffer crée la Sorafom (Société de radiodiffusion de la France d’outre-mer), organisme reconnu officiel en 1955 et dont il est remercié en 1957.

En 1958, année de composition de l’Étude aux allures, de l’Étude aux sons animés puis de l’Étude aux objets, le Groupe de recherche de musique concrète devient le Groupe de recherches musicales (GRM) qui va servir de laboratoire à toutes les expérimentations, pour aboutir finalement à la remise en question de notions a priori évidentes comme la musique, l’écoute, le timbre ou le son et sera plus tard codifiée dans le monumental Traité des objets musicaux (1966).

En 1960, le premier festival de la recherche est organisé, proposant des concerts, projections de films et rencontres. En 1962, est créé une première version du Concert collectif. Pierre Schaeffer entreprend une série de conférences dans de nombreux pays. Il abandonne en 1966 la direction du GRM à François Bayle et se consacre au service de recherche qu’il crée en 1960 jusqu’à son remplacement par l’Ina (Institut national de l’audiovisuel), en 1975. Il est alors membre du CNRS (1967-1975). À partir de 1968, il dirige un séminaire de musique expérimentale au Conservatoire national supérieur de musique. Il y reste professeur jusqu’en 1980.

Pierre Schaeffer présente en 1970 un bilan de la recherche sur les modes et systèmes de la communication audiovisuelle et de 1971 à 1975, il est président de la Commission de recherche du Conseil international du cinéma et de la télévision à l’UNESCO. En 1970 et 1972 paraissent les deux volumes des Machines à communiquer.

Il revient brièvement à la composition avec Le trièdre fertile (1975) et Bilude (1979) mais consacre l’essentiel de son temps aux recherches de réseaux spécifiques de communication et à son activité littéraire. De nombreuses émissions lui sont consacrées et il reçoit des honneurs tels que celui de membre honoraire de la faculté des Arts de l’Université de Tel Aviv en 1982 ou le Prix McLuhan de la communication à Montréal en 1989, ainsi que de nombreux hommages au Centre Georges-Pompidou, l’Ina, la Cité des sciences, Polytechnique, pour n’en citer que quelques-uns.

© Ircam-Centre Pompidou, 2010

sources

  • Jacqueline Schaeffer ;
  • Jocelyne Tournet, Sur les traces de Pierre Schaeffer 1942-1995, Ă©d. Ina et La Documentation française, 2006 ;
  • Sophie Brunet,Sylvie Dallet, Jacqueline Schaeffer, ItinĂ©raires d’un chercheur, Fonds Jacqueline Schaeffer.


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