Née à Graz en 1968, Olga Neuwirth commence la trompette à l’âge de sept ans, suivant sans doute en cela les pas de son père, pianiste de jazz réputé. À l’âge de 17 ans, elle passe une année entière à San Francisco, où elle étudie la composition et la théorie musicale (au Conservatory of Music) ainsi que les arts plastiques et le cinéma (à l’Art College).
Rentrée en Autriche en 1987, Olga Neuwirth poursuit ses études de composition à la Hochschule de musique et de théâtre de Vienne dans la classe de composition d’Erich Urbanner, études au terme desquelles elle soutiendra un mémoire de maîtrise sur « L’utilisation de la musique dans le film L’amour à mort d’Alain Resnais ». En parallèle, elle s’initie à l’électroacoustique à l’Institut de musique électroacoustique de Vienne auprès de Dieter Kaufmann et Wilhelm Zobl. Poursuivant plus avant dans cette voie, elle suit à Paris en 1993-1994, l’enseignement de Tristan Murail et participe à un stage en informatique musicale à l’Ircam. C’est durant ces années qu’elle rencontre Adriana Hölszky, Vinko Globokar et surtout Luigi Nono qui, comme Tristan Murail, auront sur elle et son développement créatif une influence décisive.
La reconnaissance vient dès 1991, avant qu’elle ne termine ses études, lorsque Elfriede Jelinek, future Prix Nobel de Littérature, la choisit pour réaliser avec elle deux mini-opéras pour le Wiener Festwochen. En 1994, elle fait partie du jury de la biennale du nouveau théâtre musical de Munich puis du forum des compositeurs aux cours d’été de Darmstadt. En 1996, elle reçoit une bourse du DAAD à Berlin. En 1998, son œuvre est présentée lors de deux concerts portraits dans le cadre de la série « Next Generation » au Festival de Salzbourg.
Elle retrouve Elfriede Jelinek et le Wiener Festwochen pour créer sa première grande pièce de théâtre musical, Bählamms Fest (1997-1998), d’après Leonora Carrington, une œuvre qui lui vaut le prix Ernst Krenek. L’année suivante, pour les 75 ans de Pierre Boulez, elle compose Clinamen / Nodus, qui sera créée à Londres par son dédicataire, à la tête du London Symphony Orchestra*.* Elle est cette même année en résidence auprès du Koninklijk Filharmonisch Orkest van Vlaanderen, à Anvers et, deux ans plus tard, elle est compositrice invitée au Festival de Lucerne, avec Pierre Boulez à nouveau.
Dès lors, les commandes et créations s’enchaînent : aux pièces de concert, musiques pour la scène (comme …ce qui arrive… sur des textes de et avec Paul Auster en 2004) et musiques pour le cinéma s’ajoutent bientôt des installations et des vidéoclips. Les grandes institutions et festivals lui ouvrent leurs portes et ses œuvres sont joués par les plus prestigieux ensembles de musique d’aujourd’hui.
Elle poursuit également sa fructueuse collaboration avec Elfriede Jelinek. En 2003, elles créent Lost Highway, d’après le film éponyme de David Lynch, à l’Automne Styrien. En 2006, au Festival de Salzbourg, le trompettiste Håkan Hardenberger et le Wiener Philharmoniker, placé sous la direction de Pierre Boulez, créent son concerto pour trompette …miramondo multiplo…. En 2012, elle achève la composition de deux opéras à New York : The Outcast et American Lulu. En 2015, sa pièce pour orchestre Masaot/Cloacks without Hands est créée à Cologne par le Vienna Philharmonic sous la direction de Daniel Harding et sa pièce pour ensemble et électronique, Le Encantadas o le avventure nel mare delle meraviglie, est créée aux Donaueschinger Musiktage par l’Ensemble intercontemporain sous la direction de Matthias Pintscher. En 2016, elle est compositrice en résidence au Festival de Lucerne où est créé son concerto pour percussion Trurliade-Zone Zero.
En mars 2017 est inaugurée son installation sonore 3D réalisée en collaboration avec l’Ircam pour l’anniversaire des quarante ans du Centre Georges Pompidou. Cette année, elle collabore aussi avec l’architecte Peter Zumthor et Asymptote Architects. En 2019, son opéra Orlando, une adaptation féministe radicale du texte de Virginia Woolf, est la première œuvre d’une compositrice à être créée à l’Opéra de Vienne.
Ses œuvres sont publiées chez Ricordi et chez Boosey & Hawkes et sont enregistrées sur les label Accord, Col Legno et Kairos.
Olga Neuwirth est membre de de l’Académie des Arts à Berlin et Munich.
Prix et distinctions
- 1994 : « Prix Publicity » de l’Austro Mechana ;
- 1996 : bourse du DAAD Ă Berlin
- 1999 : prix d’encouragement de la Fondation Ernst von Siemens à Munich ; prix Hindemith du Festival de musique du Schleswig-Holstein ; prix Ernst Krenek ;
- 2006 : élue membre de l’Académie des Arts de Berlin ;
- 2008 : prix des Artistes de la ville d’Heidelberg ;
- 2010 : prix « Louis Spohr » de la cité de Brauschweig ; Grand Prix National de l’Autriche ;
- 2020 : prix Schumann pour la musique et la poésie ;
- 2021 : « Wolf Prize in Arts » pour la musique, décerné par la Fondation Wolf.