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Magnus Lindberg : Related Rocks, pour deux pianos, deux percussions et électronique (1997)
Commande de l’Ircam et du Festival Musica, réalisée à l’Ircam avec Serge Lemouton, assistant musical, et au studio expérimental de la Radio Finlandaise avec Juhani Liimatainen, assistant de longue date du compositeur. Magnus Lindberg a écrit cette œuvre à l’attention du Quatuor piano - percussion d’Ictus, qu’il a connu à Bruxelles lors d’un concert monographique en 1996. Création le 24 juin 1997 à l’Espace de Projection à l’Ircam dans le cadre de l’Académie d’été de l’Ircam par les solistes de l’Ensemble Ictus.
Magnus Lindberg avoue que la gestation de sa nouvelle œuvre pour deux pianos, deux percussions et électronique n’a pas été simple. Il a écrit, pendant ces dernières années, plusieurs pièces pour grand orchestre ou ensemble, mais pas véritablement de musique de chambre. Malgré des difficultés “d’adaptation”, il trouve positif que ce défi le mène à repenser ses méthodes de composition.
En fait, ce n’est pas seulement l’effectif qui nécessite une certaine réorientation, mais également l’intégration de l’aspect électronique. Même si Lindberg compose plutôt à l’ordinateur qu’au crayon et s’il utilise des logiciels de composition assistée par ordinateur (CAO), notamment Patchwork et ses dérivés, il n’a pas utilisé de sons électroniques depuis Joy (1989-1990).
Curieusement, la nouvelle œuvre a un certain rapport avec Joy pour grand ensemble et électronique. D’abord, les deux œuvres ont été réalisées à l’Ircam, ensuite, le projet qui est devenu Joy était originellement une pièce pour deux pianos et deux percussions avec électronique. En réalité, le projet remonte encore plus loin, à la fin des années 70, lorsque Lindberg réalisait Play 1 pour deux pianos. Il pensait déjà composer un jour pour l’effectif rendu célèbre par Bartók.
“Quand j’écris pour grand orchestre, je prends comme point de départ des structures très précises. Mais, paradoxalement, quand je travaille avec l’électronique, mes méthodes sont beaucoup plus intuitives”, dit Lindberg. Les décisions finales naissent par le biais du “try and error”.
L’œuvre a été conçue partiellement à Helsinki et partiellement à l’Ircam. Ces deux pôles géographiques permettent à Lindberg d’avoir, d’une part, la tranquillité de son studio isolé, et, d’autre part, le contact avec les derniers développements informatiques dans le domaine musical.
Le travail de conception informatique et la définition des outils ont été menés à l’Ircam, ainsi que les procédures nécessitant des outils informatiques spécifiques. Avec son assistant parisien, Serge Lemouton, Lindberg s’est notamment initié à la technique des Diphones, très récemment mises en œuvre par l’équipe Analyse/Synthèse de l’Ircam. Après les périodes de conception à Paris, Lindberg a continué à travailler son matériau à Helsinki, chez lui ou bien au studio expérimental de la Radio Finlandaise (YLE).
“L’environnement diphone rend possible l’analyse des sons d’une telle manière qu’il permet des transitions graduelles intéressantes entre des sons différents. Nous partons, par exemple, d’un échantillon de son d’une cymbale chinoise qui se transforme, sans que l’on en aperçoive le changement, en un accord orchestral.” explique Lindberg, qui a extrait un accord d’Arena, deux autres de Kinetics, ou bien de Kraft, même si on ne peut pas les identifier après le traitement. On y trouve aussi d’autres sources sonores intéressantes telles que les échantillons du violoncelle baroque de Anssi Karttunen, des sons de percussions et des sonorités de piano, ce dernier élément étant une réminiscence de Joy.
Malgré des procédures assez élaborées pendant la réalisation de la pièce, Lindberg a voulu garder un appareillage technique simple pendant l’exécution. Il utilise deux échantillonneurs pour déclencher des sons retravaillés en studio et stockés dans l’ordinateur. En plus, les deux pianistes disposent chacun d’un synthétiseur. Les instrumentistes créent des continuums, concept que Lindberg a étudié en profondeur dans cette pièce : quelle vie interne peut-on apercevoir dans un son ou dans une texture ? Comment progresse-t-on d’une situation à une autre dans le temps ?
Risto Nieminen (mai 1997)
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