NĂ© en 1947, ChaĂŻm Moshe Tzadik Palestine, dit Charlemagne Palestine, est originaire d’une famille russe de religion juive partie d’Odessa Ă  l’aube du vingtiĂšme siĂšcle pour s’installer Ă  Brooklyn (New York). Il dĂ©bute sa pratique musicale par le chant. DĂšs l’ñge de 8 ans et jusqu’en 1961, il intĂšgre la chorale traditionnelle Stanley Sapir Ă  la synagogue de Brooklyn, puis, inscrit Ă  la High School of Music And Arts, il Ă©tudie l’accordĂ©on, le piano, la peinture, et s’intĂ©resse aux sons gĂ©nĂ©rĂ©s par des machines.

En 1963, il devient carillonneur Ă  l’église Ă©piscopale Saint Thomas (New York), situĂ©e Ă  proximitĂ© du MusĂ©e d’Art Moderne (MOMA). Chaque jour et pendant six ans, il joue des hymnes traditionnels protestants ainsi que des formes plus expĂ©rimentales. Ses prestations rĂ©sonnent dans les environs de l’église et attirent immanquablement l’attention des passants, dont les compositeurs Tony Conrad ou Ingram Marshall.

Il profite de la proximitĂ© gĂ©ographique avec le MOMA pour arpenter les collections du musĂ©e oĂč il dĂ©couvre les peintres impressionnistes et abstraits qui sont pour lui une rĂ©vĂ©lation. Les recherches formelles de Monet, Seurat, Rothko, Albers ou Still deviennent ainsi l’un des ferments de sa propre quĂȘte esthĂ©tique.
Durant cette pĂ©riode, Il cĂŽtoie de nombreuses figures de l’avant-garde artistique et de la contre-culture : Allen Ginsberg, Kenneth Anger, Richard Serra, Rhys Chatham, Tony Conrad, Steve Reich, Philip Glass, La Monte Young, ou encore Terry Riley.

Suite Ă  sa rencontre avec Morton Subotnick en 1967, il compose de nombreuses piĂšces Ă  partir de sons continus de synthĂšse. En 1968-69, il approfondit sa connaissance des oscillateurs Ă©lectroniques Ă  l’Intermedia Center de New York. En 1969, sur l’invitation de Subotnick, il s’installe Ă  San Francisco (Californie), et enseigne Ă  l’universitĂ© CalArts, oĂč il dĂ©couvre l’orgue et le Bösendorfer Imperial Grand Piano, qui deviennent des instruments indissociables de sa pratique musicale et de sa recherche. Il crĂ©e en 1972 sa premiĂšre Ɠuvre pour piano, « Spectrum Continuum », d’une durĂ©e de 5h. En parallĂšle, il travaille sur des prototypes de synthĂ©tiseurs pour Don Buchla et Serge Tcherepnin et dĂ©veloppe un synthĂ©tiseur nommĂ© The Spectral Continuum Drone Machine.
À cette Ă©poque, il rencontre la danseuse Simone Forti, avec laquelle il collabore Ă  plusieurs reprises.

Charlemagne Palestine s’intĂ©resse Ă©galement au gamelan javanais et balinais. Il part en IndonĂ©sie en 1971 avec Ingram Marshall pour Ă©tudier cette musique. Il est par ailleurs initiĂ© aux musiques hindoustanies par Pandit Pran Nath.

Chantre du continuum sonore, du drone et de la transe, Charlemagne Palestine est notamment reconnu pour sa technique du strumming, terme qui peut se traduire par « musique frappĂ©e ». DĂ©rivĂ©e du flamenco et de la technique du carillon, le strumming est basĂ© sur la rĂ©pĂ©tition et la physicalitĂ© du jeu, mais aussi sur l’idĂ©e selon laquelle l’instrument a sa propre voix et peut, selon la maniĂšre dont il est jouĂ©, produire une sĂ©rie d’harmoniques semblant Ă©merger d’elles-mĂȘmes. Ainsi, dans ses Ɠuvres (principalement improvisĂ©es), Palestine joue sur la rĂ©sonance et l’empilement des sonoritĂ©s pour sculpter les masses sonores dans une perpĂ©tuelle recherche du golden sound, la « sonoritĂ© d’or ». Par extension, lors de ses concerts il cherche Ă  dialoguer avec le lieu de la performance en saturant l’espace sonore disponible de maniĂšre Ă  le faire vibrer.

Empreintes de spiritualitĂ©, de tradition et de chamanisme, ses performances sont ritualisĂ©es : il boit du cognac, fume des cigarettes indonĂ©siennes au clou de girofle, et installe une multitude d’ours en peluches (ses « divinitĂ©s »), de foulards et autres tissus sur le lieu de concert et sur l’instrument.

Assimilé au courant de la musique minimaliste, il récuse cette étiquette au profit de « maximaliste », ce terme permettant selon lui de ne se fixer aucune limite.

Charlemagne Palestine est Ă©galement vidĂ©aste (sĂ©rie des Body Music, 1973-74, Island Song, 1976, ou Ritual in the Emptiness, 2004) et plasticien. Il dĂ©ploie in situ son univers foisonnant de peluches et de chiffons dans des installations parfois monumentales. Il expose dans le monde entier, notamment Ă  documenta (Cassel, Allemagne), au MusĂ©e d’Art et d’Histoire du JudaĂŻsme (Paris, France) ou encore Tonspur (Vienne, Autriche).

Il vit Ă  Bruxelles depuis 1999.

© Ircam-Centre Pompidou, 2024

sources

Marie Canet, Jacques Donguy (voir ressources).



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