Né à Baltimore le 31 janvier 1937, Philip Glass découvre la musique dans l’atelier de réparation de radio de son père, Ben Glass. Ce dernier possédait aussi un rayon de disques et, quand certains d’entres eux se vendaient mal, il les ramenait chez lui pour les faire écouter à ses enfants et essayer de comprendre pourquoi ils repoussaient les clients. C’est ainsi que le futur compositeur se familiarise très tôt avec les quatuors de Beethoven, les sonates de Schubert, les symphonies de Chostakovitch et autres œuvres considérées alors comme « originales », en même temps qu’il s’imprègne des musiques populaires. Avec cet éclectisme du goût, le père transmet simultanément le sens des affaires : Glass, plus tard, sera l’un des premiers compositeurs à fonder son propre label de disques.

Précoce, le jeune Glass obtient une licence à l’Université de Chicago à dix-neuf ans (matières principales : philosophie et mathématiques), puis fréquente la Juilliard School, y rencontre Steve Reich (les deux compositeurs, plus tard, en garderont un lien tenant de l’amitié peut-être, de l’émulation certainement, à la fin de la rivalité). Darius Milhaud, alors aux Etats-Unis, et dont il suit brièvement l’enseignement, l’encouragera sans doute dans l’écriture tonale. En 1963, lorsqu’il rejoint la France et fréquente les cours de Nadia Boulanger, il doit recommencer son apprentissage à la base, se plier au rigorisme de l’enseignement français de l’harmonie et du contrepoint. Il accepte un travail ponctuel, pour la musique du film Chappaqua, de transcription des improvisations du musicien indien Ravi Shankar. Il découvre alors passionnément, avec ce dernier ainsi que le joueur de tabla Alla Rakha, les structures répétitives à évolution lente et graduelle. En 1966 il voyage en Inde, y sympathise avec les réfugiés tibétains, s’imprègne de philosophies hindouiste et bouddhiste.

De retour Ă  New York en 1967, il s’installe Ă  Chelsea oĂą il mène une vie de bohème, notamment avec Reich qui a dĂ©jĂ  composĂ© ses propres Ĺ“uvres rĂ©pĂ©titives, dites « minimalistes », et montĂ© son ensemble de musiciens. Glass joue bientĂ´t avec Reich les Ĺ“uvres de l’un et de l’autre. TantĂ´t plombier ou taxi, il fonde Ă  son tour un « Philip Glass Ensemble ». Le premier style – sĂ©vère minimalisme – le mènera jusqu’au milieu des annĂ©es soixante-dix et semble s’achever avec Music in twelve Parts. Une commande prestigieuse vient alors, qui sera suivi d’une cĂ©lĂ©britĂ© soudaine : Einstein on the Beach crĂ©Ă© au Festival d’Avignon en 1976.

Les années quatre-vingt, plus « maximalistes » que « minimalistes » comme le remarque le musicologue K. Robert Schwarz, sont largement occupées par l’expansion de l’œuvre dramatique, d’abord sur des livrets exotiques, mystiques, certains diraient New Age : Satyagraha (1980, « Étreinte de la vérité » en sanscrit ou principe de résistance par la non-violence employé par Gandhi) puis Akhnaten (1983, construit sur des mythes égyptiens, bibliques et arcadiens). Ces années voient également se développer l’œuvre orchestrale, surtout à partir du Concerto pour violon (1987).

Aujourd’hui, cette production toujours croissante compte une vingtaine opéras, huit symphonies, des oeuvres concertantes nombreuses, une quantité non moins impressionnante de musique de chambre. Les opéras semblent culminer avec The Voyage (1992), composé pour le cinquième centenaire de la découverte des Amériques, grâce à une commande du Metropolitan Opera, sans doute l’une des plus richement dotée de toute l’histoire de la musique. Suivront notamment les trois opéras transversaux augurant de la pluridisciplinarité actuelle, intéressantes « greffes » sur le cinéma de Cocteau, respectivement d’après Orphée (1993), La Belle et la Bête (1994) et Les Enfants Terribles (1996). Glass, « ambassadeur de la musique savante » auprès des stars de la musique populaire, et en cela exemple presque unique, aura côtoyé (et parfois collaboré avec) Paul Simon, Susan Vega ou David Bowie. En 2007, il écrit Book of Longing sur un cycle de chansons et de poèmes écrits par Leonard Cohen. Il aura abordé avec le même appétit l’écriture de musiques de film, comme Candyman (1992), Truman Show (1998), The Hours (2003) ou plus récemment le Rêve de Cassandre de Woody Allen. Le lien populaire-savant, il est vrai, avait toujours inspiré l’œuvre de Glass, dès la musique des débuts qui employait les mêmes claviers électroniques que la musique pop. Terry Riley, premier minimaliste américain (au même titre que son ami La Monte Young) fut peut-être l’initiateur de tels rapprochements esthétiques, avec le fondateur In C (1964) qui tourna en boucle dans les clubs de l’époque. Glass quant à lui, creusant ce sillon sa carrière durant, aura dessiné avec plusieurs décennies d’avance la tendance actuelle d’ouverture, celle du grand dégel esthétique.

© Ircam-Centre Pompidou, 2009


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