Edison Denisov est né le 6 Avril 1929 à Tomsk, en Sibérie, où il fait ses études de mathématiques à la faculté. En 1956, il termine ses études musicales au Conservatoire de Moscou où il a été l’élève de Vissarion Chebaline en composition, Nikolaï Rakov en orchestration, Viktor Zuckerman en analyse, Vladimir Belov en piano.
Edison Denisov s’est consacré, dans les années 1960, à une étude approfondie de l’œuvre des compositeurs classiques du XXe siècle, Stravinsky, Bartók, de la Nouvelle École Viennoise, et de l’art occidental contemporain, Boulez, Nono, Stockhausen, Lutoslawski.
Ces années correspondent à la recherche de son style personnel qui tend alors à s’affirmer dans ses œuvres vocales et instrumentales. Parmi celles-ci, il faut mentionner Le Soleil des Incas, donnée en première audition par Guennady Rojdestvensky à Leningrad, puis dans de nombreux pays d’Europe et en Amérique. En 1965, Pierre Boulez inclut cette œuvre au programme du Domaine musical où elle est exécutée sous la direction de Bruno Maderna, puis par Pierre Boulez à Bruxelles et à Berlin. Le Soleil des Incas a marqué le point de départ de la voie personnelle du compositeur.
Dans les années 1970, Edison Denisov se consacre à des œuvres pour effectifs importants et écrit la plupart de ses concertos, dont beaucoup lui ont été commandés par d’éminents solistes occidentaux notamment Aurèle Nicolet, Heinz Holliger, Eduard Brunner, Jean-Marie Londeix. La première exécution du Concerto pour violon est donnée à Milan par Gidon Kremer. L’organisation rigoureuse du tissu musical qui a marqué ses œuvres des années 1960 cède la place à une utilisation souple et libre de techniques et de procédés de composition les plus divers, dictés par l’idée générale de chaque œuvre.
Les années 1980 correspondent à la période de maturité du compositeur. Elle est déterminée par des séries d’intonations caractéristiques, notamment des motifs sur des secondes et des tierces, lyriques et d’une nature très vocale. C’est une écriture qui rappelle souvent l’hétérophonie des chants populaires russes, avec des rythmes très diversifiés et recelant de nombreuses difficultés pour les interprètes. Sa dramaturgie intrinsèque implique un développement progressif du matériau et d’importants épisodes de culmination.
C’est aucours de ces années que le compositeur écrit ses œuvres les plus marquantes : l’opéra L’Écume des jours, d’après le roman de Boris Vian créé à Paris, à l’Opéra Comique, en 1986, I’opéra de chambre Les quatre jeunes filles d’après une pièce de Pablo Picasso, le ballet Confession d’après la nouvelle d’Alfred de Musset et le Requiem. Il reçoit également deux autres commandes françaises, l’une de l’Ensemble Intercontemporain pour son dixième anniversaire, Au plus haut des cieux, I’autre de Daniel Barenboïm, une symphonie pour le vingtième anniversaire de l’Orchestre de Paris, créée Salle Pleyel, en 1988, et que Baremboïm dirige ensuite, à trois reprises, à Chicago en 1991.
Au cours de cette période, le compositeur s’inspire des grands thèmes liés à l’existence et à la religion. Son œuvre exprime alors une symbolique au travers de la mélodie, de l’harmonie, du rythme et des timbres. Cette démarche se prolonge dans les années 1990 qui voient naître Histoire de la vie et de la mort de notre Seigneur Jésus Christ et Morgentraum. En 1990-1991, Edison Denisov est invité par Pierre Boulez à venir travailler à l’Ircam et compose à cette occasion Sur la nappe d’un étang glacé. Les œuvres d’Edison Denisov ont été dirigées notamment par Leonard Bernstein, Daniel Barenboïm, Charles Dutoit, Neeme Järvi, Gerd Albrecht, Pierre Boulez, Guennady Rojdestvensky, Wolf-Dieter Hauschild, Vassily Sinaisky et Bernhard Klee.
Edison Denisov a écrit de nombreuses musiques de films et de scènes et durant presque trente ans, il a collaboré avec Youri Liubimov, directeur du théâtre de la Taganka à Moscou, pour monter des spectacles en Russie et dans divers pays d’Europe. À partir de 1959, il a enseigné l’analyse des formes musicales et l’orchestration au Conservatoire de Moscou et, à partir de 1992, la composition. En 1990, il a pris la direction de l’Association de Musique Contemporaine de Moscou.
Edison Denisov a été membre correspondant des Académies des Beaux-Arts de Bavière et de Berlin. Le ministère français de la Culture l’a nommé en 1986 officier des Arts et Lettres et il a reçu, en 1993, le Grand Prix de la Ville de Paris.