Cette nouvelle œuvre, un septuor avec dispositif, pour flûte, clarinette, piano, violon, alto, violoncelle et voix de femme, place la voix de Virginia Woolf au centre de l’ensemble instrumental, une voix unique aux multiples échos. Le texte de la pièce est extrait de l’œuvre « The Waves », et se concentre sur la toute première page du livre où Virginia Woolf fait résonner sur les vagues de l’océan, la lumière de l’aube …. en forme de genèse. Le lever du jour entendu comme la création du monde. Cette première page est bien le reflet de l’œuvre qui va considérer les heures de la journée comme les différents âges de la vie, où 6 personnages vont parler d’une seule voix.
La pièce se divise donc en 6 courtes strophes, avec pour chaque strophe une lumière sonore différente et graduée, du plus sombre au plus clair, qui se reflète dans les tessitures et modes de jeu. Aux six personnages correspondent les six instruments et la voix reste souveraine parce qu’elle détient le texte, conçu comme un poème en prose.
Déjà pour La Muette, j’avais aimé travailler l’écriture pour voix, en langue persane, ce qui constituait un matériau sonore donné que je voulais composer. Dans cette nouvelle œuvre, « The Waves » la voix de femme est écrite en langue anglaise, une langue dont Virginia Woolf cherchait (selon ses propres termes) à faire vibrer ‘la chair des mots, l’aura des mots’ en évoquant des moments de vision qu’elle qualifiait de ‘moments d’être’. La voix de femme est donc composée ici comme un élément vibrant au pied des vagues, espaces sonores surgis des lignes où s’estompent les repères traditionnels et se créent des visions, hybrides de sons. La scène est vide, le centre est vide et le chant tournoie autour de ce centre. D’ailleurs c’est V. Woolf qui aura les mots de la fin quand elle conclue : « The birds sank their blank melody outside / Les oiseaux chantaient leur vide mélodie au-dehors ».
Florence Baschet