Meredith Jane Monk grandit dans une famille de musiciens du cĂŽtĂ© de sa mĂšre, elle-mĂȘme chanteuse. Elle Ă©tudie le piano dĂšs l’ñge de quatre ans, et le solfĂšge avec la mĂ©thode de rythmique Jaques-Dalcroze. Elle Ă©tudie aussi le chant avec le professeur de chant de sa mĂšre. Elle poursuit ses Ă©tudes dans les disciplines artistiques, en particulier la danse, au Sarah Lawrence College dont elle est diplĂŽmĂ©e en 1964. Elle y rĂ©alise ses premiĂšres Ɠuvres, notamment And Sarah Knew (1962) sur des musiques folkloriques israĂ©liennes, Troubadour’s Songs (1963) et Timestop (1964).

AprĂšs l’obtention de son diplĂŽme, elle dĂ©mĂ©nage Ă  New York Ă  l’automne 1964 et se mĂȘle Ă  sa florissante avant-garde artistique : ses premiĂšres piĂšces sont crĂ©Ă©es Ă  la Judson Memorial Church, dans des galeries, mais aussi dans son propre loft du quartier de TriBeCa, dans l’espace public ou dans des lieux atypiques. En 1965, Meredith Monk dĂ©couvre le pouvoir de la voix et dĂ©bute son exploration innovante de cet instrument aux multiples facettes, en composant des piĂšces a cappella ou pour voix et clavier. DĂšs lors, elle dĂ©veloppe une dĂ©marche interdisciplinaire Ă  l’intersection de la musique et du mouvement, de l’image et de l’objet, de la lumiĂšre et du son, dĂ©couvrant et entremĂȘlant ensemble de nouveaux modes de perception. Sa maniĂšre d’user de la voix comme d’un instrument est l’élĂ©ment constitutif Ă  partir duquel se dĂ©ploie de maniĂ©e organique une expĂ©rience poĂ©tique qui n’a guĂšre d’équivalent dans le monde de musique contemporaine occidentale.

En 1968, elle fonde The House, une compagnie dĂ©diĂ©e Ă  une approche interdisciplinaire de la performance. Elle crĂ©e ainsi une piĂšce dans la rotonde du musĂ©e Solomon R. Guggenheim (Juice, 1969), Ɠuvre qu’elle reprendra plus tard en partie pour une nouvelle piĂšce (Ascension Variations, 2009). D’autres piĂšces in situ suivront comme la sĂ©rie des Tours (1969-1971), Vessel: An Opera Epic (1971), sur la figure de Jeanne d’Arc, American Archaeology # 1: Roosevelt Island (1994) et Songs of Ascension (2008) crĂ©Ă©e dans la tour circulaire conçue par la plasticienne Ann Hamilton pour la Oliver Ranch Foundation, en Californie. En 1972-73, Education of the Girlchild, pour six voix, orgue Ă©lectrique et piano, va devenir l’une de ses oeuvres emblĂ©matiques, qu’elle a reprise Ă  intervalles rĂ©guliers depuis. En fĂ©vrier 1975, Meredith Monk participe Ă  l’un des « Events » proposĂ©s par le chorĂ©graphe Merce Cunningham : c’est le dĂ©but de son amitiĂ© avec John Cage, qui l’invitera dix ans plus tard Ă  interprĂ©ter sa piĂšce Aria, composĂ©e en 1958 pour Cathy Berberian. En 2012, le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas, pour sa sĂ©rie de concerts « American Mavericks », rĂ©unira Meredith Monk, Joan La Barbara et Jessye Norman pour interprĂ©ter le Song Book de Cage pour les 20 ans de sa disparition.

En 1978, la crĂ©ation du Meredith Monk & Vocal Ensemble va lui permettre d’élargir encore son exploration de la voix et des formes musicales, fortement marquĂ©e par les folklores du monde entier, mais aussi par la musique mĂ©diĂ©vale. La parution du disque Dolmen Music inaugure en 1981 sa collaboration avec le label ECM New Series, qui s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. Avec son ensemble, elle effectue de multiples tournĂ©es Ă  travers le monde et enregistre de nombreux disques, parmi lesquels Turtle Dreams (1983), Do You Be (1987), Impermanence (2007) ou On Behalf of Nature (2016). Tous ces disques correspondent Ă  des spectacles dont la compositrice a parfois revu la musique pour les besoins de l’enregistrement. Dans les annĂ©es 1980, Meredith Monk rĂ©alise le moyen mĂ©trage Ellis Island (1981) et le long mĂ©trage Book of Days (1988), projetĂ©s dans de nombreux festivals de films Ă  travers le monde. En 1991 est crĂ©Ă© ATLAS: An Opera In Three Parts, commande de l’OpĂ©ra de Houston, dont le Los Angeles Philharmonic a prĂ©sentĂ© en 2019 une nouvelle production, mise en scĂšne par Yuval Sharon.

Soucieuse de la transmission de son oeuvre, essentiellement orale, Meredith Monk signe au dĂ©but des annĂ©es 2000 un contrat avec l’éditeur Boosey & Hawkes et entreprend de noter une partie de son rĂ©pertoire. En plus de ses nombreuses piĂšces vocales, de ses Ɠuvres de thĂ©Ăątre musical et de ses opĂ©ras, elle a composĂ© quelques partitions pour orchestre, quatuor ou instruments solistes, commandes entre autres du Carnegie Hall, de Michael Tilson Thomas (pour le San Francisco Symphony et le New World Symphony), du Kronos Quartet, du Saint Louis Symphony Orchestra et de la Los Angeles Master Chorale. En 2013, Meredith Monk entame une trilogie d’Ɠuvres mĂȘlant musique et thĂ©Ăątre, explorant la relation d’interdĂ©pendance de l’ĂȘtre humain avec la nature, avec On Behalf of Nature, suivie de Cellular Songs (2018) puis de Indra’s Net (2020). En 2020, le CD Memory Game marque la rencontre entre son Vocal Ensemble et l’ensemble Bang On A Can All-Stars.

Plusieurs rĂ©trospectives ou performances-marathons de son travail ont lieu Ă  New York au World Financial Center (1991), au Lincoln Center Music Festival (2000), au Carnegie’s Zankel Hall (1985, 2005 et 2015, oĂč elle cĂ©lĂ©bre ses 50 ans de carriĂšre en un concert de plusieurs heures rĂ©unissant Lukas Ligeti, John Zorn, Jessye Norman ou DJ Spooky), au Symphony Space (2008) et au Whitney Museum (2009). Depuis les annĂ©es 1970, Meredith Monk a collectionnĂ© les distinctions et rĂ©compenses prestigieuses, dont la National Medal of the Arts, qu’elle a reçue en 2015 des mains du prĂ©sident Barack Obama.

Meredith Monk est docteur honoris causa dans plusieurs universités telles que le Bard College, le Boston Conservatory, Concordia University, le Cornish College of the Arts, The Juilliard School, le Lafayette College, le Mount Holyoke College, le San Francisco Art Institute, et Hartford University.

Nonobstant cette reconnaissance institutionnelle, Meredith Monk, que des chanteuses telles que Björk ou Camille citent en rĂ©fĂ©rence, demeure une artiste Ă©minemment inclassable, dont l’influence excĂšde largement le strict champ musical.

© Ircam-Centre Pompidou, 2021

sources

Boosey & Hawkes et site de la compositrice.



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