To deep and deeper blue (« Vers un bleu de plus en plus profond », titre emprunté à un poème de James Joyce), propose une dramaturgie sonore d’un seul souffle qui traverse trois paysages très différents, le quatrième et dernier étant en partie, au sens propre comme au figuré, le renversement des premiers instants du mouvement initial.
Nourries par des figures très mobiles qui s’engendrent en un crescendo permanent, les sept premières minutes accumulent une tension qui submerge l’écoute et propulse l’ensemble de l’œuvre en se libérant dans les résonances du piano. L’univers du mouvement suivant, inspiré par la phrase de violon qui conclut la quatrième des pièces op.7 de Anton Webern, oscille entre l’intensité d’une forme de dépouillement et la chaleur de phrasés mélodiques en micro-intervalles, le tout se résolvant dans une gravité proche du silence : le troisième mouvement y demeure pendant ses premières minutes, tout en effleurement et douceur, avant d’éclater dans une écriture pulsée et rythmiquement très virtuose.
Le retour, en guise d’aboutissement, de l’esprit du premier mouvement, dont les premières pages sont ici, pour conclure, énoncées strictement à l’envers (renversement dont les compositeurs sont friands depuis des siècles !), conduit cette fois, à l’image du titre, vers l’apaisement ou tout au moins vers le calme.
Laurent Cuniot, site personnel du compositeur.