Le préfixe-titre, « Trans… » débute plusieurs mots qui expriment ma pièce :
Transmission… La disposition de ma pièce est spatialisée : en fond de scène, il y a deux ensembles de quatre flûtes qui sont disposés de façon stéréophonique et au centre, un ensemble de neuf flûtes. La tessiture de ces trois ensembles est complète, du grave à l’aigu. Les sons du Saxophone solo sont « transmis » aux différents ensembles et cette source sonore se déplace entre ces ensembles comme un écho.
Transmutation… Dans le concert, les musiciens commencent par s’accorder, ce qui est en dehors de la musique pour l’écoute des œuvres. La musique débute imperceptiblement à partir de l’accord sur un La, interpolé à la figure identique. Je considère cet accord qui ne nous semble pas contextuellement de la musique, comme un des matériaux musicaux de ma pièce et je « transmute » entre des « vrais » sons et des sons « parasites », sans que ces sons s’isolent de ma pièce (Cette idée me rappelle la pièce
Tuning up de
Edgard Varèse où il écrit des passages avec son plan propre comme si l’accord se faisait tout naturellement par l’habitude des musiciens de l’orchestre.).
Transcription… Depuis que je suis installé en Europe, je travaille aussi sur la musique électronique et cet apprentissage me permet de créer des figures dont l’origine ne provient pas de la musique instrumentale pure. Dans cette pièce, je « transcris » le passage avec la référence de l’échelle paradoxale de Jean-Claude Risset, issu de la musique électronique.
En réalisant une boucle harmonique, la simplicité de cette échelle se métamorphose morphologiquement en complexe.
La priorité du son « normal » se dématérialise au fil du temps en bruit ou en silence.
Ma pièce
Trans… (qui signifie « de l’autre côté ») se transforme progressivement dans la mesure où il n’y aura plus de hiérarchie entre toutes ces catégories. Ceci est radicalement créé par la fusion de l’espace.
Kenji Sakai.