Commandé pour célébrer le 70e anniversaire de John Adams, Field Guide tisse – peut-être fortuitement – des liens entre l’autrice et le dédicataire. Comme Adams, Gabriella Smith puise son inspiration dans l’activité urbaine et, à l’opposé, dans les vastes espaces d’une nature indomptée. Mais chez elle, l’observation de l’environnement se double d’un véritable engagement écologique, qui la conduit à enregistrer des sons dans des déserts et des forêts tropicales, sur des glaciers, dans l’eau des lacs et des océans. Des sons qu’elle met en tension avec les bruits captés dans les rues, les parcs et les métros des cités.
Conçu comme un collage de ces matériaux, Field Guide utilise aussi des éléments issus d’expérimentations électroniques et d’improvisations (vocales et violonistiques) que Gabriella Smith a réalisées à partir de ces sons enregistrés. Impossibles à identifier en raison de leurs modes de jeu bruiteux, certains instruments stylisent la nature (« comme un essaim d’abeilles » indique notamment la partition). De ce paysage sonore émerge une musique consonante aux cuivres, que la compositrice présente comme un souvenir de polyphonie de la Renaissance.
Hélène Cao, note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 10 février 2024 à l'Auditorium de Radio France.