Née à Lyon, le 26 mars 1950, Édith Canat de Chizy débute sa formation de musicienne par l’apprentissage du violon, instrument qu’elle jouera jusqu’au début de sa carrière de compositrice. Après un baccalauréat obtenu dans sa ville natale, elle vient à Paris pour poursuivre des études d’art et archéologie, ainsi que de philosophie à la Sorbonne. Dans la foulée, elle rentre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où elle obtient six premiers prix, dont celui de composition, et s’initie à l’électroacoustique au Groupe de recherche musicale (GRM). Élève d’Ivo Malec, elle fait en 1983 la rencontre décisive de Maurice Ohana, à qui elle consacrera avec François Porcile une monographie en 2005 aux éditions Fayard (Paris).
Dans l’œuvre de cette violoniste de formation, qui comporte à ce jour plus d’une centaine d’opus, la musique concertante occupe une place de choix : Moïra (1998), concerto pour violoncelle, primé en 1999 au Concours Prince Pierre de Monaco ; l’année suivante, en 2000, Exultet, concerto pour violon créé en 1995 par Laurent Korcia, est nominé aux Victoires de la musique ; Les Rayons du jour, concerto pour alto est créé en février 2005 par Ana Bela Chaves et l’Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach ; le 23 mars 2017, Missing, son deuxième concerto pour violon, est créé à la Maison de la Radio par l’Orchestre national de France.
Parmi ses œuvres marquantes, pour la plupart commanditées par l’État, Radio France, l’Orchestre de Paris, l’Ircam et des ensembles tels que Musicatreize, Solistes XXI, Nederlands Kamerkoor, Sequenza 9.3, Accentus, TM+…, on notera particulièrement ses pièces vocales, dont le Livre d’heures (1984), pour solistes, chœur de femmes, ensemble instrumental, Tombeau de Gilles de Rais (1993) – Prix jeune talent musique de la SACD en 1998 –, et Corazon loco, un spectacle en collaboration avec la chorégraphe Bianca Li, monté au Théâtre national de Chaillot en janvier 2017. Citons encore ses quatre quatuors à cordes, Vivere (2000), Alive (2003), Proche invisible (2010) et En noir et or (2017), ses pièces pour orchestre, dont Omen, créé en octobre 2006 par l’Orchestre national de France, Pierre d’éclair, créé en mars 2011 par l’Orchestre national de Lyon, ainsi que ses œuvres avec électronique, Over the Sea, créé le 11 mai 2012 dans le cadre du festival Manifeste de l’Ircam, et Visio (2016) créé au festival Présences de Radio France.
Édith Canat de Chizy a été plusieurs fois en résidence, notamment à l’Arsenal de Metz, auprès de l’Orchestre national de Lyon, à Caen pour le festival « Aspects des Musiques d’Aujourd’hui »*,* et au Festival de Besançon, où sa pièce pour grand orchestre Times a été imposée à la finale du Concours international des jeunes chefs d’orchestre 2009 et créée par le BBC Symphony Orchestra. Elle sera la compositrice en résidence pour la dixième édition du festival « Présences féminines » de Toulon en 2020. Son CD Visio, paru en 2019 sous le label Solstice, est sélectionné pour le Grand Prix lycéen des compositeurs 2020.
De nombreuses distinctions sont venues couronner son œuvre : Prix de la Tribune internationale des compositeurs pour Yell, en 1990 ; Prix Paul-Louis Weiller de l’Académie des Beaux-Arts (1992), Coup de cœur de l’Académie Charles Cros pour son CD Moving, Prix jeune talent musique de la SACD, plusieurs prix décernés par la Sacem, dont le Grand Prix de la musique symphonique en 2004. Élue à l’Académie des Beaux-Arts en 2005, présidente de cette Compagnie en 2017, Édith Canat de Chizy est la première femme compositrice membre de l’Institut de France. Après avoir dirigé le Conservatoire municipal du 15ème arrondissement de Paris et celui du 7ème arrondissement, elle a enseigné la composition au CRR de Paris jusqu’en 2017. Chevalier de la Légion d’honneur, Officier de l’Ordre du mérite et Commandeur des Arts et lettres, elle reçoit en 2016 le Grand Prix du Président de la République décerné par l’Académie Charles Cros pour l’ensemble de son œuvre.