Dieter Ammann commence ses études à l’Académie de pédagogie musicale et de musique d’église de Lucerne (depuis intégrée à la Hauté école de musique de Lucerne), en même temps qu’il étudie quelques semestres à la Swiss Jazz School de Berne (1983-1984). Après ses études, il travaille dans les domaines de l’improvisation et du jazz, notamment aux festivals de Cologne, Willisau, Anvers et Lugano. Les sessions d’enregistrements et de studio lui font rencontrer des artistes de divers horizons, dont Eddie Harris et Udo Lindenberg. Il est à cette époque également bassiste, trompettiste et claviériste du groupe freefunk Donkey Kong’s Multiscream.
De 1988 à 1992, il étudie la théorie de la musique et la composition à l’Académie de musique de Bâle et suit des masterclasses, notamment de Wolfgang Rihm, Witold Lutoslawski, Dieter Schnebel et Niccolò Castiglioni. À partir des années 1990, il se consacre complètement à la composition.
Dieter Ammann est le récipiendaire de nombreuses bourses pour son travail, parmi lesquelles une bourse d’études de la Hochschule für Musik Franz Liszt de Weimar (1998), deux bourses de composition de la ville et du canton de Lucerne (1996, 2004), une bourse de projet (1996) et trois bourses de composition (1998, 2001, 2007) de l’Aargauer Kuratorium.
Il est compositeur en résidence au festival de Davos (2003), au Festival Les Muséiques Basel (2009), puis au Lucerne Festival (2010), aux Wittener Tage für neue Kammermusik et aux Sommerliche Musiktage Hitzacker (2013) et au Festival reMusic de Saint-Petersbourg (2015).
Dieter Ammann écrit des œuvre résolument contemporaines détachées des conventions de la nouvelle musique (on y retrouve rythmes périodiques et accords tonals), empruntant ponctuellement à ses origines jazz/rock sans chercher à réaliser la synthèse de ses influences, une indépendance qu’évoque le titre de sa pièce The Freedom of Speech (1996).
Si, s’agissant du jazz, il improvise immédiatement, en tant que compositeur son écriture est lente et perfectionniste, ce qui explique le petit nombre d’opus à son catalogue. Le temps long qu’induit la minutie de son travail contraste avec une musique énergique, dense, aux rythmes élevés : « C’est une particularité de ma musique, qui doit être capable de supporter de grands contrastes dans un espace très restreint1 » explique le compositeur.
Ces oppositions prennent souvent la forme dans ses pièces d’une relation discursive entre les instruments (filant la métaphore de The Freedom of Speech) : dans Violation (1999), le violoncelle concertant, dérangé dans son monologue par un autre événement musical, insiste sur sa partie, s’irrite. The piano concerto (2019) fonctionne sur ce même principe de réaction entre le soliste et l’orchestre, jusqu’à faire taire le soliste dans unbalanced instability (2013, dont le titre de travail était conversation comprimée). La pièce combine chromatisme, microtonalité, harmonie spectrale librement gérée et tonalité centrale, développant cette thématique de l’opposition, de la confrontation propice au dialogue.
Ses pièces sont jouées par des ensembles tels que Klangforum Wien, l’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre symphonique de Lucerne, Basel Sinfonietta ; et dirigées par Pierre Boulez, Jonathan Nott, Sylvain Cambreling, Emilio Pomarico et Peter Rundel.
Dieter Ammann est professeur de théorie et de composition à la Musikhochschule de Lucerne et enseigne à la Haute école des arts de Berne.
Prix et récompenses
- Prix suisse de musique, 2018 ;
- Prix de soutien à la composition de la fondation Ernst von Siemens de Munich, 2008 ;
- Premier prix du concours international de composition Symposium NRW für Neue Musik dans le cadre du festival Niederrheinischer Herbst, 1997 ;
- Premier prix au concours de composition international de la IBLA-Fondation de New York, 1996 ;
- Premier prix des Young Composers in Europe de Leipzig, 1995 ;
- Prix de l’Aargauer Kuratorium, 1991.
1. Michael KUNKEL, « Der Schweizer Komponist und Improvisator Dieter Ammann », MusikTexte n° 110, août 2006.↩