Ginastera a grandi Ă  Buenos Aires dans une famille issue des immigrations catalane et italienne, sans rapport particulier avec la musique. Il commence Ă  prendre des leçons de piano Ă  l’ñge de sept ans, puis frĂ©quente le Conservatorio Alberto Williams, oĂč il obtient en 1935 une mĂ©daille d’or de composition. De l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente datent les premiĂšres esquisses de son opus 1, le ballet indigĂ©niste PanambĂ­, crĂ©Ă© en 1937 au Teatro ColĂłn par Juan JosĂ© Castro, chef d’orchestre et compositeur qui deviendra son premier mentor. Entre-temps il s’est inscrit au Conservatoire national de musique, oĂč il suit les cours d’Athos Palma, JosĂ© Gil et JosĂ© AndrĂ©, et d’oĂč il sort en 1938 avec les honneurs et, comme travail final, une Ɠuvre de musique sacrĂ©e, Salmo CL. Il Ă©crit Ă©galement Ă  cette Ă©poque ses premiĂšres partitions inspirĂ©es du folklore argentin, notamment Malamboop. 7 pour piano*,* dont le rythme percussif en 6/8 et l’harmonie polytonale deviendront caractĂ©ristiques de son langage musical.

Sa carriĂšre prend un tour nouveau en 1941, lorsque Aaron Copland dĂ©couvre en lui la jeune promesse de la musique argentine. Presque au mĂȘme moment, Lincoln Kirstein, directeur du American Ballet Caravan de George Balanchine, lui passe commande de celle qui demeure la plus cĂ©lĂšbre de ses partitions : le ballet Estanciaop. 8, inspirĂ© de la vie rurale dans la pampa. Toujours en 1941 Ginastera Ă©pouse Mercedes de Toro, qui sera souvent sa collaboratrice, et dont il aura deux enfants : Alex, nĂ© en 1942, et Georgina, nĂ©e en 1944. En 1942 il dĂ©croche une bourse Guggenheim pour un sĂ©jour d’études aux Etats-Unis, lequel sera toutefois reportĂ© jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs compositions viennent alors simultanĂ©ment couronner son esthĂ©tique nationaliste, oĂč le folklore dialogue avec la tradition savante, et marquer son Ă©volution vers un imaginaire panamĂ©ricaniste.

À son retour de New York, Ginastera est reconnu comme l’un des principaux compositeurs argentins, rĂ©guliĂšrement jouĂ© Ă  l’étranger, aux Etats-Unis surtout, mais Ă©galement en Europe. Des annĂ©es suivantes date sa premiĂšre Sonate pour piano (1952), ainsi que bon nombre de ses musiques de film. Pendant ce temps, il participe activement au dĂ©veloppement institutionnel de son pays. En 1947 il est cofondateur, aux cĂŽtĂ©s de Castro, de la Liga de Compositores, section locale de la SociĂ©tĂ© internationale de musique contemporaine. En 1948, sous le pĂ©ronisme, il crĂ©e dans la ville de La Plata le Conservatoire de musique et arts scĂ©niques de la province de Buenos Aires ; il en sera Ă©cartĂ© en 1952, puis rĂ©intĂ©grĂ© en 1956 Ă  la chute de PerĂłn. Il fonde en 1958 la FacultĂ© de musique de l’Universidad CatĂłlica Argentina et, en 1962, le Centro Latinoamericano de Altos Estudios Musicales (CLAEM) de l’Instituto Di Tella, qui pendant cette dĂ©cennie devient une rĂ©fĂ©rence incontournable pour les jeunes compositeurs de toute l’AmĂ©rique latine.

Aux dĂ©buts des annĂ©es soixante Ginastera produit son chef-d’Ɠuvre indigĂ©niste, Cantata para AmĂ©rica MĂĄgicaop. 27,pour soprano et orchestre de percussions (1960), ainsi que le puissant Concerto pour piano et orchestreop. 28 (1962)qui, grĂące Ă  la reprise du quatriĂšme mouvement par le groupe de rock progressif Emerson, Lake & Palmer, deviendra aprĂšs 1973 son Ɠuvre la plus largement connue. BientĂŽt il se tourne vers l’opĂ©ra, d’abord avec Don Rodrigo, d’aprĂšs un livret d’Alejandro Casona, crĂ©Ă© Ă  Buenos Aires en 1964 ; ensuite avec Bomarzo, crĂ©Ă© en 1967 Ă  Washington, sur un livret du romancier Manuel Mujica Lainez inspirĂ© des jardins de Bomarzo, prĂšs de Rome ; enfin avec Beatrix Cenci, tirĂ© de Stendhal et d’Artaud, crĂ©Ă© en 1971 Ă  Washington, qui est peut-ĂȘtre la plus aboutie de ses Ɠuvres lyriques – bien que Bomarzoreste la plus connue, Ă  cause du scandale liĂ© Ă  son interdiction en 1967 par le dictateur Juan Carlos OnganĂ­a.

À la fin des annĂ©es soixante, la fermeture du CLAEM, sa sĂ©paration d’avec Mercedes de Toro et sa rencontre avec la violoncelliste Aurora NĂĄtola concourent Ă  son Ă©tablissement Ă  GenĂšve. Pour celle qui en 1971 devient sa seconde femme, Ginastera compose plusieurs Ɠuvres pour violoncelle, dont le deuxiĂšme Concertoop. 50 (1981), qui vient clore son riche catalogue d’Ɠuvres concertantes. Sa nouvelle vie en Suisse lui inspire l’intimisme de la Cantata Milenaop. 37(1971) pour soprano et orchestre, basĂ© sur des lettres de Kafka, ainsi qu’un retour Ă  la musique sacrĂ©e, Turbae ad Passionem Gregorianam op. 42 (1974). En 1980, il assiste au Teatro ColĂłn Ă  la crĂ©ation de Iubilumpour orchestre (op. 51), une commande de la Ville de Buenos Aires pour le quatriĂšme centenaire de sa fondation. À sa mort en 1983, Ginastera laisse en friche plusieurs projets dont un work in progress oĂč il renoue avec l’indigĂ©nisme de son premier opus : Popol Vuh op. 44 pour orchestre.

© Ircam-Centre Pompidou, 2012


Vous constatez une erreur ?

IRCAM

1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43

heures d'ouverture

Du lundi au vendredi de 9h30 Ă  19h
Fermé le samedi et le dimanche

accĂšs en transports

HĂŽtel de Ville, Rambuteau, ChĂątelet, Les Halles

Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique

Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.