Claire Renard passe sa jeunesse à Épernay où, dès l’âge de huit ans, elle commence l’apprentissage de la musique par le piano, instrument qu’elle enseigne par la suite au Conservatoire de Neuilly tout en menant en parallèle des études littéraires et de droit. À 24 ans, poussée par le désir de favoriser une plus grande part de créativité dans les méthodes d’enseignement et de jeu, elle se rapproche du GRM, le Groupe de Recherches Musicales dirigé par Pierre Schaeffer est alors considéré comme un haut-lieu de la recherche et de l’invention en musique. Admise dans la classe d’électroacoustique de Pierre Schaeffer au Conservatoire de Paris (CNSMDP), elle s’initie pendant deux ans (1971-1973) aux techniques de composition électroacoustiques. La compositrice dit aujourd’hui que cette expérience fut pour elle « un véritable choc qui bouleversa sa vie ». Dès lors, elle se démarquera de la tradition académique et créera son propre chemin artistique.
En 1973, Claire Renard intègre une équipe de chercheurs/compositeurs du GRM chargée dans les écoles de la ville de Paris d’expérimenter des jeux musicaux qu’elle invente elle-même. Jusqu’en 1977 elle se consacre à la recherche sur l’enseignement au sein du GRM, puis au Centre Européen pour la Recherche Musicale de Metz (1978-1981) et dans différentes structures. En 1982 elle publie aux éditions Van de Velde, Le geste musical, sorte de manifeste qui propose une initiation à la musique à travers le geste et le son produits par l’apprenant, reliant l’écoute et l’invention. En 1983, à la lecture de ce livre, Tod Machover l’invite à l’Ircam où elle va initier les recherches pédagogiques avec micro-informatique à l’Atelier des enfants du Centre Pompidou de Paris. Désormais identifiée comme créatrice, notamment par la pédagogie, elle reçoit des commandes. Elle créée alors sa première pièce La Vallée Close, pour trois chœurs et percussions (1986), puis Pour Octave (1988), concert-spectacle autour de la musique contemporaine mis en scène par Gustavo Frigerio, ainsi qu’Allô musique, une installation participative utilisant des écrans tactiles créée en 1991 au Centre Pompidou.
En 1990, Claire Renard est récompensée par la Villa Médicis Hors les Murs et la Fondation Beaumarchais (1990, puis 2002). En 1991, elle opère un nouveau tournant dans sa carrière professionnelle, s’orientant plus exclusivement vers la composition musicale. Nourrie de nombreuses influences et révélations esthétiques : Bob Wilson, Georges Aperghis, Giacinto Scelsi, John Cage, elle se lance avec son association PIMC (Pédagogie Informatique Musique et Création) et monte ses propres projets caractérisés par un goût prononcé pour l’expérimentation et la transdisciplinarité, innovant sur les formes d’écoute - concert Voir-ne-pas-Voir Brèves d’Eté (1994), concert-promenade La muse en son jardin (2003) - et sur les lieux de représentation - entrepôt industriel La musique des mémoires (2000-2001), musées Mémoire de Ville (2002), Chambre du Temps (2006).
Ses œuvres sont jouées en France, notamment à Radio France, au Centre Pompidou, à l’Opéra de Reims, à la Grande Halle de La Villette, au Théâtre de la Bastille, ainsi que dans de nombreux festivals et scènes nationales, mais également à l’étranger : Ars Musica, Archipel, ou encore Helsinki 2000.
Dans ses œuvres, elle accorde une place privilégiée à la voix – parlée, chantée ou traitée comme un instrument –, à la spatialisation, à l’écoute et au travail sur la matière sonore dans la tradition schaefférienne de la musique concrète. Ses musiques mixtes intègrent sons concrets, voix et instruments de différentes traditions comme : Col Canto (1995), Orimita (2013), Les plis du ciel (2003), De sa vie restera une onde (2023). Elle collabore avec des ensembles instrumentaux tels que Ars Nova, EOC, et des artistes comme Gustavo Frigerio, Stéphanie Aubin, Adalberto Mecarelli, Emilie Aussel, Esa Vesmanen.
Les œuvres importantes de Claire Renard comptent aussi bien des pièces vocales et instrumentales, mixtes, électroacoustiques que des opéras et des installations avec des préoccupations récurrentes tournées vers la mémoire, le silence, l’espace, les formes d’écoutes à proposer au public.
Par ailleurs, engagée dans la réflexion sur la parité Homme/Femme dans la culture, elle est présidente de l’Association Plurielles 34 entre 2020 et 2022.