L’auteur ne peut pas (pense-t-il) être celui du texte qui pourtant se trouve écrit. On dit qu’on le fait et le faisant le son qu’on fait n’est pas le son qu’on dit qu’on fait mais le son dit qu’on le fait le faisant, ce qui n’est pas forcément vrai, selon le système : plus ma voix m’est étrangère, plus c’est la mienne. L’appareil de la langue fabrique ses bouts dont la bouche est pleine mais les découpe en dehors des pointillés, le dialogue est à moitié avalé, on entend quelqu’un dire qu’on n’entend rien, autre chose semble se préparer en même temps que ça se déroule. Un entre-deux-chaises a lieu « dans cette pièce, je souhaite ». Deux voix, plus ou moins, des gestes, des élans interrompus, un peu de mollesse sous la peau rigide. Puis tout s’arrête parce que ça va bien comme ça.
Dominique Quélen, d’après Mathieu Corajod, note de programme du concert du 18 juin 2019 au Centquatre-Paris.