La Sonate est un deux parties : une première où dominent les tempos rapides (tempos A), une seconde où dominent les tempos lents (tempos B).
Les intervalles disjoints, les nuances souvent en opposition, ainsi que la rythmique assez heurtée, concourent nettement à une perception d'un son fragmenté. Et pourtant, par la rigueur de l'écriture, une certaine mélodicité se dégage peu à peu. Aux deux tiers de cette première partie A, une transition est amenée avec la partie suivante par l'injection de quelques mesures au tempo B, intercalés dans des mesures au tempo A, dont elles sont séparées car des points d'orgue de plus en plus longs.
L'effet de cette partie « silencieuse » est de toute beauté. La texture est complexe, intensément polyphonique ; l'écriture aérée, tonique.
La Sonate de Jean Barraqué constitue avec la Deuxième Sonate de Pierre Boulez (1948), une des contributions essentielles de cette période médiane du vingtième siècle à la littérature pour piano de tous les temps. Comme sa consœur boulézienne, la Sonate de Barraqué « respecte » l'instrument. On utilise ici et là le clavier : tout le clavier, mais rien que le clavier. Et comme on ne ménage pas l'extension des registres et des attaques, l'instrument n'en sonne que mieux...
Programme du concert du 3 octobre 1981 au Centre Pompidou.