La souris sans sourire pour quatuor à cordes a été écrite en 1988. C'est une commande de l'Ensemble intercontemporain.
Je ne saurais pas dire de quelle façon l'image contenue dans le titre a pu se retrouver dans la forme. Ce n'est pas un travail d'innovation en matière d'écriture instrumentale, mais plutôt une conception qui a cherché à retrouver dans cet ensemble de chambre la cohésion d'un seul instrument (contrairement à la pièce précédente où les « voix » étaient traitées de façon plutôt individuelle).
L'association de phrases d'Adorno et de Lewis Caroll — « celui qui sourit est le pouvoir », mais si le sourire reste là où le chat est absent, celui qui est dominé est une souris sans sourire — est gratuite, comme le sont toutes les associations : l'influence réciproque de deux éléments est le moteur de tout mouvement. Ainsi, le titre féconde les gestes et en eux se noie, comme une fonction sans organe se dissout dans l'organe sans fonction, puis, se retirant, l'abandonne à l'inertie de ce qui l'entoure.
Franco Donatoni.