general information

composition date
2011
duration
15min
publisher
Rai Trade
Dedicatee
Ă  Jean Guillou
Commission
Ircam - Centre Pompidou

type

Concertant music (Other keyboard and ensemble/orchestra)

detailed formation

Soloist
organ

flute (also alto flute), bass clarinet (also clarinet), 3 percussionists, harp, 2 violins, 2 violas, 2 cellos

information about the creation

date
June 18, 2011

France, Paris, festival Agora, église Saint-Eustache

interpreters

Francesco Filidei : orgue, ensemble MusikFabrik, direction : Enno Poppe.

 

Information on the electronics

RIM (réalisateur(s) en informatique musicale)
Lorenzo Bianchi
Electronic device
dispositif électronique non spécifié

technical documentation and patch

Ballata

Premiere

Sidney Version

Program note

Entretien croisé avec Francesco Filidei (compositeur) et Lorenzo Bianchi réalisateur en informatique musicale (RIM)

Francesco Filidei, comment ĂŞtes-vous devenu le compositeur que vous ĂŞtes ?

Francesco Filidei : Mes premières rencontres déterminantes furent, je m’en souviens, l’opéra De temporum in fine commedia de Carl Orff – un ouvrage qui reste très important pour moi par son rapport aux corps et aux bruits – puis John Cage – dont l’écoute, ou plutôt la non-écoute, me faisait invariablement éclater d’un rire hystérique. Puis, grâce à la collection Ricordi, j’ai découvert entre autres les musiques de Sylvano Bussotti et Salvatore Sciarrino – lequel j’allais bientôt rencontrer au conservatoire de Florence, où j’étudiais déjà l’orgue. C’est du reste ce dernier qui m’attira le plus.

Ă€ cette Ă©poque, j’avais dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  reprĂ©senter ma musique au moyen de dessins, de gestes sur le papier, et je dĂ©couvrais Ă©galement toute une famille de sons ou de bruits inhabituels, c’est-Ă -dire sortant de toute rationalitĂ©. Partant du constat que la plupart des instruments sont anthropomorphes, car ils naissent de la volontĂ© de l’homme de donner vie Ă  l’inanimĂ© et de faire chanter les objets, je produisais des sons en caressant par exemple la caisse ou le clavier d’un piano : nous Ă©tions en Ă©tĂ©, il faisait très chaud, et le piano Ă©tait un peu moite, ce qui donnait un crissement aigu et Ă©touffĂ©.

Lorsque j’ai exposĂ© tous ces matĂ©riaux Ă  Sciarrino, il m’a aussitĂ´t conseillĂ© d’écrire avec – et ce fut Texture, ma première pièce, pour laquelle j’avais mis au point une notation spĂ©cifique – Ă  partir de celle de la Labanotation, notation du mouvement inventĂ©e en 1928 par rudolf Laban (1879-1958) – pour mieux exploiter ce nouveau matĂ©riau sonore : nier le son, n’utiliser que les bruits de la mĂ©canique, ce que le son instrumental cache habituellement.

Ces bruits sont considĂ©rĂ©s comme des « fautes Â», mais si ces fautes ne relèvent pas de la volontĂ© du musicien, de qui relèvent-elles ? Peut-ĂŞtre de l’instrument lui-mĂŞme… Ensuite, je me suis intĂ©ressĂ© Ă  un jeu sur la sĂ©rie et les registres : avec une idĂ©e de base parfois plus simple encore que la tonalitĂ© (une gamme de do, ou juste les cordes Ă  vide des instruments Ă  corde), je me sens parfois plus libre de m’exprimer. Poursuivant sur le chemin des bruits, je me suis dans le mĂŞme temps beaucoup intĂ©ressĂ© aux appeaux et aux oiseaux. Dans Concertino d’Autunno (2007), je reprends le Concerto « L’automne » de Vivaldi en renforçant le modèle naturel au moyen de ces appeaux.

Comment votre crĂ©ation, Ballata, s’inscrit-elle dans ce parcours ?

F.F. : Elle se rapproche de mon Concerto pour violoncelle (2009), avec lequel elle partage son principe gĂ©nĂ©rateur : une structure qui repose sur une gamme chromatique, chaque section Ă©tant construite sur une note de cette gamme. Dans le Concerto pour violoncelle, c’était une gamme chromatique unique. Ici, ce sont deux gammes en miroir, partant de la mĂŞme note : do-do, si-do#, sib-rĂ©, etc.

Cela se rapproche dangereusement de la tonalitĂ© ! MĂŞme s’il n’y a lĂ  ni jeu de tension/dĂ©tente ni cadence…

F.F. : J’ai fait un tel carême de tout son et hauteur de son pendant dix ans, que je me sens aujourd’hui très libre de jouer avec ce genre de concepts, aussi près soient-ils de la tonalité.

Comment ces sections s’articulent-elles sur chaque note ?

F.F. : Étant organiste, la basse (celle qui, en baroque, s’appelle « basse continue Â») est pour moi essentielle : la structure doit rester la plus forte et la plus claire possible – ce sont finalement sur les fondations les plus simples qu’on peut bâtir les Ă©difices les plus complexes. Il n’y a donc qu’un seul mouvement avec douze sections (correspondant aux douze notes). L’idĂ©e Ă©tait de prendre le temps d’explorer une note, une couche sonore et les mĂ©lodies s’inscrivant autour de cette note ou dans son spectre – après quoi on « module Â» pour passer Ă  la note suivante.

Jusqu’à présent, avec mes bruits instrumentaux et autres appeaux, mon travail s’apparentait au seul noir et blanc, ou au dessin au fusain. Remplir de sons ces contours revient donc aujourd’hui à y mettre de la couleur. Au sein de chaque section, et donc pour chaque note, on fait l’expérience des différentes situations expressives que peut susciter la note en question, en termes de couleurs : sans être synesthète comme Messiaen, chaque note convoque pour moi une teinte. Chaque section a son identité acoustique, ouverte ou concentrée, sèche ou généreuse, etc.

Ballata reprĂ©sente votre première Ĺ“uvre d’une certaine importance pour orgue, ce qui est Ă©tonnant pour un organiste. Pourquoi y venir si tard ?

F.F. : Jusqu’à prĂ©sent, j’avais peur de confronter mes deux activitĂ©s majeures. Le mĂ©tier d’improvisateur organiste, et ses gestes prĂ©dĂ©terminĂ©s, ne doit surtout pas interfĂ©rer avec la dĂ©marche compositionnelle. D’un autre cĂ´tĂ©, tout cela fait partie du jeu – comme l’interprĂ©tation des trilles, par exemple… doit-on en noter toutes les nuances, toutes les inflexions ? Dans les Concertos de Haendel, qu’il crĂ©ait lui-mĂŞme, l’essentiel de la partie soliste est laissĂ© aux bons soins du talent improvisateur du soliste. Dans Ballata, je ne sais pas jusqu’à quel point je vais Ă©crire la partie d’orgue. On devrait revenir Ă  l’idĂ©e « première Â» de l’organiste, celle d’un musicien qui, voyant sa partition, comprend aussitĂ´t ce qu’il doit faire. Que l’organiste soit interprète et non pas exĂ©cutant.

Avez-vous dĂ©jĂ  Ă©crit des Ĺ“uvres avec Ă©lectronique ?

F.F. : Quelques-unes. J’ai fait une pièce ici, Ă  l’Ircam, au cours de mon stage du Cursus 1, Programming Pinocchio, qui consistait Ă  faire parler le piano au moyen de synthèse par modèle physique (toujours cette idĂ©e de faire chanter l’inanimĂ©). Puis j’ai fait une pièce au Studio expĂ©rimental de Fribourg-en-Brisgau, oĂą les instruments Ă©taient les ordinateurs eux-mĂŞmes : la pièce consistait en la composition (Ă©lectronique) de la pièce elle-mĂŞme. Trois rĂ©alisateurs en informatique musicale (RIM) « jouaient Â» de leurs ordinateurs (clavier et souris), comme on jouerait d’un instrument : le geste des RIM reprenait ainsi son rĂ´le musical premier.

Comme un serpent qui se mord la queue ! Aujourd’hui, clavier et logiciel ont changĂ© : la pièce n’aurait sans doute plus le mĂŞme visage…

F.F. : Oui, sans doute. Pour revenir à l’électronique, Ballata représente ma première expérience dans le domaine du temps réel. Et c’est là que l’apport de Lorenzo Bianchi, réalisateur en informatique musicale à l’Ircam qui a travaillé avec moi sur l’électronique, a été essentiel – il joue un rôle d’orchestrateur ou presque.

Lorenzo Bianchi, Ballata est votre première collaboration avec Francesco Filidei, comment s’est passĂ© le travail ?

Lorenzo Bianchi : Si c’est moi qui rĂ©alise l’électronique, c’est Francesco qui la nourrit. De mon cĂ´tĂ©, je lui ai prĂ©sentĂ© mes outils, mon environnement de travail – dans lequel j’ai accumulĂ© un certain nombre de processus. Lui est arrivĂ© avec en tĂŞte un certain nombre de timbres ou d’effets qui l’intĂ©ressaient. Nous avons alors passĂ© beaucoup de temps Ă  Ă©chantillonner les instruments de l’ensemble (flĂ»te, clarinette et les cordes) ainsi que les appeaux d’oiseaux, qui le fascinent ces derniers temps, pour tester les diffĂ©rents traitements. La structure gĂ©nĂ©rale et les lignes de force ne se sont Ă©claircies qu’assez tard dans le processus.

F.F. : Nous nous sommes vite rendu compte que les sons des instruments, tels que je les emploie habituellement, sont déjà l’objet de traitements en eux-mêmes. Non pas par un processus électronique, mais par mon habitude de chercher toujours des sons instrumentaux dans le sens large du terme – plutôt des bruits instrumentaux. Ce sont en somme des sons déjà singuliers, qui ont en eux une qualité sonore que nous ne voulions pas perdre.

L.B. : Les deux défis majeurs étaient donc, d’une part, de ne pas abîmer l’écriture instrumentale, de trouver le lieu et le rôle précis de l’électronique, et, d’autre part, de composer avec l’acoustique de l’église Saint-Eustache pour en maîtriser l’hallucinante réverbération. Notre (énorme) travail de spatialisation relève ici plus de la contrainte que de l’effet.

F.F. : La spatialisation joue ici un rôle de second plan sonore, qui ouvre l’église Saint-Eustache comme un nouveau champ acoustique.

Quel est donc le lieu spĂ©cifique de l’électronique que vous avez choisi d’exploiter ?

L.B. : Cela varie d’une section à l’autre. Pour chacune, nous avons redéfini le territoire de l’électronique. De manière générale, nous abordons l’électronique comme un instrument – dans sa spécificité, bien entendu, c’est-à-dire avec ses paramètres et timbres propres, distincts des autres instruments. L’électronique figure un espace métaphorique, meublé de sons impossibles à produire par des instruments.



Propos recueillis par Jérémie Szpirglas, Agora 2011.

recordings

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Ballata

Composed by Francesco Filidei , concert on June 18, 2011

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