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Composed by Vittorio Montalti , concert on June 30, 2013

information

Type
Concerts
performance location
Ircam, Espace de projection (Paris)
duration
16 min
date
June 30, 2013
program note
Final Holliger

CRÉATION CURSUS 2

Pour flûte/flûte piccolo/flûte basse, hautbois, clarinette/ clarinette basse, percussion, piano/clavier MIDI, violon, alto, violoncelle et électronique, sur un texte de Georges Perec

« Mon propos dans les pages qui suivent a plutôt été de décrire le reste : ce que l’on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n’a pas d’importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. »
Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Georges Perec
Référence directe à la Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec, cette pièce pour ensemble et électronique fait partie d’une série que j’ai entreprise depuis quelques années autour de la thématique de la ville et de la vie parisienne. J’ai découvert Perec en lisant La Vie, Mode d’Emploi, lorsque j’étudiais encore en Italie – j’ai croisé son nom en lisant les travaux d’un mathématicien universitaire traitant des liens entre mathématiques et arts: il consacrait une partie de ses travaux à l’Oulipo et à Perec. J’ai immédiatement été fasciné par les jeux sur le langage, par l’écriture à contrainte (je m’impose également un certain nombre de contraintes dans ma pratique de la composition), et par ses descriptions de la ville.
Pour écrire Tentative d’épuisement d’un lieu parisien, Georges Perec s’est installé pendant trois jours place Saint-Sulpice, dans le 6e arron- dissement de Paris. Assis à la terrasse des cafés ou sur les bancs publics, il a observé la place à différents moments de la journée, prenant note de tout ce qu’il voyait: gens, voitures, autobus, animaux, nuages… des choses apparemment insignifiantes, mais qui rendent compte de la vie d’une grande ville.
Les images que Perec décrit, à première vue à peine anecdotiques, tissent un réseau d’his- toires qui guident la composition de ma pièce en donnant vie à différentes figures musicales: la femme qui passe avec une baguette sous le bras, les pigeons qui volent d’un point à un autre de la place, la jeune fille qui fume une cigarette en attendant l’arrivée de son petit ami, le pas- sage des autobus… Les figures alternent, se chevauchent, se croisent et reviennent, dans la même journée, ou d’un jour à l’autre – dans une écriture qui relève parfois du montage cinéma- tographique.
J’ai également voulu suggérer les change- ments de perspective de l’observateur (Perec se déplace toutes les deux heures, du Tabac Saint- Sulpice au Café de la Mairie en passant par la fontaine Saint-Sulpice) et les changements dans son attitude. Au début, l’écriture a manifeste- ment la prétention d’être extrêmement objec- tive, prenant même la forme d’un inventaire. Puis Perec se laisse aller, de temps à autre, à formuler des pensées et des réflexions plus subjectives. La répétition d’événements ordinaires le conduit à imaginer des digressions qui créent de légers écarts dans la forme de l’essai. On constate aussi qu’il s’ennuie de son exercice : le premier jour fait 24 pages, le deuxième, 12, et le troisième 7. Son matériau s’épuise (ou l’épuise), et ma musique devient plus elliptique.
Les trois journées sont l’occasion de décliner, de trois manières différentes, l’idée d’hétérophonie dans l’écriture musicale – non pas des lignes musicales plus ou moins identiques et plus ou moins décalées, mais plutôt de visions de dif- férents objets dans leurs interactions avec le monde.

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