Walter Boudreau commence ses études de musique par le piano, puis le saxophone. À 19 ans, il fonde un quatuor de jazz avec qui il enregistre son premier disque. Deux ans plus tard, en 1968, il fonde avec le poète Raôul Duguay l’Infonie, un ensemble hirsute qui se situe entre le happening, le jazz, la musique contemporaine et le multimédia. Au cours de ses cinq ans d’existence, le groupe donne 200 concerts, publie quatre disques et un livre et fait l’objet d’un film, L’Infonie inachevée de Roger Frappier.
Il étudie l’analyse musicale avec Bruce Mather à l’Université McGill (1968-1970), puis l’analyse et la composition avec Gilles Tremblay et Serge Garant au Conservatoire de musique de Montréal et à l’Université de Montréal respectivement (1970-1973). Il reçoit plusieurs subventions du Conseil des arts du Canada, ce qui lui permet de suivre des cours d’été donnés par Pierre Boulez à Cleveland en 1971 et par Mauricio Kagel, György Ligeti, Karlheinz Stockhausen et Iannis Xenakis à Darmstadt en 1972. Il fait également des recherches subventionnées au Centre de calcul de l’Université de Montréal, des stages d’informatique musicale à l’Université Simon Fraser de Vancouver et au Center for Experimental Music à l’Université de San Diego.
Les œuvres de Walter Boudreau, d’abord influencées par le sérialisme, comme Variations I (1975), s’organisent autour de logiques mathématiques. Passionné d’architecture, le compositeur parle d’« édifices musicaux » et s’intéresse aux structures gigantesques. La Symphonie du Millénaire (2000) en est l’exemple le plus important : Walter Boudreau est à l’initiative de ce projet, ancien pour lui, de composer pour la ville de Montréal, dans une pièce qui rassemble 19 compositeurs, 333 musiciens et 200 carillonneurs. L’œuvre attire 40 000 spectateurs. Le gigantisme spatial — le compositeur observe régulièrement l’Univers, dans Les Sept Jours (1977), Demain les étoiles (1980) ou Les planètes (1983) — s’allie au gigantisme temporel : Walter Boudreau a travaillé pendant vingt ans sur la pièce Berliner Momente (1988-2008), commande de Radio-Canada, qui, dans sa première version, retrace en 16 minutes 1 000 ans d’histoire de la ville.
Imprégnée de spiritualité et tournée vers les grands thèmes de l’existence humaine (comme en témoigne Encore ces questions sans réponse…, 1991), l’œuvre de Walter Boudreau fait référence à la religion — La Symphonie du Millénaire est musicalement basée sur le thème grégorien du Veni Creator — tout en restant fidèle à l’esprit de la Révolution tranquille québécoise, comme en témoigne Golgot(h)a (1990), abordant les quatorze stations du Chemin de Croix, dans un « oratorio anticlérical psychédélique ».
Walter Boudreau a été pendant 33 ans directeur de la Société de Musique contemporaine du Canada (SMCQ – 1988-2021) ; les projets qu’il y initie contribuent à en faire une institution culturelle de premier plan. Il participe à la création du festival Montréal/Nouvelles Musiques en 2003, dont il est co-directeur artistique avec Denys Bouliane, fonction qu’ils avaient déjà occupée ensemble pour le festival Musiques au présent de l’Orchestre symphonique de Québec (1998-2000).
En tant que chef d’orchestre, il a dirigé l’Orchestre du Centre national des arts, l’Orchestre métropolitain, l’Ensemble de la SMCQ et l’ensemble des Événements du neuf.
Prix et récompenses
- Ordre des arts et des lettres du Québec, 2022 ;
- Chevalier de l’Ordre de Montréal, 2020 ;
- Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle, 2015 ;
- Membre de l’Ordre du Canada, 2014 ;
- Chevalier de l’Ordre national du Québec, 2013 ;
- Prix Denise-Pelletier (Prix du Québec) pour les arts de la scène, 2004 ;
- Prix Molson du Conseil des arts du Canada, 2003 ;
- Prix Opus du Conseil québécois de la musique pour l’« Événement musical de l’année au Québec », 1999, 2000, 2003, 2008 ;
- Prix Opus du « Compositeur de l’année » au Québec, 1998 ;
- Prix Jules-Léger pour L’Odyssée du Soleil, 1982 ;
- Premier prix au Concours national des jeunes compositeurs de Radio-Canada pour Variations I, 1974.