Stefano Gervasoni est né à Bergame en 1962. Il suit des études de piano puis, après avoir sollicité, à l’âge de dix-sept ans environ, les conseils de Luigi Nono, il commence des études de composition au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan avec Luca Lombardi ; il les poursuivra avec Niccolo Castiglioni, dont il admire la stature spirituelle et poétique, et avec Azio Corghi, avec lequel il acquiert un métier approfondi. Il étudiera plus tard ponctuellement avec György Kurtág en Hongrie en 1990, puis à l’Ircam en 1992. Ses rencontres avec Brian Ferneyhough, Peter Eötvös et Helmut Lachenmann – il travaillera avec ce dernier durant un mois à Vienne – ont été essentielles dans son parcours.
Installé à Paris durant trois ans, de 1992 à 1995, Stefano Gervasoni reçoit plusieurs commandes et obtient la bourse de l’Académie de France à Rome, où il réside en 1995-1996. Il avait auparavant obtenu différents prix en Italie. Participant du Forum Junger Komponisten de Cologne puis de l’Internationales Komponistenseminar à Vienne (1994), il est invité à donner un séminaire à Darmstadt en 1998 et une master class de composition à Royaumont en 2001. En 2005, il reçoit une bourse de la DAAD qui lui permet de passer une année à Berlin. L’année suivante, il est nommé professeur de composition au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris.
Depuis 1992, Stefano Gervasoni a reçu de nombreuses commandes d’ensembles et de festivals, et en 1997, la série Musique Française d’Aujourd’hui a publié un disque-portrait avec l’ensemble Contrechamps. Sa musique fut d’abord publiée par les éditions Ricordi. Depuis 2000, Stefano Gervasoni est édité par Suvini Zerboni à Milan (plusieurs de ses œuvres peuvent être consultées en ligne sur son site). Son catalogue comprend une soixantaine de pièces allant du solo à l’effectif orchestral, et de nombreuses œuvres vocales. Un opéra bouffe, Limbus-Limbo est créé en Festival Musica de Strasbourg en 2012.
Il est significatif que, jeune musicien, Gervasoni se soit tourné vers Nono dans un contexte italien où existaient par ailleurs des personnalités telles que Berio, Sciarrino et Donatoni. Il semble avoir cherché chez l’auteur de Prometeo cette inquiétude créatrice qui interroge le sens même de la musique au-delà de langages trop systématisés ou maniérés, même si le raffinement sonore d’un Sciarrino et des œuvres comme Coro de Berio ont compté pour lui à ses débuts. En ce sens, la rencontre ultérieure avec Lachenmann fut d’une grande importance, comme si le compositeur allemand, élève de Nono, pouvait lui transmettre la pensée de ce dernier, mais avec des exigences artisanales plus poussées. La rencontre de Grisey a aussi compté, bien que Gervasoni se soit tenu à l’écart de l’école spectrale, dont il n’aime pas le caractère systématique, comme celle, plus tardive, de Holliger, avec qui il a des affinités évidentes.