À la suite d’une formation musicale classique au conservatoire de Marseille où il prend des cours de violon jusqu’en 1968, Michel Redolfi entreprend un cursus de musicologie à la faculté d’Aix en Provence. Il se tourne en parallèle vers la musique électroacoustique et se spécialise dans ce domaine en cofondant en 1969 le Groupe de musique expérimentale de Marseille (GMEM), avec Marcel Frémiot, Georges Bœuf, Lucien Bertolina, Claude Colon et Jacques Diennet.
En 1973, il s’installe aux États-Unis pour une quinzaine d’années avec sa compagne, la flûtiste et traductrice Lanie Goodman. Pendant ce séjour américain, il mène ses expérimentations en tant que compositeur-chercheur invité dans les studios de l’Université du Wisconsin, du California Institute of the Arts, et du Dartmouth College — où il participe notamment aux côtés de Jon Appleton, de Sidney Alonson et de Cameron Jones au développement du Synclavier, le premier synthétiseur numérique dont le GMEM acquiert très tôt un exemplaire aujourd’hui conservé au Musée de la Cité de la Musique.
En 1981, à l’Université de Californie à San Diego (USCD), il lance le concept de musique subaquatique (underwater music) : une musique diffusée et écoutée sous l’eau. Innovation majeure en ce qu’elle renouvelle l’espace du concert ainsi que les technologies de diffusion — l’immersion du public en pleine eau induit la création d’une lutherie sous-marine, principalement électroacoustique —, la musique subaquatique sera pour la première fois donnée en concert dans la Baie de San Diego en 1982 avec la pièce Sonic Waters.
De retour en France, il succède en 1985 à Jean-Étienne Marie à la direction du Centre international de recherche musicale (CIRM) et du festival Musiques Actuelles Nice-Côte d’Azur (MANCA) dont il assure le renouveau jusqu’en 1998. C’est sous son impulsion que le festival du même nom devient le rendez-vous des musiques alternatives et du son pour l’image.
En 2002, il fonde le studio pluridisciplinaire Audionaute, spécialisé dans le design sonore d’espaces culturels, la scénographie multimédia, et l’identité musicale de transports publics. Parmi ses travaux figurent notamment une série de sonals pour les tramways de Brest et de Nice, ou des installations sonores permanentes au Centre de la Mer Nausicaá, à la Fondation Carmignac, au Musée Matisse ou à la Fondation Maeght.
Les créations de Michel Redolfi innovent le plus souvent par une remise en jeu des modes d’écoute, élargissant ainsi la notion de concert : en situation aérienne ou aquatique, au travers de la scénographie d’un lieu public, le son est vécu par l’audience en mode immersif via le prisme d’une matière acoustique, d’une substance de diffusion, d’un parcours spatialisé dans un espace naturel ou urbain. Il qualifie ses créations de musiques expérimentables.
En plus de ses œuvres purement électroacoustiques (principalement commandées par le GRM), son répertoire comprend de nombreuses pièces mixtes et multimédia pour le concert, la danse, l’art vidéo et la création radiophonique.
Sa musique est programmée dans des festivals nationaux et internationaux tels que le Cycle Acousmatique de l’INA-GRM à Paris, Ars Electronica à Linz, la Biennale de Venise, Musica à Strasbourg, Why Note à Dijon, Royal Hall Festival à Londres, Cal Arts Festival à Los Angeles, Gaudeamus à Amsterdam ou encore le Sydney Festival.
Au cours de sa carrière, il collabore avec les compositeurs Pierre Henry, Jon Appleton, Bernard Parmegiani, Terry Riley, Jon Hassell, Jean Claude Risset, Christoph Harbonnier & Lightwave, Luc Ferrari, ainsi qu’avec les acteurs Michael Lonsdale et Jean-Marc Barr, les artistes du numérique Miguel Chevalier et William Latham, et les plasticiens Sosno, Lyonel Kouro et Ben ainsi que le peintre Hervé Di Rosa.
Prix et distinctions :
- Prix de la Fondation Jacques Rougerie – Institut de France, 2020 ;
- Nomination lion d’Or-musique, Biennale de Venise, 2006 ;
- Prix Ars Electronica, 1996 (Interactive Art) et 1994 (Computer Music) ;
- Faust d’Or, 1994 ;
- MĂ©daille hommage de la Sacem, 1988 ;
- Prix Fondation Futuriste Russolo-Pratella, 1978 ;
- Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres.