Né d’un père sculpteur et d’une mère peintre, Georges Aperghis hésite longtemps entre l’expression plastique et la composition. Essentiellement autodidacte, il découvre la musique grâce à la radio et aux cours de piano que lui donne une amie de la famille.
S’installant à Paris en 1963, Aperghis s’initie au sérialisme du Domaine Musical, à la musique concrète de Pierre Schaeffer et de Pierre Henry, aux recherches de Iannis Xenakis dont il s’inspire dans ses premières œuvres, avant, à partir de 1970, d’élaborer un langage plus libre et plus singulier.
La Tragique Histoire du nécromancien Hiéronimo et de son miroir, sa première pièce de théâtre musical en 1971, lie étroitement la musique au texte et à la scène et préfigure sa recherche d’une dramaturgie musicale originale qu’il poursuit jusqu’à aujourd’hui. En 1976, Georges Aperghis crée l’Atelier théâtre et musique, Atem, siégeant à Bagnolet puis au théâtre des Amandiers de Nanterre (de 1992 à 1997), consacré au théâtre musical. Il renouvelle son travail de compositeur, qui, selon sa devise, doit « faire musique de tout », en même temps qu’il invente de nouvelles formes de travail où se rencontrent musiciens, chanteurs aussi bien que comédiens et artistes plastiques. Ses pièces intègrent les éléments vocaux, instrumentaux, gestuels, narratifs et scéniques dans un cadre expressif unique. Les Récitations (1978), pour soprano solo, explorent tous les affects, toutes les expressions humaines. L’élaboration musicale et l’émergence d’un langage signifiant saisi en son état naissant, progressent de pair, par la répétition de bribes textuelles et de cellules sonores, arrangées comme des jeux de construction se jouant de l’attente et du sens. Un grand nombre d’œuvres de théâtre musical jalonnent ce parcours, parmi lesquelles l’opéra Je vous dis que je suis mort (1978), le Sextuor L’Origine des espèces (1992), ou Machinations (2000).
C’est à l’opéra qu’il réalise la synthèse de ses travaux expérimentaux : ici le texte est l’élément fédérateur et déterminant, la voix, le principal vecteur de l’expression. Il a composé huit œuvres lyriques, dont Avis de Tempête (2004), créé à l’opéra de Lille, qui reçut le Grand Prix de la critique en 2005.
Il compose également de nombreuses pièces pour instruments seuls, des œuvres de musique de chambre, vocales, pour orchestre. Sa musique instrumentale même comporte des éléments théâtraux ou verbaux, comme le suggère le titre des pièces Quatre Récitations pour violoncelle (1980).
Plus d’une centaine de pièces compose son catalogue. L’année 2000 a été marquée par deux créations, entendues à travers toute l’Europe : Die Hamletmaschine-Oratorio, sur un texte de Heiner Müller et le spectacle musical Machinations, commande de l’Ircam, qui s’est vu décerner par la Sacem le Prix de la meilleure création de l’année.
En 2004, outre l’opéra Avis de Tempête, il compose Dark side, d’après l’Orestie d’Eschyle. L’été 2006 voit la création de la Wölfli Kantata sur des textes d’Adolf Wölfi et de Contretemps. En décembre 2007 est créé Le petit poucet d’après le conte éponyme de Charles Perrault, en collaboration avec le vidéaste-plasticien Hans Op de Beeck. En mai 2010, l’Opéra comique de Paris crée Les Boulingrin, opéra-bouffe mis en scène par Jérôme Deschamps, d’après Georges Courteline. En juin 2011 est créé Luna Park, commande de l’Ircam-Centre Pompidou et du festival d’Automne à Varsovie, sur un texte de François Regnault, drame sur la confrontation de deux mondes, l’un réel et l’autre virtuel. Entre 2012 et 2014, il écrit une série de Six Études pour grand orchestre (commande de la Westdeutscher Rundfunk et du festival Musica de Strasbourg), et en 2016, son Concerto pour accordéon, est créé lors de Musica Viva par le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, sous la direction d’Emilio Pomarico.
Georges Aperghis reçoit le prix Mauricio Kagel en 2011, le Lion d’Or à la Biennale de Venise en 2015 et le prix des Frontières de la connaissance (catégorie Musique contemporaine) de la Fondation BBVA en 2016.
En 2018, il est l’une personnalités invitées du festival ManiFeste de l’Ircam, pour la création de sa pièce Thinking Things et pour la création française de Obstinate, pour contrebasse solo.
En 2021, l’académie bavaroise des Beaux-Arts de Munich lui décerne le prix Ernst von Siemens Musikpreis pour l’ensemble de son œuvre.