Compositeur des plus prometteurs de la jeune génétation italienne, Fausto Romitelli, né à Gorizia (Italie) en 1963, disparut prématurément en 2004 des suites d’une longue maladie.
Il étudia tout d’abord avec Franco Donatoni à l’Accademia Chigiana de Sienne et à la Scuola Civica de Milan. Outre Donatoni, ses premiers grands modèles furent György Ligeti, Giacinto Scelsi, puis Stockhausen, Boulez et Grisey. Les œuvres des années quatre-vingt témoignent déjà de l’importance du son comme « matière à forger », selon l’expression du compositeur : Ganimede (1986), pour alto, Kû (1989), pour quatorze musiciens.
Dans les années quatre-vingt dix, il poursuivit son investigation du sonore à Paris, à l’Ircam et avec les musiciens de l’Itinéraire – Murail, Grisey, Lévinas, Dufourt. Il suivit le Cursus de composition de l’Ircam et collabora de 1993 à 1995, avec l’équipe Représentations musicales en qualité de compositeur de recherche. Ces expériences sur la synthèse sonore et l’analyse spectrale irriguent les pièces composées à partir de cette période : Sabbia del Tempo (1991) pour six interprètes, Natura morta con fiamme (1991) pour quatuor et électronique.
Compositeur non formaliste, Romitelli ne craignait pas l’hybridation, décloisonnant la frontière entre musique savante et populaire. Distortion, saturation, inspiration du rock psychédélique, harmonie « sale » font partie de son univers musical : Acid Dreams & Spanish Queens (1994), pour ensemble amplifié, EnTrance (1995), Cupio Dissolvi (1996). Le cycle Professor Bad Trip I, II et III (1998-2000), associant des couleurs instrumentales acoustiques distordues, électriques ainsi que d’accessoires comme le mirliton et l’harmonica, s’inspire des œuvres d’Henri Michaux écrites sous l’effet de drogues et recrée une atmosphère hallucinatoire.
An Index of Metals (2003), video-opéra pour soprano et ensemble avec vidéo de Paulo Pachini est l’œuvre testament de Fausto Romitelli, synthèse et sommet de son langage musical.