Né de parents musiciens – sa mère et son beau-père étaient tous deux pianistes et professeurs de piano –, Bernard Parmegiani n’a pourtant pas une formation de musicien classique. Il s’exerce à la pratique du mime entre 1955 et 1959 avec Jacques Lecoq (maître mime des années 1950) et Maximilien Decroux (fils d’Étienne Decroux, célèbre mime avant l’avènement du mime Marceau) qui a par ailleurs collaboré avec les compositeurs Iannis Xenakis et Pierre Henry. Il débute alors une carrière professionnelle dans cet art qui correspond bien à sa personnalité – celle d’un homme discret qui parle peu – et dans lequel il s’illustre au point d’intervenir régulièrement à la télévision.

Parallèlement, Parmegiani devient preneur de son. Cette vocation nĂ©e lors de son service militaire (Service cinĂ©matographique des armĂ©es) le conduit Ă  travailler sur de nombreux projets pour le cinĂ©ma (courts ou longs mĂ©trages), la tĂ©lĂ©vision et ensuite l’art radiophonique. Il avoue s’adonner en catimini au « bidouillage Â» des sons. Fort de cette expĂ©rience, Pierre Schaeffer lui demande d’intĂ©grer en 1959 le Groupe de recherche musicale en qualitĂ© de preneur de son et assistant pour le montage. Ă€ ce titre, il sera l’assistant de Iannis Xenakis et de Luc Ferrari, et entrera en relation avec de nombreux cinĂ©astes de cette Ă©poque. Dès son arrivĂ©e au service de la recherche, il suit deux annĂ©es de stage de musique concrète (avec comme condisciple notamment François Bayle), et bascule progressivement de l’activitĂ© de preneur de son Ă  celle de compositeur. Mais les genres qu’il aborde sont multiples et sans exclusive : musiques acousmatiques (environ soixante-dix opus), et beaucoup de musiques pour l’image (films de marionnettes ; courts, moyens, longs mĂ©trages ; films documentaires, films publicitaires, films d’animation, films vidĂ©o) et d’application (musiques de mime ; musiques pour des chorĂ©graphies, musiques de scène ; gĂ©nĂ©riques de tĂ©lĂ©visions ou de radios, sonal – son signal, dont celui emblĂ©matique de l’AĂ©roport Charles-de-Gaulle Ă  Paris entre 1971 et 2005), soit près de cent trente rĂ©fĂ©rences.

Sa production s’articule en deux grands moments. De 1960 Ă  De Natura Sonorum, son activitĂ© est prolixe et diversifiĂ©e, largement Ă©quilibrĂ©e entre les musiques d’application et les musiques d’obĂ©dience concrète. Humour et savoir-faire dans le domaine de la prise du son et du montage (Violostries, L’Instant mobile, Capture Ă©phĂ©mère, La Roue Ferris…) participent de l’éclosion d’un des plus grands acteurs des « arts et sons fixĂ©s sur support Ă©lectronique Â», sans s’interdire des collaborations avec des musiciens de jazz ou de pop (Jazzex, Et après…, Du pop Ă  l’âne, Pop’ eclectic, Pop secret). Ă€ partir de 1970, Parmegiani excelle dans des Ĺ“uvres aux dimensions formelles plus grandes et plus abouties (Enfer, Pour en finir avec le pouvoir d’OrphĂ©e, De Natura Sonorum, La CrĂ©ation du monde…). Ses Ĺ“uvres sont Ă©galement des rebonds de lectures philosophiques (Gaston Bachelard, Vladimir JankĂ©lĂ©vitch, ClĂ©ment Rosset) en particulier sur la notion de capture de l’instant. Plusieurs sĂ©ries d’œuvres s’inscrivent dans ces dialogues du musicien et du philosophe (Plain-Temps, Le PrĂ©sent composĂ©, Entre-temps, La MĂ©moire des sons…).

Responsable du secteur Musique/Image du Service de la recherche de l’ORTF, il reste compositeur affilié à l’INA-GRM (Institut national de l’audiovisuel – Groupe de recherche musicale) jusqu’en 1992, puis crée son propre studio appelé Fabricasonsà Saint-Rémy-de-Provence*.* Ce tropisme de la relation musique/image le conduit à la découverte de l’art vidéo à l’occasion d’un voyage d’études aux États-Unis d’Amérique au début des années 1970. L’œil écoute, Jeux d’artifices et l’Écran transparent – cette dernière œuvre étant réalisée à la WDR de Cologne – s’inscrivent dans cette dynamique. En revanche, Parmegiani n’écrira que peu d’œuvres avec instruments acoustiques – même si l’une de ses premières œuvres, Violostries, est écrite pour violon et bande magnétique – à l’exception des instruments électroniques, faisant de lui un compositeur difficilement classable dans une école. À la croisée de l’écriture concrète et du travail sur les synthétiseurs, grand admirateur de Stockhausen et soutenu par Schaeffer, Parmegiani est lui-même l’inspirateur de toute une génération de musiciens contemporains et au-delà, d’artistes sonores toutes esthétiques et disciplines artistiques confondues.

RĂ©compenses

  • LaurĂ©at du Prix Italia (1976) ;
  • Grand Prix de l’AcadĂ©mie du disque (1979) ;
  • Grand Prix des compositeurs de la SACEM (1981) ;
  • Prix de la composition de musique contemporaine, Cinquièmes Victoires de la musique (1989) ;
  • Prix du Magistère, Concours international de Bourges (1991) ;
  • Chevalier de l’ordre du mĂ©rite (1991) ;
  • Prix « Golden Nica » de Ars Electronica de LINZ 1993 pour la pièce Entre-temps ;
  • « Coup de CĹ“ur » AcadĂ©mie Charles Cros pour Portrait Polychrome CDMC/INA-GRM (2003) ;
  • Prix du PrĂ©sident de la RĂ©publique de l’AcadĂ©mie Charles Cros pour le coffret de 12 CD regroupant l’essentiel de son Ĺ“uvre (2008).
© Ircam-Centre Pompidou, 2015


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