Igor Stravinsky (1882-1971)

Pulcinella (1919 -1920)

ballet avec chant en un acte, musique d'après Pergolèse


œuvre scénique

  • Informations générales
    • Date de composition : 1919 - 20 avr 1920
    • Vidéo, installation (détail, auteur) : chorégraphie de Massine
    • Durée : 40 mn
    • Éditeur : Boosey & Hawkes
Effectif détaillé
  • solistes : 1 soprano solo, 1 ténor solo, 1 basse solo
  • 2 flûtes (aussi 1 flûte piccolo), 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 1 trompette, 1 trombone, 5 violons [dont 1 solo] , 5 violons II [dont 1 solo] , 5 altos [dont 1 solo] , 4 violoncelles [dont 1 solo] , 4 contrebasses [dont 1 solo]

Information sur la création

  • Date : 15 mai 1920
    Lieu :

    France, Paris


    Interprètes :

    les Ballets Russes, direction : Ernest Ansermet, décors et costumes : Picasso.

Observations

La réduction pour piano et voix est de Stravinsky.

Note de programme

Composé à Morges entre 1919 et le 20 avril 1920 ; création : 15 mai 1920, Paris, Ballets Russes, chorégraphie Massine, décors et costumes Picasso, direction Ernest Ansermet.

Entre le Le Sacre du Printemps et Pulcinella, Stravinsky n'a pas composé de ballet ; néanmoins, Le Rossignol, Renard, l'Histoire du Soldat et Noces révèlent à l'évidence qu'il n'a pas abandonné toute préoccupation scénique.

Entre 1917 et 1919, les Ballets Russes présentent avec succès Les Femmes de bonne humeur, ballet sur une musique de Scarlatti arrangée par Tomasini. Cette expérience incite Diaghilev à suggérer à Stravinsky un travail à peu près analogue sur la musique d'un compositeur qu'il affectionne tout particulièrement : Pergolèse (1710-1736). Diaghilev fournit à cet effet à Stravinsky un abondant matériel de copies de manuscrits provenant de bibliothèques italiennes et du British Museum. La tâche de Stravinsky sera de réunir « ces nombreux fragments et ces lambeaux d'œuvres inachevées à peine ébauchées », et d' « écrire un ballet sur un scénario déterminé avec des scènes de différents caractères qui se succèdent les unes aux autres ». L'argument choisi est tiré d'un recueil relatant les diverses aventures amoureuses de Pulcinella, le polichinelle sans bosse de la Commedia dell'arte. La perspective de ce travail séduit Stravinsky que « la musique napolitaine de Pergolèse a toujours charmé par son caractère populaire et son exotisme espagnol » ; et il accepte, non sans avoir au préalable hésité « devant la tâche délicate d'insuffler une vie nouvelle à des fragments épars et de construire un tout avec des morceaux détachés d'un musicien pour qui il a toujours ressenti une inclination et une tendresse particulières. »

Le résultat sera un ballet avec chant en un acte et huit scènes, pour trois chanteurs solistes et orchestre de chambre. Les sources principales retenues par Stravinsky sont deux opéras comiques, des sonates en trio et autres œuvres instrumentales. Stravinsky « recompose » les harmonies et instrumente ; dans l'esprit du XVIIIe siècle, il utilise un petit orchestre de 18 musiciens, où l'on trouve des bois, des cuivres et deux quintettes à cordes (l'un solo, l'autre ripieno) mais où l'on remarque l'absence des clarinettes et de la percussion. Chaque mouvement fait appel à une nouvelle combinaison instrumentale, Stravinsky utilisant beaucoup les instruments par groupes et ne faisant pas seulement concerter les deux quintettes.

L'intrigue est figurée par les danseurs et le trio de solistes doit, comme dans Renard se trouver dans la fosse, intégré à l'orchestre ; comme dans Renard et également dans Noces, les chanteurs ne sont pas identifiés à des personnages précis sur la scène ; cependant, les numéros chantés se rattachent à l'intrigue. Pour Stravinsky, Pulcinella est un spectacle rare « où tout se tient et où tous les éléments : sujet, musique, chorégraphie, ensemble décoratif forment un tout cohérent et homogène. »

Pulcinella marque un tournant dans l'œuvre de Stravinsky. Après la période influencée par le folklore russe, puis par le jazz, Stravinsky « découvre » la musique du passé. Plus tard, Rossini, Bach, Gesualdo prendront le pas sur Pergolèse. Pulcinella ouvre la voie à ses œuvres néoclassiques, sans toutefois que les compositions qui suivent soient influencées en particulier par la musique de Pergolèse ; par cette expérience, Stravinsky acquiert un regard nouveau sur la musique classique.

Pulcinella est le fruit d'un heureux mariage entre Pergolèse et Stravinsky, la musique portant indubitablement la griffe de ce dernier. On ne saurait mieux définir la réussite de la collaboration de Stravinsky avec son défunt confrère qu'en citant la phrase de Nicolas Nabokov : « Seul un "colonialiste" comme Stravinsky pouvait inventer à partir d'un « territoire » nommé Pergolèse, une œuvre aussi personnelle.»

En résumé l'histoire est la suivante : Pulcinella est poursuivi par l'amour des jeunes filles ce qui provoque la jalousie de leurs fiancés. Ceux-ci décident de le supprimer. Pulcinella qui a eu vent du complot, combine avec Furbo le simulacre de son propre assassinat, puis de sa résurrection devant la foule assemblée. Il se venge de ceux qui l'avaient rossé puis bénit leurs mariages en même temps que le sien.

Programme du Festival d'Automne à Paris, 1980