Commencé en 1976 et achevé en 1985, le cycle des Espaces acoustiques est constitué de six pièces instrumentales, allant de l'alto solo au grand orchestre. Elles peuvent s'enchaîner sans interruption, chacune d'elles élargissant le champ acoustique de la précédente. L'unité de ce cycle est réalisée par la similitude formelle des différentes pièces, et par deux points de repères acoustiques : le spectre d'harmoniques et la périodicité. Je résumerai ainsi le langage utilisé dans ces pièces : ne plus composer avec des notes, mais avec des sons ;
- ne plus composer seulement les sons, mais la différence qui les sépare (le degré de pré audibilité) ; agir sur ces différences, c'est-à-dire contrôler l'évolution (ou la non-évolution) du son et la vitesse de cette évolution ;
- tenir compte de la relativité de notre perception auditive ;
- appliquer au domaine instrumental les phénomènes expérimentés depuis longtemps dans les studios de musique électronique. Ces applications seront beaucoup plus radicales et perceptibles dans Partiels et dans Modulations ;
- rechercher une écriture synthétique dans laquelle les différents paramètres participent à l'élaboration d'un son unique. Exemple : l'agencement des hauteurs non tempérées crée de nouveaux timbres, de cet agencement naissent des durées, etc. La synthèse vise, d'une part, l'élaboration du son (matériau), d'autre part, les différentes relations existant entre mes sons (formes).
Gérard Grisey.