En entreprenant son Quatuor n° 4, écrit entre décembre 1996 et mai 1997, Pascal Dusapin s'inscrit indirectement dans l'idée d'un journal personnel dans lequel on trouvera moins la révélation d'une quelconque intimité que le témoignage parallèle d'événements divers et contemporains de la composition, comme ceux en particulier de politique internationale.
Comme les vingt-quatre pièces de Time zones qui constituaient déjà un parcours multiple, fait de rapprochements et d'éloignements, plus que d'une véritable chronologie, le Quatuor n° 4 est tout entier situé entre souvenir et prospection. La référence à Beckett, indiquée à la fin de la partition par la citation d'un court fragment de Murphy, évoque cet incessant « va-et-vient » dont le seul but est d'envisager les nombreuses manières de lire un matériau fondé sur des échelles.
Procédant à la fois par accumulations et par retours lui-même, le discours explore cette combinatoire au sens où celle-ci est « l'art ou la science d'épuiser le possible, par disjonctions incluses », ainsi que le formulait Deleuze — autre référence chère à Dusapin —, au sujet de Beckett.
De densifications progressives en ruptures, avec des lignes individuelles fortement polarisées se fondant en blocs harmoniques, le Quatuor n° 4 traverse de part et d'autre un même matériau, dans le cadre d'un seul mouvement à la fois éclaté en moments individuels et rassembleur de fragments.
Alain Poirier.