Les Lieder de Schubert ont donné lieu à de nombreuses transcriptions, de Schubert lui-même (Romanze), de Brahms, Reger, Listz, Offenbach ... jusqu'à aujourd'hui avec Johannes Schöllhorn, Hans Zender ... La plupart du temps ces adaptations mettent en jeu l'orchestre symphonique et transposent à leur manière ces lieder dans une atmosphère proche de celui de l'opéra.
J'ai à l'inverse, dans mon travail, plutôt joué avec la « délicate intimité » de la musique de Schubert en retrouvant une formation instrumentale bien « fétiche » dans mon parcours : le trio violon, violoncelle, accordéon , qui conjugue les expressions des deux instruments à cordes, « nobles » et chargés d'histoire et de répertoire, à celui plus désuet, populaire, d'un instrument « à vent », jouant aussi tiré-poussé : l'accordéon.
Curieuse coïncidence, l'accordéon fait au début du XIXe siècle ses premières entrées (le brevet de l'Akkordion, « qui fait des accords » – fut déposé à Vienne quelques mois après la mort de Schubert).
Ce nouvel environnement sonore, qui ne souhaite en rien trahir la pensée du compositeur, donne ici un éclairage bien particulier et tendre (sur ce qui est souvent réduit à un « accompagnement » de la ligne vocale), en restituant davantage les arcanes, les mystères et les nuances d'une partie, où le piano semble parfois bien lointain ou presque effacé.
Le choix des lieder s'est porté sur certaines œuvres de jeunesse, écrites à dix-sept ans, Gretchen am Spinnrade ou le célèbre Erlkönig, quelques lieder moins connus (Merres Stille, Frülhingssehnsucht), des « monodrames » dont le lied Junge Nonne. Aucun n'appartient aux trois cycles définis par Schubert. Le programme propose plutôt des pièces contrastées, de caractères et de styles bien différents, il se terminera par l'étonnant et généreux Taubenpost, lied écrit tout juste un mois avant la mort du compositeur.