<p>Ces nouveaux canons s’inscrivent dans un vaste cycle de onze pièces totalisant environ trois heures et demie, alternant des pièces pour piano moderne et des pièces pour ensembles d’effectifs variés, de huit à quarante-deux instruments.</p><p>La collection complète des canons pour piano sera achevée en 2010 et sera donnée intégralement par Nicolas Hodges la même année.</p><p>La technique du canon a toujours été auréolée dans le passé d’un curieux mélange de mystère, de respectabilité, de conservatisme ou de mélancolie. Ce qui reste en suspens et qui a permis à ce genre de parcourir à peu près toutes les époques passées, c’est la question de la dialectique de l’<em>écoute</em> et de la <em>technique</em>.</p><p>Je suis toujours frappé de la faible incidence du matériau (le sujet, le <em>cantus firmus</em>) et, <em>a contrario</em>, de l’écoute très particulière due non pas à la technique en soi, mais à son degré de présence : le deuxième <em>Agnus Dei</em> de la messe <em>L’Homme armé</em> de Pierre de la Rue est, à ce titre, un point culminant de ce sentiment de présence d’une technique surpassant la présence du sujet.</p><p>Fidèle à mon mauvais esprit, c’est en malmenant ce binôme que cette ancestrale technique continue de me préoccuper : il s’agirait alors, à travers l’écriture (une écriture que je maintiens dans ce cycle au rang de postulat), de techniciser l’écoute, ou, plus précisément, d’écrire techniquement l’écoute d’une technique.</p><p>Il s’agit plus simplement de comprendre, le plus concrètement possible et sans maquillages idéologiques complaisants, l’essence même du travail compositionnel (je parle ici de travail compositionnel comme Joseph Dietzgen parlait de travail intellectuel).</p><p><em>Brice Pauset, novembre 2004.</em><br /></p>